jeudi 19 avril 2018

LE PRINCE QUI VEUT CHANGER LE MOYEN-ORIENT





Le journaliste américain spécialiste du Moyen-Orient Thomas Friedman écrit : « Mohammed ben Salman, s’il réussit, ne changera pas seulement le caractère de l'Arabie saoudite, mais le ton et la teneur de l'Islam à travers le monde (Friedman, 2017). »

Par: Adam Mira


Réformateur modéré dans un royaume ultraconservateur, Mohammed ben Salman, MBS, est le prince le plus jeune jamais vu de l’histoire du royaume de la péninsule Arabique depuis sa création en 1932, un État basé sur une alliance, voire un pacte entre la politique et le wahhâbisme.

Mohamed Ben Salman, né en 1985, a 33 ans et a étudié le droit en Arabie saoudite. Il est parmi les princes qui ne parlent pas bien l’anglais. Depuis son arrivée sur la scène politique saoudienne, il mène des offensives sur plusieurs fronts : sur la scène intérieure, régionale et internationale. Dans son pays, il donne à la femme saoudienne un nouvel élan afin d’avoir une place à côté des hommes dans une société ultraconservatrice. Il autorise le cinéma et le théâtre, incarcère des princes et des dignitaires corrompus et donne à l’Islam un visage modéré.

Le jeune prince veut brûler toutes les étapes afin d’acquérir ses lettres de noblesse et devenir l’homme fort du pays : qui est, il faut le rappeler, le premier producteur mondial de pétrole avec 10 millions de barils par jour et le leader de plus d’un milliard de musulmans dispersés dans les quatre coins du monde.

L’arrivée du jeune prince héritier, Mohamed Ben Salman (MBS), au pouvoir en Arabie saoudite en 2017 change le visage du pays. En effet, il réforme son pays économiquement, socialement, politiquement et religieusement. En d’autres mots, il mène un printemps saoudien à sa manière qui provient du haut de la pyramide. Il est en train de changer le visage du Moyen-Orient et en même temps il terrorise ses adversaires et intensifie sa légitimité comme l’homme du moment.

Tout cela, nous amène à formuler notre problématique que le changement en Arabie saoudite est le premier pas afin de refonder le royaume à l’ère moderne. Cela nous amène à poser la question pour laquelle nous allons répondre :

La réussite de MBS dans ces démarches pourrait-elle éradiquer les extrémistes dans son pays, prêcher l’Islam modéré, mettre fin à la marginalisation des femmes saoudiennes, donner à la culture et à l’art sa place dans la société, détruire la corruption du pays et instaurer que personne n’est au- dessus de la loi ?

Si j’ai choisi ce sujet, c’est parce que l’Arabie saoudite est un pays majeur au Moyen-Orient, le leader incontournable sur la scène régionale et internationale. Et, l’arrivée de la nouvelle génération au trône pourrait influencer la politique mondiale ainsi que sa diplomatie issue de l’ancienne école basée sur les coulisses. Cette dernière a d’ailleurs totalement changé, elle est devenue agressive et critique publiquement ses adversaires de l’intérieur autant que ceux de l’extérieur. Le changement mené par le jeune prince est à l’image de la péninsule Arabique et du Moyen-Orient pour les prochaines décennies. Tous ces facteurs m’encouragent à aborder ce sujet compliqué et bien délicat.     

La genèse du Royaume


Le royaume a été créé par une alliance entre Mohamed ben Saoud et Mohamed Ben Abdelwahhab. Le premier est un politicien et guerrier qui a donné son nom au royaume, l’autre est un religieux ultraorthodoxe qui a associé son patronyme à une nouvelle tendance de l’Islam : le Wahhabisme. L’Arabie saoudite est une monarchie sunnite absolue, sa Constitution est le Coran, le livre saint des musulmans, et ses tribunaux sont sous la loi de la Shari’a.  Le royaume, berceau de l’Islam, possède deux pouvoirs : l’un religieux grâce aux deux villes saintes : La Mecque qui contient la Kaaba, où tous les musulmans pratiquants se tournent pour faire leurs prières quotidiennes, et Médine comprenant la tombe de Mahomet, le prophète de l’Islam. La monarchie est le représentant spirituel des pays musulmans sunnites. L’autre pouvoir est économique, le pays est le premier producteur de pétrole dans le monde.

Malgré l’interprétation rigoureuse de l’Islam selon le wahhabisme, la société civile a vécu une vie moderne jusqu’en 1979, une date incontournable où émerge un mouvement extrémiste qui accuse le clan Al-Saoud d’apostasie, d’avoir falsifié l’Islam et prêché la vie occidentale. Les sympathisants de ce mouvement ont occupé le sanctuaire saint de La Mecque pendant deux semaines avant d’en être chassé après une longue offensive de l’armée saoudienne épaulée par la force spéciale française. Les extrémistes sont alors arrêtés et exécutés. Toutefois, cet évènement a éclipsé la vie en Arabie saoudite où les conservateurs ont gagné du terrain et imposé le suivi à la lettre de toutes les règles de l’Islam les plus fondamentales. Le pays tombe alors rapidement dans l’obscurité où personne n’est capable de protester contre ces fondamentaux.  

Pour se renforcer après cette crise, il fit ce que tant d’autres régimes du monde musulman ont fait : parer aux critiques par un surcroît de religion, afin d’en tirer une légitimité supplémentaire. Dirigé par Ibn Baz, le Conseil suprême des oulémas donna raison au régime saoudien et condamna les insurgés, mais obtenant en échange une série de mesures contre la libéralisation qui s’était amorcée en Arabie saoudite (Mayer, 2008).




Par ailleurs, l’arrivée du printemps arabe en 2011 change le jeu politique et pousse les régimes autoritaires à réformer leur régime. C’est le cas de l’Arabie saoudite, un royaume se trouvant obligé de consolider son front intérieur pour être capable d’affronter les obstacles régionaux qui tôt ou tard se mettent au travers du pays.

Al-Saoud se retrouve alors seul, il presse le pas afin d’organiser sa politique intérieure et d’entreprendre la lutte contre les potentiels ennemis internes pour qu’il puisse être capable d’affronter les ennemis externes.  C’est le moment de mettre à la tête du pays un roi qui sera pointilleux, qui travaillera pendant de longues heures et qui saura prendre des décisions rapidement pour mettre sur pieds le royaume.

C’est aussi le bon moment d’empêcher les vieux princes d’accéder au pouvoir et de nommer la nouvelle génération d’Al-Saoud aux postes clés.

Changement de rituels 


Le fondateur de l’Arabie saoudite a laissé, à sa mort en 1953, un testament, un texte unique dans le monde où l’héritier est son fils et qui sera suivi par son frère. Un héritage horizontal suivi par tous les rois qui sont montés sur le trône saoudien en respectant la volonté de leur père, jusqu’à l’arrivée du roi Salman qui a changé cette règle. Il a écarté deux princes héritiers : le prince Moukrine ben Abdelaziz en 2015 et Mohamed ben Nayef le 10 juin 2017 afin de désigner son fils Mohamed Ben Salman comme prince héritier. C’est un coup de théâtre de changer le testament du fondateur et l’héritage devient pour la première fois à la verticale : de père en fils, nonobstant, le décret de la désignation insiste sur un point que le futur roi n’a pas le droit de nommer son fils, cela dit que ce sera le retour à la volonté du fondateur.

Par décret royal, le souverain a remplacé hier son neveu Mohammad ben Nayef, 57 ans, par son fils Mohammad ben Salmane, âgé de 31 ans, au titre de prince héritier. Un geste qui vient rompre radicalement avec la tradition du royaume. MBS et MBN, comme les surnomment la presse et les chancelleries, ont tous deux, en l'espace d'un an, cherché à consolider leur influence au sein du royaume (Hayek, 2017).




Dans une entrevue téléphonique avec la journaliste du journal francophone La Presse, Michèle Ouimet insiste que le jeune prince a volé le pouvoir de son oncle.                      « Ce n’est pas lui qui doit être le prince héritier, mais son oncle Mohamed Ben Nayef. »

D’ailleurs, les médias internationaux traitent cette nomination de coup d’état royal, un geste qui changera le visage du royaume.

Un coup d'État royal a eu lieu mercredi 21 juin 2017 en Arabie saoudite avec la décision du roi Salman Ben Abdelaziz Al-Saoud de désigner son fils Mohammed Ben Salman au rang de prince héritier (Huffpostmaghreb 2017).



Le roi Salman (83ans) veut consolider le pouvoir de son fils MBS avant sa mort, car s’il laisse l’héritage à ses frères Moukrine et Nayef comme prévu, le nouveau roi serait contre la nomination de MBS. Pour cette raison, il a écarté tous les obstacles devant son fils bien aimé et a légiféré et promulgué des lois en 2017 qui sont entrées en vigueur en 2018, des décrets qui changent graduellement le visage du royaume et met fin à l’orthodoxie wahhabite. Ces démarches courageuses dans la politique interne sont très sollicitées par la nouvelle génération saoudienne éduquée à l’occidentale et qui accepte avoir une liberté limitée par la pratique de l’Islam. Par conséquent, le futur roi possède le soutien inconditionnel des jeunes saoudiens qui comptent pour plus de 50 pour cent du peuple. D’ailleurs, il sera le premier roi qui jouit de cet appui pour continuer à changer le visage du royaume conservateur.  Faute de quoi, MBS sent profondément le manque de légitimité pour laquelle son père se réjouit, alors, il passe tous les décrets délicats par son père légitime afin d’être capable de gouverner après le décès de son protecteur sans beaucoup d’hostilité de la part des religieux et de certains princes, notamment les vieux. Et, pour cette raison, son discours est toujours adressé aux jeunes en leur offrant l’occasion idéale de réaliser leurs rêves de travailler et de participer à la vie politique. Bien sûr, selon les critères de MBS : royaume absolu avec une constitution qui est le Coran et la Shari’a.

·        Quelques définitions :


Il est capital de définir certains termes afin d’éclairer les approches de ce sujet.

·      L’Islam : Une religion monothéiste, purement arabe, naquit avec la première révélation du Coran dans la péninsule Arabique (l’Arabie saoudite actuelle) au VIIème siècle. L’Islam a été fondé par le prophète Mohamed ben Abdellah, connu en Occident sous le nom de Mahomet.

·         Le Coran : signifie la lecture des écritures, est le livre saint des Musulmans. C’est la parole d’Allah que le prophète Mahomet reçut ayat par ayat, c'est-à-dire verset par verset, à travers l’ange Gabriel pendant 23ans, entre 610 et 632 de notre ère couvrant deux périodes : à La Mecque et à Médine. Le Prophète reçut le dernier verset quelques semaines avant sa mort.

·         La Shari’a : est la loi divine Islamique, s’inspirant législativement du Coran. Les maîtres et les Ulémas (savant religieux) du droit musulman.

·         Le Wahhabisme : c’est l’intérepretations rigoureuse de l’Islam, fondé au XVIIIe siècle par Mohammed ben Abdelwahhab dans l'Arabie centrale. Ce dernier récupère à son compte la vieille doctrine de IXe siècle de l’Imam Ahmed Ibn Hanbal, dans le but de ramener l'Islam sunnite à la forme qu'il avait été chez les héritiers du Prophète (cosmovisions 2004).

·      Le conflit entre sunnites et chiites : Immédiatement après la mort de Mahomet en 632, les Musulmans sont divisés en deux branches : les sunnites et les chiites.  Les premiers désignent un compagnon du Prophète comme héritier, par contre les deuxièmes insistent que l’héritage doit être légué à Ali Ben Abi Taleb le gendre et le cousin de Mahomet. Ils prétendent que l’imam, l’héritier, doit sortir de la maison de Mahomet : Al-Elbeit. Les sunnites sont majoritaires, 85 pour cent des musulmans dans le monde et 15 pour cent sont des chiites. Le conflit entre les deux branches continue jusqu’à ce jour, cristallisé entre l’Arabie saoudite (sunnite) et l’Iran (chiite). 

Une majorité de musulmans soutiennent Abou Bakr, qui devient le premier calife. Depuis, les sunnites ont toujours été majoritaires. Ils représentent aujourd’hui environ 85 % des musulmans du monde. Les seuls pays à majorité chiite sont l’Iran, l’Irak, l’Azerbaïdjan et Bahreïn, mais d’importantes minorités existent au Pakistan, en Inde, au Yémen, en Afghanistan, en Arabie saoudite et au Liban (Vaudano 2014).



·                    Wilaya el-Faqih : wilaya signifie la « tutelle », et Faqih traduit l’idée de juriste-théologien. Ce thème est un principe théologique, il confère aux religieux la primauté sur le pouvoir politique. Le Faqih est le guide suprême. 

Le choc


   Dans un pays où un simple ordre d’arrestation vient du roi ou de son héritier est exécuté immédiatement par les différents instruments policiers et sans avoir besoin d’un mandat d’arrêt. MBS est nommé par le roi comme le président de la Commission anticorruption saoudienne. Il ordonne le 5 novembre 2017 l’arrestation de centaines de princes, des hommes d’affaires et des responsables politiques.

La purge opérée sous l’ordre du prince héritier a pour but de récupérer environ cent milliard de dollars. Les personnes arrêtées auraient payé des pots de vin pour faire passer leurs affaires. Certains noms ont été dévoilés par les médias et ont été confirmés par les autorités à Ryad, dont le nom de l’homme le plus riche dans le monde arabe, le prince Al-Walid Ben Talal, et un autre, le fils d’un ex-roi, l’ancien chef de la Garde nationale saoudienne Miteb Ben Abdullah.

Les dossiers de collusion incriminant les arrêtés sont anciens, ils ont causé des morts et des calamités au cœur de la société saoudienne, comme l’inondation de Djeddah en 2006. La communauté politique saoudienne a l’habitude de ne pas protester et d’attendre les processus royaux. Beaucoup de Saoudiens sont étonnés, voire offusqués par cette purge. Toutefois, ils sont heureux de voir pour la première fois dans l’histoire du royaume, un prince qui vient d’arrêter ses cousins en les accusant d’être corrompus. Une nouvelle ère vient de frapper l’Arabie saoudite qui est à la recherche d’un sauveur.

Avec ces arrestations, « le royaume ouvre une nouvelle ère et une politique de transparence, de clarté et de responsabilité », a déclaré le ministre des finances Mohammed Aljadaan, ajoutant que ces actions « décisives préserveront le climat pour les investissements et renforceront la confiance dans l’État de droit ». Le conseil des religieux a soutenu ce coup de filet, insistant sur le fait que la lutte contre la corruption était « aussi importante que le combat contre le terrorisme (Lemonde 2017).



Ostensiblement, la purification menée par la police a pour cause la corruption. Cependant, le vrai prétexte est de terroriser les princes, l’opposition religieuse ou politique afin de ne pas protester contre le pouvoir de MBS et ses ambitions de réorganiser, à sa manière, la politique interne et les pactes entre les tribus ainsi que de prêcher un Islam moderne. Pour finalement transformer le royaume ultraorthodoxe à une monarchie moderne et prospère.

    Contrôlant les principaux leviers du gouvernement, de la défense à l’économie, le prince héritier Mohammed Ben Salman semble chercher à étouffer les contestations internes avant tout transfert formel du pouvoir par son père (Lemonde 2017).



Malgré cette purge, le 4 janvier 2018, onze princes font une manifestation, ils demandent le retour de leurs prérogatives coupées par MBS. Leur arrestation est rapidement faite, et le gouvernement à Ryad confirme dans un communiqué leur prise et leur mise en prison. Il est clair que le prince n’a pas l’intention de tolérer un seul geste contre son pouvoir et il fera emprisonner qui que ce soit afin d’atteindre ses objectifs. 

[...]Des princes avaient été arrêtés après s’être rassemblés près d’un palais historique de Riyad, le Qasr Al-Hokm. » et « Ils se mobilisaient contre une décision du gouvernement de cesser de payer les factures d’eau et d’électricité des membres de la famille royale et seront jugés pour troubles à l’ordre public selon le procureur général Saud Al-Mojeb (Lemonde 2018).

Les démarches de changement dans la politique interne continuent, la société saoudienne attend les nouveaux ordres du jeune prince. La politique de la carotte et du bâton fonctionne à merveille auprès de MBS.

·        Décrets historiques : 


Le 25 septembre 2017, un décret royal autorise les femmes saoudiennes à conduire à partir du mois de juin 2018, un communiqué ministériel conseille le gouvernement de mettre les mesures appropriées afin d’exécuter le souhait du Souverain. Cette annonce a fait rapidement le tour du monde, les dames saoudiennes sont les dernières de la planète à obtenir ce droit.

Le roi Salmane a ordonné « de permettre de délivrer des permis indifféremment aux hommes et aux femmes », indique le décret publié mardi soir par l’agence officielle SPA. La mesure doit entrer en vigueur à partir de juin 2018 dans ce royaume ultraconservateur du Golfe (journaldemontreal 2017).



La communauté internationale encourage le roi à prendre plus de mesures pour les libérer, le monde entier est enchanté par ce décret, sauf les hommes religieux qui prêchent sans arrêt que les femmes qui conduisent peuvent perdre leur virginité. Dans les pays musulmans, la relation sexuelle avant le mariage est interdite, les femmes doivent être vierges avant leur mariage et elles offrent à leurs maris leur virginité.

Cependant, les femmes refusent d’accepter cette fatwa, une opinion religieuse, elles se préparent déjà à obtenir leurs permis de conduire au plus tôt.

La décision du royaume a été saluée par le département d’État américain, qui a qualifié de « signe très positif » et de « pas dans la bonne direction » l’autorisation faite aux femmes de conduire. « Nous sommes très heureux », a dit la porte-parole de la diplomatie américaine Heather Nauert devant la presse à Washington (radio-canada.ca 2017).



Malgré les obstacles et les refus de certains hommes religieux, la réforme du royaume continue, un nouveau décret concernant les femmes aussi les autorise à assister aux matchs dans les stades. Les autorités saoudiennes réservent en l’occurrence une place pour les femmes qui ont l’intention de supporter leur équipe nationale. D’ailleurs, dans un pays où les activités de toutes sortes sont limitées, les femmes autant que les hommes cherchent à participer à n’importe quel événement.

L’émancipation des femmes saoudiennes va causer un virage au changement radical, car ces dernières vont avoir le droit de travailler, de se marier sans avoir l’autorisation d’un homme, de voyager seules sans être escortées par un homme et en plus, elles vont gagner leur vie sans demander la permission de l’homme.

D’ailleurs, ces gestes stimulent l’économie saoudienne, des centaines de millions de dollars vont être économisés grâce aux femmes qui conduisent, car elles n’auront plus besoin d’un chauffeur. Sans oublier, les achats de voitures, la création d’une police composée de femme, etc., les femmes qui représentent la moitié de la société vont avoir leur place et vont participer autant que les hommes dans la prospérité de leur pays.   
  

·        Vision 2030 :


En 2016, le prince héritier occupe le poste de ministre de la Défense, un siège clé et prestigieux. Il étonne les saoudiens avec un projet nommé : Vision 2030.

Un plan titanesque dans le but de réformer l’économie saoudienne et de diversifier les ressources par des investissements massifs dans de nombreux secteurs, pour que le pétrole devienne en 2030 un revenu mineur dans le budget saoudien. C’est le début de la monté de MBS au pouvoir pour finalement se débarrasser de deux princes qui lui barrent le chemin et devenir le nouveau futur souverain.

Le discours mené par Mohamed ben Salman ébranle la société saoudienne, celle-ci qui habituellement n’entend qu’un plaidoyer de vieux et des discours de bois. Le jeune prince parle aux jeunes saoudiens, en insistant que leur avenir sera éblouissant. Ils pourront servir leur patrie et construire un pays puissant et prospère. D’ailleurs, le gouvernement saoudien a consacré un site Web spécialement pour expliquer et faire la promotion de la Vision 2030. En effet, nous pouvons lire :

[...]Notre véritable richesse réside dans l'ambition de notre peuple et le potentiel de notre jeune génération. Ils sont la fierté de notre nation et les architectes de notre avenir. Nous n'oublierons jamais comment, dans des circonstances plus dures qu'aujourd'hui, notre nation a été forgée par la détermination collective lorsque le défunt roi Abdulaziz Al-Saoud - qu'Allah bénisse son âme - a uni le Royaume. Nos gens vont à nouveau émerveiller le monde (Arabie saoudite 2016).



La Vision 2030 est une réforme économique où l’Arabie saoudite veut investir dans la communication, la nouvelle technologie, l’achat d’actions dans les grandes compagnies internationales, etc., cependant, le coup magique c’est l’annonce de MBS d’ouvrir la compagnie nationale saoudienne d'hydrocarbures ARAMCO ( Saudi Arabian Oil Company) aux actionnaires, le royaume veut vendre 5 pour cent du capitale de cette entreprise et entrer en bourse, c’est un pas sollicité par les grandes puissances économiques mondiales. D’ailleurs, le président des États-Unis Donald Trump et Akihito, l’empereur du Japon, l’ont vivement encouragé.

En outre, le prince héritier annonce la construction d’une ville industrielle au coût de 500 milliards de dollars et pour cette raison MBS s’est rendu à Seattle et a rendu visite aux présidents de grandes compagnies américaines dont Mark Zuckerberg avec qui il a eu une longue discussion pour participer à la fondation de cette cité. « Le projet NEOM se fixe pour objectif de remplacer la rente pétrolière par une rente plus libérale, mais il y a toujours cette idée de rente. »  (Kalaydjian 2017)

L’ambition de MBS continue, il est pressé de réaliser ses projets dans un laps de temps le plus court possible, et pour cette raison, il a ouvert plusieurs fronts dont il peut perdre certains en court de route. Quoique sur la scène intérieure, il gagne graduellement, car il ne laisse pas assez de temps à ses adversaires de respirer, choc après choc, ses antagonistes n’ont pas le temps de se réunir et d’organiser leur offensive. Le prince continue son combat en laissant derrière lui des poussières qui aveuglent ses opposants dont les religieux extrémistes qui perdent leur pouvoir jour après jour.  
  

·         Cinéma et art :



Le gouvernement saoudien presse le pas afin de profiter du budget généreux de plus de 50 milliards de dollars consacré à construire des cinémas, des théâtres et des espaces culturels. MBS ouvre le royaume à l’Art occidental afin d’épargner à son peuple des déplacements au Bahreïn, le royaume d’à côté, afin de regarder un film ou une pièce de théâtre. Le budget doit être dépensé dans les prochaines années et plusieurs villes saoudiennes vont avoir des monuments culturels.

Et oui, c'est le nouveau vent de liberté qui est en train de souffler sur Ryad - les autorités l'ont annoncé jeudi -, les Saoudiens vont enfin se divertir ! Le jeune prince héritier trentenaire, Mohammed ben Salmane, met le paquet : l'équivalent de 52 milliards d'euros vont être confiés à l'Autorité générale du divertissement (le ministère de la culture local) afin de construire des cinémas, des salles de concert, un opéra... Cet ambitieux plan culturel s'étendra sur une dizaine d'années, le secteur privé devrait également mettre la main au portefeuille (Chatreau 2018).

  

La nouvelle vie culturelle opère une mutation majeure dans la société saoudienne, notamment chez les jeunes et les saoudiens qui ont étudié en Occident. C’est le moment de vivre leur vie à leur manière, cependant sans abus et sans trop s’éloigner de la vie traditionnelle saoudienne. Il est important de rappeler qu’un saoudien dépend et dépendra toujours de la tribu à laquelle il appartient. Par ailleurs, l’Autorité saoudienne interdit la danse dans l’espace publique et sollicite les jeunes gens à respecter les ordres gouvernementaux.  De plus, nous pouvons lire sur les billets vendus pour un concert :      « Interdit de danser ou de se trémousser (Lapresse 2018). »

La décision d’ouvrir les frontières devant la culture arabe et occidentale stimule l’économie saoudienne et les milliards dépensés auparavant à l’extérieur du pays peuvent maintenant servir à offrir des emplois et faire face au chômage.

À l'heure actuelle, les Saoudiens dépensent des milliards de dollars chaque année pour aller voir des films et visiter des parcs de loisirs dans des centres touristiques voisins comme Dubaï (Lapresse 2018). 

En effet, pendant que MBS est en train de surprendre son peuple par ces différents décrets, il commence une nouvelle attaque sur le plan international contre l’ennemi juré de son pays : l’Iran chiite.

Éliminer les obstacles 


Mohamed ben Salman élimine graduellement les obstacles internes qui pourraient gêner son pouvoir après le décès de son père, tous les conflits internes sont en train de disparaitre, notamment après la libération de princes détenus dont le prince Al-Walid ben Talal et l’ancien chef de la Garde nationale saoudienne Miteb Ben Abdullah qui ont déclaré, après leur libération, leur fidélité au prince héritier. Cependant, certains prédicateurs célèbres restent en prison, car ils refusent de donner leur consentement à la mutation menée par le jeune prince. Néanmoins, la réussite de MBS dans les prochains mois pourra cristalliser son pouvoir et convaincre les opposants de changer leur opinion et de se positionner à son côté.

Les enjeux


   Le jeune prince essaie d’asseoir son pouvoir le plutôt possible avant le départ de son père. Cependant, les deux prédicateurs célèbres en Arabie saoudite : Salman al-Ouda et Awad al-Qarni, arrêtés et incarcérés depuis le mois de septembre 2017, restent en prison, même leurs familles ne peuvent leur rendre visite. Ces deux hommes religieux sont perçus comme critiques à l’égard des dirigeants du royaume. Il est probable qu’ils perdent leur vie en prison, si leur posture reste contre les démarches exécutées par MBS.  Dans un royaume absolu dirigé par un pacte entre religion et politique, les hommes religieux possèdent un pouvoir vaste qui pourrait nuire au pouvoir politique. Toutefois, MBS fait une promesse de prêcher un Islam modéré, c’est-à-dire de mettre fin à tous les prédicateurs qui prêchent le Jihad et l’Islam politique. Bien que l’institution religieuse saoudienne et les grands Cheikhs et Oulémas, savant religieux, soutiennent le prince dans ses démarches, néanmoins il reste quelques religieux qui manifestent leur mécontentement. Il est clair que ces personnages ne verront plus le soleil. Par contre, la famille Al-Saoud se plie devant l’ambition de MBS et les princes contrariés ne manifestent plus d’hostilité, ils savent très bien quel sera leur sort s’ils critiquent le Souverain. Les enjeux internes restent donc faibles devant les menaces externes venant de l’Iran chiite et des voisins comme le Qatar, qui est devenu une épine dans le Conseil de coopération des pays du Golfe (CCG) et il menace l’extension politique saoudienne au Moyen-Orient par son alliance avec l’Iran. Et, pour cette raison, MBS cristallise ses relations avec les États-Unis pour bien réussir aussi bien à l’intérieur du pays comme à l’extérieur.

Conclusion


Mohamed ben Salman a gagné son pari à l’interne par le soutien de la jeune génération saoudienne, de l’institution religieuse et d’une bonne proportion de la famille Al-Saoud. Cependant, il reste l’opposition saoudienne libérale vivant à l’extérieur qui prêche le rétablissement d’un royaume constitutionnel, la liberté d’expression, des élections libres et la libération des détenus politiques et d’opinion qui risquent de perdre leur vie à cause de leur position hostile. Mais, MBS déclare et signe qu’il n’y a que la mort qui l’empêchera de réaliser ses rêves de construire un pays fort.

En parallèle, quoique le front interne reste plus ou moins solide, le futur Souverain utilise tout ce qu’il possède afin d’empêcher l’Iran de réaliser son rêve, de posséder une arme nucléaire, de continuer à étendre le Croissant chiite (Irak, Syrie, Liban) et de déstabiliser le Yémen. Cependant, la clé pour mettre fin à cette ambition Iranienne débute    par remporter une victoire au Yémen, puis au Liban contre les milices iraniennes, impliquer Israël dans une guerre au Liban contre le Hizboallah et la victoire sur les deux fronts (Yémen et Liban). Cette situation pourra avoir un impact et une influence majeure en Iran, ce qui encouragera les jeunes gens à se révolter et à renverser le régime théocratique de Wilaya el-Faqih. Ce qui aura pour conséquence de mettre fin à l’hostilité entre chiite et sunnite (dont se vantait l’Iran depuis la création de Wilaya el-Faqih), notamment avec l’aide de l’opposition iranienne laïque bien forte en Europe et aux États-Unis. 

Par ailleurs, Mohamed ben Salman intensifie sa relation avec les États-Unis pour construire sa ville intelligente et faire un seul front contre l’Iran qui, selon lui, est la base de tout malheur dans le Moyen-Orient. Il faut avouer qu’il a gagné son pari avec l’Administration de Trump qui prétend annuler l’Accord nucléaire signé à l’époque de l’ex-président américain Barak Obama. Et, le nouveau changement de noms mené au cœur de l’Administration américaine illustre la réussite du jeune prince.

Pour finir, les guerres du futur Souverain se poursuivront sur plusieurs fronts, tous les signes démontrent qu’il est en train de gagner, néanmoins, de nouveaux facteurs peuvent émerger à l’avenir ce qui pourrait changer le jeu de l’échiquier.


Adam Mira




jeudi 12 avril 2018

Devrions-nous changer le mode de scrutin au Canada?


Le premier ministre canadien Justin Trudeau promet pendant sa compagne électorale de réformer le mode de scrutin canadien. Après avoir été élu, il a engagé en 2016 des parlementaires afin d’exécuter sa promesse de réformer le mode électoral (Barnes, Lithwick et Virgint 2016, 1). Le comité choisi s’est concentré sur certains modes de scrutins pratiqués dans les pays démocrates tels que : le vote préférentiel, la représentation proportionnelle, le vote obligatoire et le vote en ligne (Barnes, Lithwick et Virgint 2016,1). Cependant, par la suite, le chef du gouvernement a abandonné sa promesse. Une question qui se pose : Devrions-nous changer le mode de scrutin au Canada? Et, pourquoi ?
Selon moi, bien que le mode de scrutin canadien, le Système majoritaire uninominal à un tour (MUT), soit imparfait, il est préférable que le système reste tel quel, c’est-à-dire le statu quo et je justifierai ma réponse en comparaison avec d’autres modes de scrutin.
Par: Adam Mira

D’abord, pour justifier mon choix de statu quo, je vais définir trois modes de scrutin : le Système majoritaire uninominal à un tour (MUT), la Représentation proportionnelle (RP) et le Vote préférentiel (VP). Le mode MUT est pratiqué au Canada depuis sa fondation en 1867 et pour expliquer simplement ce mode, le candidat gagnant doit avoir la pluralité des votes, c’est-à-dire, c’est celui qui ramasse la majorité des voix qui sera élu (Barnes, Lithwick et Virgint 2016,4).  En effet, le système MUT possède des points positifs tels que : avoir un gouvernement majoritaire qui mène à la stabilité du pays, des processus faciles à suivre pour l’électeur et le résultat sera dépouillé rapidement (Barnes, Lithwick et Virgint 2016,2).  Quant aux points négatifs, il y a : la perte de voix, la disproportion entre les votes et les sièges et met en avant les formations régionales. Cela dit, les partis concentrés dans les provinces amassent les votes en marginalisant les partis qui ont des soutiens dispersés (Barnes, Lithwick et Virgint 2016,2). Cependant, c’est pour ces points forts que je choisis le statu quo, car cela permet la stabilité du pays avec un gouvernement majoritaire qui reflète les valeurs, les coutumes et les us de la société canadienne, en plus, il empêche les partis extrémistes d’accéder à l’Assemblée nationale.

Par contre, dans le système RP, qui se pratique dans certains pays démocrates tels qu’Israël et l’Italie, en toute simplicité, l’électeur vote pour une formation politique ou pour plusieurs candidats, ce mode de scrutin permet de faire concorder les voix avec les siège. Ainsi, les pourcentages concordent avec le nombre de sièges à l’Assemblée législative. Par ailleurs, le mode RP représente la diversité de la société (Barnes, Lithwick et Virgint 2016,6). Cependant, le vote de la Représentation proportionnelle est compliqué et il est difficile de former un gouvernement majoritaire. D’ailleurs, le résultat électoral débouche souvent sur un gouvernement de coalition dont il est difficile d’y trouver une stabilité, sans oublier qu’il donne aussi une chance aux partis extrémistes d’être élus (Barnes, Lithwick et Virgint 2016,9). C’est à cause de ces points négatifs, de l’instabilité gouvernementale, de la complicité du vote et de la voie ouverte aux partis extrémistes que j’ai choisi le mode de scrutin canadien. D’ailleurs, en Israël des partis extrémistes sont au pouvoir et vont être majoritaires dans les prochaines années, le pays va être instable à cause de ces formations politiques.

Concernant le VP qui est le synonyme de vote transférable utilisé dans certains pays comme l’Australie, ce système donne à l’électeur le pouvoir de choisir son représentant en le mettant en ordre de préférence sur la liste de vote, et s’il n’y a pas de voix suffisantes pour élire un candidat, celui qui a le moins de voix sera éliminé et ses voix seront accordées aux autres candidats (Barnes, Lithwick et Virgint 2016,5). Ce processus continue pour finalement avoir la majorité et élire un candidat. Les avantages de ce genre de mode est qu’il peut déboucher sur un gouvernement majoritaire et stable, avoir un lien étroit entre l’électeur et son représentant (Barnes, Lithwick et Virgint 2016,6). Cependant, ce mode de scrutin entraine des gaspillages de voix, une disproportionnalité entre les voix et les votes et il est très couteux d’avoir deux tours pour choisir un représentant. Il est clair qu’il y a des points communs entre le MUT et VP, cependant, ce dernier est très couteux et il est facile à perdre des votants qui n’iront pas voter pour le deuxième tour. Par conséquent, j’ai choisi que l’on garde le mode de MUT qui est moins couteux et a un seul tour, en plus d’assurer une stabilité au pays, ce qui est, à mon sens, impératif et fondamental.

Il est important de signaler que le mode de scrutin pratiqué dans les pays démocrates a pour but de former un gouvernement qui exécute la volonté de la majorité de la population, sous la bannière d’une formation politique qui reflète les mœurs et les us de la société (Loriot 2016, 1). Cependant, la distorsion, c’est-à-dire le déséquilibre entre les votes et les sièges, est le point critiqué par les détracteurs concernant le Système majoritaire uninominal à un tour (Bureau 2015,1). D’ailleurs, les politologues préfèrent que chaque voix compte dans les élections, c’est-à-dire qu’ils prônent le mode de Représentation proportionnelle (RP) afin de refléter d’une manière plus juste les différentes formations politiques et d’avoir des représentants à la Chambre de commune (Bureau 2015,1). Toutefois, le MUT reste le meilleur mode de scrutin pour maintenir un pays stable.
Pour finir, il est clair que certaines communautés, telles que les minorités visibles,  les femmes, la communauté LGTB et les Autochtones sont moins présentées à la Chambre   des communes. Néanmoins, selon moi, je préfère que la réforme touche le Sénat, autrement dit, le Premier ministre nomme des sénateurs qui représentent les différentes communautés et notre système majoritaire uninominal à un tour reste tel quel. Cependant, à l’avenir, le gouvernement pourrait modifier certaines caractéristiques de ce mode avec l’augmentation de la population, surtout pour barrer le chemin devant les formations extrémistes qui empoisonnent notre société.                   A.M