dimanche 12 mars 2017

Allen Ginsberg: Howl and the other poems et la Beat Generation

Adam Mira

·      Entrée :


«Contreculture : du latin contra, en opposition, contre et cultura, culture, agriculture.
La contreculture désigne un ensemble de manifestations culturelles, d'attitudes, de valeurs, de normes utilisées par un groupe, qui s'oppose à la culture dominante ou la rejette. Le terme a été créé en 1969 par le sociologue Theodore Roszak. Il s'applique à un phénomène structuré, visible, significatif et persistant dans le temps.
Dans les années 1970, le terme contreculture est utilisé pour qualifier les mouvements contestataires de la jeunesse à l'encontre de la domination culturelle de la bourgeoisie et du puritanisme sexuel :
- mouvements d'extrême gauche, maoïsme,
- révolution sexuelle,
- mouvement hippie.
La contreculture était alors représentée dans les médias par le journal Libération, les magazines Actuel, Novamag, les premières radios libres…
Exemples de mouvements pouvant être associés, selon les époques, à la contreculture :
- le féminisme,
- la musique contestataire,
- l'underground artistique,
- les arts de la rue,
- le dadaïsme,
- le surréalisme,
- le situationnisme.
Il n'est pas rare de voir les personnes les plus créatives ou certaines des composantes de la contreculture récupérées par la culture dominante et le système marchand. Ainsi apparaissent de nouveaux produits fabriqués industriellement issus de la contreculture comme les blue-jeans usés[1].»

·      Introduction :


Au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, un courant contre-culture et hippie émerge et prend de l’ampleur aux États-Unis, il déclare la guerre à la famille, à la société et à la religion. Les membres de cette mouvance utilisent dans leur révolte : la musique, la drogue, la liberté sexuelle et le bouddhisme comme une voie de paix et d’écriture.  
Dans ce cadre, plusieurs figures apparaissent comme les leaders de ce phénomène dont Allen Ginsberg, un personnage bien complexe: juif, gay, pacifiste, bouddhiste et poète. Un mélange décousu qui lui cause des soucis avec la police américaine.
A. Ginsberg reflète sa pensée à travers ses écritures, comme son recueil de poèmes Howl sur lequel notre étude se concentre. Cette poésie, avec d’autres, exprime le point de vue de Ginsberg à propos de plusieurs sujets préoccupants de cette époque concernant sa génération à travers un courant actif. C’est pourquoi je formule et ma problématique comme suit :
«L’écriture de Ginsberg dont Howl reflète la volonté de sa génération de s'émanciper de tous les tabous imposés par l’État-Père et par la société à travers certains éléments distincts.»


·      Développement :

Chaque mouvance utilise des outils afin de gagner son combat, de réaliser ses buts et ses desseins, c’est le cas du mouvement Beat Generation.  

·       Les racines de Beat Generation :


Durant la première moitié du XXème siècle, un courant émerge en Europe occidentale, c’est l’existentialisme qui présente deux approches : religieuse et athée.
Par ailleurs, Jean-Paul Sartre, le plus célèbre de cette philosophie, a écrit son ouvrage l’existentialisme est un humanisme en 1946 afin de défendre son idée à propos de ce phénomène : « Le courant philosophique ainsi que littéraire qui postule que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions[2]. » 
Dans son dernier article intitulé : Après moi, le Déluge paru en 1969, dans le journal Washington Post, Jack Kerouac évoque Sartre par la citation : « Qu’est-ce que c’est, l’existence ? »  
Ce courant européen trouve un écho aux États-Unis, un mouvement nommé la « Beat Generation » apparait afin d’amorcer sa révolte contre-culture à sa façon.  
Des écrivains, des artistes et des poètes de différentes atmosphères se rejoignent à cette mouvance, ce sont des personnes inspirées d’existentialisme et de leurs ancêtres de l’Amérique : les aventuriers, les vagabonds, les errants, les fugitifs, les religieux, les indépendantistes, les révolutionnaires et les audacieux, ce sont eux qui ont réalisé le rêve américain. Par conséquent, la nouvelle génération, la Beat Generation, fonde son monde en mélangeant entre l’histoire de leurs aïeuls et l’existentialisme, ils ont réussi à laisser leurs traces pour la génération à venir.  
Ce courant est constitué de personnages différents qui se concentrent sur l’entraide et la solidarité[3] et Jack Kerouac, une figure de Beat Generation, déclare à une revue : « ce sentiment de communauté vient en grande partie des personnages comme Ferlinghetti et Ginsberg; ils sont très portés sur le socialisme et veulent que tout le monde vive dans une sorte de kibboutz frénétique, la solidarité et tout le reste.[4]»    

·       Le thème Beat : 

Le thème BEAT existait-il avant l’émergence du courant Beat Generation? Jacqueline Starer prétend que les Noirs utilisèrent ce thème dans leur vocabulaire et ils l’introduisirent dans le langage avec la popularité du Jazz. On lit dans la dernière page de Really The Bkues: If I’d know I was being significant, instead of just hungry and beat, I sure would have changed my way[5].”
Cependant, le sens de Beat s’est élargi, il contient plusieurs sens tels que : épuisé, fauché, la personne qui n’a pas de quoi payer, etc. et Kerouac le prit par hasard, grâce à une rencontre avec un clochard. 

·       Être Beats:


Qui sont les Beats? Selon certains, Jack Kerouac a fabriqué ce terme Beat en 1948 pour qualifier des conventions sociales qui seraient périmées, éculées et finies. Et, selon lui, la Beat Generation faisait référence à la Lost Generation, cependant avec un esprit plus positif, les Beats sont des hommes qui ont reçu la lumière, ils sont « Beat », à la confluence de bon aloi entre les philosophies bouddhiste et catholique[6].
Une citation sur les écrivains du courant Beat Generation  récapitule leur comportement, leur vie de cette époque, ces personnes qui cherchent une nouvelle identité afin de créer un monde à son image, comme Dieu créa l’humain à son allégorie : « Les écrivains beats ont choisi l’errance et le bohémianisme, le rejet des conventions, la confrontation de leurs propres conflits avec ceux de leur pays; ils ont noté leur choix, scrupuleusement, mêlant si étroitement leur vie  à leur œuvre qu’elle en est elle-même la substance[7]

·      Les autres éléments de révolte :


La Beat Generation veut établir un monde différent culturellement et socialement afin d’instaurer des valeurs et des codes opposés à la société de l’époque. Les éléments sur lesquels repose cette révolte sont : la drogue, la musique, le bouddhisme, le sexe et un style d’écriture spontané et décousu comme le Cut-up. Par conséquent, un manifeste émerge à travers des écritures telles que Howl and Other Poems qui enracine la mouvance dans l’histoire moderne comme un courant contre-culture et surtout pacifiste.
La consommation de drogue LSD qui amène à une dimension psychique, la musique rock N’roll qui permet le défoulement et de dégager la souffrance par des cris et hurlements, le bouddhisme et la méditation transcendantale qui créent une atmosphère Zen, le sexe qui est une arme contre les tabous encrés dans la société. Tout ce mélange a besoin d’un style et d’une nouvelle forme d’écriture afin de refléter l’angoisse vécue par cette génération et de s’indigner contre la société matérialisée par le protestantisme et l’industrialisme qui ont implanté le capitalisme et l’impérialisme aux États-Unis.      
De plus, le Cut-up (découpage) est un style inventé par William S. Burroughs et l’artiste britano-canadien Brion Gysin, tous les deux ont écrit Œuvre croisé qui reflète cette forme « de recherche de déménagement de la continuité textuelle et narrative.[8] » dans d’autres termes, c’est une technique littéraire en dessein de créer un texte depuis d'autres fragments textuels de diverses origines.
Cependant, William S. Burroughs déclare que le Cut-up n’a aucun lien avec Beat Generation : « Je ne m’associe pas du tout (aux auteurs du mouvement Beat) et je ne l’ai jamais fait. Ni avec leurs buts, ni avec leur style littéraire. J’ai des amis personnels parmi le mouvement Beat : Jack Kerouac, Allen Ginsberg …[9] » malgré tout, ses écritures restent rattachées à la Beat Generation.
Bien que Burroughs nie sa relation avec la mouvance, chaque membre de Beat Generation écrit son œuvre à sa manière, avec un style particulier : Kerouac écrit son roman Sur la route et Allen Ginsberg publie ses recueils de poèmes, etc.    

·      Allen Ginsberg :


Le 3 juin 1926, Allen Ginsberg est né à Paterson, dans le New Jersey[10], aux États-Unis. Il est le fils de Louis (un émigré russe) et Naomi Ginsberg de confession juive. Les parents d’Allen sont membres de la contre-culture littéraire de New York des années 1920.                    Naomi soutient les communistes, elle souffre d’une maladie mentale et est morte en 1943 dans un centre psychiatrique. Sa mort bouleverse Allen, il prend sa plume et écrit Kaddish une longue poésie à sa mémoire.
En 1944, pendant ses études à l’Université Columbia, Allen fait la connaissance de Jack Kerouac et de William Burroughs, par conséquent, une amitié se consolide rapidement entre les trois et ils forment le Beat Generation. En 1956, Allen publie son recueil de poèmes Howl and Other Poems à travers lequel il se fait connaitre par le public, cependant le FBI l’interdit immédiatement pour « obscénité »[11].  
Après quoi, il erre avec ses amis de Beat Generation à la découverte des États-Unis, puis seul pendant des années, il visite le monde dont les pays comme l’Inde, le Maroc, la Chine, Cuba, la Russie, le Japon, etc. Son errance a pour but de découvrir le monde et de trouver un Guru[12].
Il a eu des soucis avec la police américaine, pour cause : sa position comme pacifiste contre la guerre au Vietnam, son orientation sexuelle et sa participation aux manifestations contre le gouvernement. Et, à lui seul est accordé le slogan : Power Flower qui signifie l’amour et la non-violence préconisée par les hippies.
Après avoir découvert son pays à travers un long voyage, il rédige son ouvrage : La Chute de l’Amérique.  Ce recueil de poèmes est une fois de plus, un hurlement, un cri de révolte afin de clamer le déclin des États-Unis et de l’Occident en général. Il le dédie à Walt Whitman (1819-1892), son poète préféré, et nous lisons : « c’est l’épanouissement, la reconnaissance et la prééminence de cette fervente camaraderie que je cherche afin de contrebalancer et de contrecarrer le matérialisme et la trivialité de notre démocratie américaine, et cela dans le but de la spiritualiser. [13]»   
Ginsberg continue à publier de nombreux recueils de poésie. En 1993, il reçoit la médaille du Chevalier des Arts et des Lettres du ministre français de la culture.  Et, le 5 avril 1997, à New York, il rend l’âme à la suite de complications de l'hépatite dont il était atteint.

·      Howl and other poems:  


Dans une Amérique des années soixante tout est possible, tout est politisé dont la culture. Un mouvement de révoltes pacifistes émerge afin de proclamer la nécessité de faire un changement radical contre les privilèges des nobles et des valeurs américaines telles que le patriotisme, l’impérialisme, l’égalité, le capitalisme, la compétition, l’ascension sociale, l’engagement civique, le respect de la famille et des institutions gouvernementales, l’adhésion aux repères sociaux, moraux et religieux et la nostalgie d’un héritage culturel américain remonte aux origines de la nation[14].  Par conséquent, un courant hostile à ces valeurs découlant de la classe moyenne, bien instruite et diplômée de l’université. Ce courant est contre-culture et contre la manière de vivre des américains.
Ce mouvement maintient son attaque contre l’État-père et il pratique un comportement totalement opposé car, il pense que le Rêve américain a viré au cauchemar. Tout ce qu’il souhaite est que la nouvelle Amérique soit une société moins matérialisée, moins capitaliste, moins impérialiste, plus humaine, plus égalitaire, plus solidaire et plus conciliante[15].
 Dans ce climat mitigé, Allen Ginsberg apparaît en apportant son recueil de poèmes Howl and other poems considéré par les critiques comme major dans la littérature américaine, le poète américain Paul Carroll juge ce recueil de poèmes « l'un des jalons de la génération ». Et Paul Zweig, un poète américain aussi, l’évalue qu'il « a presque totalement disloqué la poésie traditionaliste des années 50[16]».
Allen, une figure incontournable de Beat Generation, écrit son ouvrage avec un style brut, spontané et excessif. Ce poème en prose, est un manifeste de Beat Generation, il décrit les grandes lignes de ce courant contre-culture, il crie et hurle pour que tout le monde sache et sente la souffrance de sa génération et sa volonté d’émancipation de tous les tabous et valeurs imposés par la société et l’État-père.
Ce recueil de poèmes est une déclaration pacifiste contre tout ce que l’Amérique représente. 
Cette poésie est une ode à la vie, une narration et une histoire de la fondation de Beat Generation.
J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par
la folie, affamés hystériques nus,
Se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une
furieuse piqûre,
Initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne
avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne,
Qui pauvreté et haillons et œil creux et défoncés restèrent
débout en fumant dans l’obscurité surnaturelle
des chambres flottant par-dessus le sommet des villes
en contemplent du jazz.

Dans ce premier passage de Howl, A. Ginsberg chante la volonté de changement de sa génération en critiquant la société qui a détruit l’esprit des jeunes. Cette génération qui consomme la drogue, un des éléments de Beat Generation, afin de se détendre et de dégager sa colère et sa rage et pour arriver à communier avec les cieux. Bien qu’elle soit dans une posture précaire et se sente anéantie, elle continue à écouter la musique de Noirs qui est considérée comme diabolique et satanique de la part de certains clercs.     
Par ailleurs, A. Ginsberg glisse dans ces vers des mots pour indiquer la religion : l’Islam, le judaïsme et le bouddhisme, certains pensent que ce poème n’est qu’une ode au prophète Moïse.
Qui ont mis à nu leurs cerveaux aux Cieux sous le Métro
Aérien et vu des anges d’Islam titubant illuminés
 sur les toits des taudis,
……… blablateurs hurlent vomissant murmurant des faits des souvenirs
des anecdotes des orgasmes visuels et des traumatismes
des hôpitaux et de prisons et des guerres,
des intellects entiers dégorgés en mémoire intégrale pour sept
jours et sept nuits avec des yeux scintillants, viande
 pour la synagogue jeté sur le pavé,
qui disparurent dans le nulle-part Zen de new Jersey laissant
une trainée de cartes postales ambiguës d’Atlantic City
Hall,

Ginsberg maîtrise la langue anglaise, il jongle avec les mots, son habilité de passer d’un sujet à l’autre est remarquable. Il commence avec un vers et il ajoute d’autres avec un sujet différent pour retourner finalement à son sujet principal dans un passage consacré à un thème précis.
Il commence avec l’islam et ses anges, pour glisser un passage sur un bavard qui conteste la belligérance gouvernemental, les réminiscences du passé, les cliniques, la maladie, les geôles, etc. des thèmes qui préoccupent énormément sa génération. Ce cri est associé aussi à un acte ignoble contre un lieu du culte pour les Juifs. Cependant, ce hurlement s’évapore finalement par une méditation bouddhiste.                                                                                               
Ginsberg pratique pendant des années la méditation, il suit un Guru : « Maurice Frydman qui m’a dit cesse d’errer à la recherche de Gurus : Swami Shivananda[17] qui m’a dit « Le Guru est ton propre cœur. [18]»
Les hôpitaux, le judaïsme et le traumatisme sont trois mots liés avec sa mère qui souffrait d’une maladie psychique pendant longtemps. Elle est d’ailleurs morte dans un centre psychiatrique. En son honneur, il écrit une longue poésie à sa mémoire dans le recueil de Kaddish (liturgie juive).  


De retour à San Francisco un soir, Orlovsky dans ma chambre
-Whalen paisible dans une chaise- un télégramme d’Eugène,
Naomi morte-
Dehors, j’ai baissé la tête vers sous les buissons près du garage;
…………………….. 2 jours après j’ai reçu sa lettre-
Nouvelle Étrange Prophéties! Elle écrivait- « La clef est
dans la fenêtre, la clef est soleil à la fenêtre- J’ai la clé-
Marie-toi Allen, ne prends pas de drogues-la ckef dans les
Barreaux, au soleil, à la fenêtre.
Avec tout mon amour,
Ta mère.[19] 
La mère d’Allen fait partie intégrante et indissociable de son histoire, c’est un fait indéniable qu’il parle d’elle. Naomi était bien impliquée dans la politique et une partisante du communisme. Grâce à elle, il a grandi dans une atmosphère ouverte et prospère et grâce à son père, un professeur de langue, il a appris à maîtriser parfaitement la langue anglaise. Par ailleurs, la maladie de sa mère a rendu A. Ginsberg très attentif aux personnes qui souffrent de traumatisme et de nervosité.
qui flânèrent affamés et tout seuls dans Houston cherchant du
jazz, sexe, soupe, suivirent l’espagnole brillant pour converser
au sujet de l’Amérique et l’Éternité, tâche sans
espoir, et ainsi embarquèrent pour l’Afrique.
….. qui hurlèrent à genoux dans le métro et furent traîné du toit
en gitant parties génitales et manuscrits,
qui se laissèrent enculer par des saints motocyclistes et hurlèrent
de joie,
qui sucèrent et furent sucés par séraphins humains, les marins,
caresses d’amours atlantique e caraïbe,
qui baisèrent le matin et le soir dans le rosseries et sur le
 gazon des jardins publics et des cimetières répandant leur
semence à qui que ce soit, jouisse qui pourra,
que secouent des hoquets interminables en essayant de rigoler
mais qui se retrouvèrent en sanglots derrière la paroi
du bain turc quand l’ange nu et blond vint les percer
avec une épée,

Le sujet de la sexualité émerge plusieurs fois dans son poème, et son orientation sexuelle est présente à répétition dans sa poésie. Dans son poème Europe, Europe, Il insiste et met à nu une profonde souffrance sentimentale à cause de l’amour entre deux personnes de même sexe. Ainsi, nous y lisons :
Monde Monde Monde
assis dans ma chambre
j’imagine le futur
le soleil tombe sur Paris
je suis seul personne ne
possède l’amour parfait
l’homme  était fou l’amour de
l’homme est imparfait
je n’ai pas assez pleuré
mon cœur sera lourd
jusqu’à la mort[20]

Le sexe est un élément important dans le courant de Beat Generation qui appelle à ce que les jeunes le pratiquent et ait une expérience importante afin de communier avec le cosmos. Ainsi, toutes sortes de pratiques sont autorisées sans limites et sans distinctions. Par ailleurs, cette pratique du sexe partout et en tout temps est, selon ce courant, liée aussi à la présence d’un être céleste, une relation en parfaite harmonie entre ciel et terre.
Comme nous l’avons cité ci-dessus, en 1946, A. Ginsberg forme la Beat Generation, un groupe nomade, avec lequel, il va parcourir les États-Unis pendant des années en chemin de fer, en auto-stop, en mer et à pied[21]. L’errance est donc aussi un mode de vie important de la Beat Generation afin de découvrir le monde. Nous lisons dans Howl :
Qui errèrent et errèrent en tournant à minuit dans la cour du
chemin de fer en se demandant où aller, et s’en allèrent
sans laisser de cœurs brisés,
qui allumèrent des cigarettes dans des wagons à bestiaux wagons
à bestiaux wagons à bestiaux  cahotant à travers neige
vers des fermes désolées dans la nuit de grand-père.

A. Ginsberg vagabonde donc avec ses amis partout dans le pays, pas seulement pour déclarer sa démission de la société ou pour chercher une nouvelle aventure, au contraire, c’est un voyage à la découverte des États-Unis pour que ce groupe de jeunes soit capable de prendre des décisions claires à propos de sujets préoccupants. Lorsqu’il débute la mouvance contre-culture, et ce poème Howl qui est un fruit de cette errance. Ce recueil de poèmes sera le plus lu dans l’histoire moderne des États-Unis, plus d’un million d’exemplaires seront vendus.
Il continue son chant, son cri et son hurlement au côté de la musique rock N’roll, cette musique diabolique qui était condamnée pendant un certain temps par l’Église protestante.  Par ailleurs, cette musique est pour A. Ginsberg un fétiche pour lui et pour son groupe, c’est la suite des éléments de contre-culture pour que la mouvance réussisse.
Qui gribouillèrent toute la nuit dans un rock and roll par-dessus
des incantations éthérées qui dans le matin jaune devenait
Des strophes des charabias,

Ginsberg continue son épopée afin de défendre ses idées, crier ses mécontentements envers le gouvernement et la société, son recueil Howl reste gravé dans l’histoire moderne des États-Unis, cette poésie est le vrai manifeste de Beat Generation afin de poursuivre sa cause.

·      Conclusion :


Ginsberg a l’habilité de faire grandir l’esprit de Beat Generation pour qu’il ne reste pas figé dans le temps. D’ailleurs, il l’amène à protester contre la Guerre froide, contre l’engagement militaire au Vietnam, contre l’arme atomique et l’a orienté vers la méditation transcendantale et sur la voie pacifiste et humaniste.                          
Bien qu’il ait vécu longtemps après le départ de ses amis dans l’au-delà, il resta fidèle à ses convictions jusqu’au dernier souffle de sa vie.
L’héritage de Ginsberg et de ses amis reste une référence incontournable pour les générations d’aujourd’hui et futures afin d’apprendre et de continuer leur chemin pacifiste contre l’injustice, l’inégalité et surtout contre la guerre. Une mouvance dont nous avons vraiment besoin à notre époque malheureuse.    

·      Bibliographie :


1-     Jacques Darras, Allen Ginsberg la voix, le souffle, Éditions Jean-Michel Place. France, Paris. 2002.
2-     Allen Ginsberg, Allen Ginsberg, journaux indiens, Christian Bourgois éditeur, France, Paris 1977.
3-     Allen Ginsberg, La Chute de l’Amérique, maison d’édition Flammarion, France, Paris. 1979.
4-     Frédéric Robert avec la participation d’Armand Hage, Révolte et utopie, la contre-culture américaine dans les années 1960, Presse université de Rennes, France Rennes, 2011.
7-     Jack Kerouac, Beat Generation, Gallimard, France, Mayenne, 2012.
8-     Jacqueline Starer, Les écrivains de la Beat Generation, Édition d’écarts, France, Bretagne, 2011
9-     Clémentine Hougue, Le Cut-up de William S. Burroughs, Histoire d’une révolution du langage.2014.
10- Jack Kerouac, The Art of FictionXL1 the Paris Review #43 Summer 1968.



[3] Jacqueline Starer, Les écrivains de la Beat Generation, Édition d’écarts, France, Bretagne, 2011. P17-18.
[4] Jack Kerouac, The Art of FictionXL1 the Paris Review #43 Summer 1968. P102
[5] Jacqueline Starer, Les écrivains de la Beat Generation, Édition d’écarts, France, Bretagne, 2011. P20.
[6] Jack Kerouac, Beat Generation, Gallimard, France, Mayenne, 2012. P10.
[7] Jacqueline Starer, Les écrivains de la Beat Generation, Édition d’écarts, France, Bretagne, 2011. P7.
[8] Clémentine Hougue, Le Cut-up de William S. Burroughs, Histoire d’une révolution du langage. P15.
[9] Ibid. p8
[11] Allen Ginsberg, journaux indiens, Christian Bourgois éditeur, France, Paris 1977.
[12] Ibid. p9.
[13] Allen Ginsberg, La Chute de l’Amérique, maison d’édition Flammarion, France, Paris, 1979, p05.
[14] Frédéric Robert avec la participation d’Armand Hage, Révolte et utopie, la contre-culture américaine dans les années 1960, Presse université de Rennes, France Rennes, 2011. Page11
[15] Ibid. p13
[17] Maurice Frydman et Swami Shivananda sont la même personne, c’est un juif d’origine polonaise, ingénieur et humanitaire qui s’est installé en Inde les années 1930, puis se converti à l’hindouisme.
[18] Allen Ginsberg, Allen Ginsberg, journaux indiens, Christian Bourgois éditeur, France, Paris 1977. P9.
[19] Jacques Darras, Allen Ginsberg la voix, le souffle, Éditions Jean-Michel Place, France, Paris,2002. P75
[20] Ibid. p88.
[21] Ibid. p118