mercredi 27 décembre 2017

Alliance perpétuelle


Le Testament hébraïque comprend des histoires qui racontent le lien entre le Tout-Puissant et l’homme, celui-ci qui reçoit, puis transfert des ordres et des promesses et des alliances divines à ses descendants, sa lignée qui doit prendre le flambeau et rester fidèles à ce rapport particulier avec Iahvé. 
Par: Adam Mira

Les alliances entre Iahvé et certains prophètes, tels que Noé et Abraham, est une sorte de mise en abyme. L’accord entre chacun de deux Messagers possède un sens particulier et dissemblance qui nous aide en effet d’interpréter l’histoire humaine.
Lorsque Iahvé découvert que la terre est devenue corrompue par l’homme et son cœur, qui est le siège de la pensé et du sentiment, n’ayant engendré que le mal, Il décide de se débarrasser de ces créatures. 
« Iahvé vit que la malice de l’homme sur la terre était grande et que tout l’objet des pensées de son cœur n’était toujours que le mal, Iahvé se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre et s’irrita en son cœur. » VI-5-6.
La décision de Iahvé a été prise, Il veut effacer et éradiquer l’homme de la terre, pour que ne se blâme point.
Iahvé dit : « Je supprimerai de la surface du sol les hommes que j’ai créés, depuis l’homme jusqu’aux bestiaux, jusqu’aux reptiles et jusqu’aux oiseaux des cieux, car je me repens de ka voire faits. » VI-7
Cependant, Iahvé trouve que sa décision n’est pas vraiment juste, donc Il change d’avis en accordant à Noé, une personne intégrée et sublime, sa grâce.  Lorsque Iahvé choisit Noé comme le sauveur de l’homme, Il lui avoue son intention de détruire toute chair sur terre remplie de violence. Par conséquent, Iahvé donne l’ordre à Noé de construire une arche de dimensions précises, pour finalement détruire toute chaire en qui se trouve un souffle de vie sous les cieux par un Déluge.  Après cet aveu, le Tout-Puissant fait une alliance avec l’individu gracié et choisi pour que la terre reste toujours peuplée par les descendants de l’homme.

« Voici que, moi, j’amène le Déluge, les eaux sur la terre, pour détruire toute chair en qui se trouve un souffle de vie sous les cieux, tout ce qui est sur la terre expirera. Mais j’établirai mon alliance avec toi, tu entreras dans l’arche, toi, tes fils, ta femme et les -femmes de tes fils avec toi. De tous les animaux, de toute chair, tu en traduiras deux de chaque espèce dans l’arche pour les garder en vie avec toi : ils seront mâles et femelles. » VI-17-18-19.
Cette alliance entre le Créateur et sa créature faite la première fois de l’histoire humaine, ce rapport reste entre les deux valide: d’une part, par les descendants de Noé, la lignée de prophète qui doit tenir ce rapport et son devoir de remplir la terre.  Par conséquent, l’alliance se réalisera après le Déluge.

« Sors de l’arche, toi et ta femme, tes fils et les femmes de tes fils avec toi…Qu’ils foisonnent sur la terre, qu’ils fructifient et se multiplient sur la terre. » VIII 16-17.
Et d’autre part, par Iahvé lui-même, Il précise son rapport avec l’homme créé à son image et laisse un signe qui est l’arc-en-ciel dans le nuage afin qu’Il se souvienne de cette association. Et le Tout-Puissant insiste sur un point qu’aucune chair sur terre ne sera retranchée par les eaux.  Il accorde aussi à l’homme de manger la viande, car avant le Déluge l’homme était végétarien.
« Élohim parla à Noé et à ses fils avec lui, en disant : Voici que, moi, j’établis mon alliance avec vous et avec votre race après vous, …, d’entre tous ceux qui sortent de l’arche et font partie des animaux de la terre. J’établirai don mon alliance avec vous pour que toute chair ne soit plus retranchée par les eaux du Déluge et qu’il n’y ait plus de Déluge pour détruire la terre. » IX-18-11, ajout-il, Élohim dit : « Ceci est le signe de l’alliance que je mets entre moi et vous et tout animal vivant qui est avec vous, pour les générations à jamais. Je mets mon arc dans un nuage et deviendra signe d’alliance entre moi et la terre. Il arrivera donc que, lorsque je ferai paraître un nuage sur la terre et que dans le nuage l’arc sera aperçu, je me souviendrai de mon alliance qui existe entre moi et vous, …, pour qu’il n’y ait plus eaux pour un Déluge pour détruire toute chair. L’arc sera dans le nuage et je le verrai pour me souvenir de l’alliance perpétuelle entre Élohim et tout animal vivant en toute chair qui est sur la terre. » IX.12-16, finalement Élohim s’adresse à Noé et dit : « Ceci est le signe de l’alliance que j’ai établie entre moi et toute chair sur la terre. » IX.17.
Après le Déluge, Iahvé comprend qu’il est impossible de se débarrasser du mal qui est l’objet du cœur de l’homme, cependant, Il tient son alliance avec Noé et ses descendants et l’Arc est le signe de cet accord.
La question qui se pose : est-ce que Iahvé s’est blâmé d’avoir fait une table rase sur la terre et de tisser une nouvelle relation avec l’homme? La suite de l’histoire de l’homme répondra à cette question.

     La deuxième alliance entre Iahvé et l’homme est avec Abraham qui devient Abraham. Dans une situation bien différente de celle de Noé, Iahvé achève son accord avec l’homme choisi.
En ce jour-là, Iahvé conclut une alliance avec Abram, en disant : « À ta race j’ai donné ce pays depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au Grand Fleuve, le fleuve Euphrate … » XV.18-21
Le Patriarche reçoit Dieu à l’âge avancé, un homme riche, honnête, marié sans enfants et exilé loin de sa ville natale qu’il a quittée à la demande de Iahvé. Il ne sait rien quoi faire, mais il possède la foi avec celui qu’Il guidait. Iahvé achève avec Abrham une nouvelle alliance, ou plutôt, Il répète son alliance (lisez ci-dessus XV.18-21).
Comme Abram était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, Iahvé apparut à Abram et lui dit : « Je suis El-Shaddï! Marche en ma présence et sois parfait! Je vais mettre mon alliance entre moi et toi e te multiplierai beaucoup, beaucoup. » Abram tomba sur sa face et Élohim parla avec lui en disant : « Voici que mon alliance est avec toi et tu viendras père d’une multitude de nations, on t’appellera plus du nom Abram, mais ton nom sera Abrham, car je tendrai père d’une multitude de nations. Je te ferai fructifier beaucoup, beaucoup; je te ferai devenir des nations, des rois sortiront de toi. J’établirai mon alliance entre moi et toi, et ta race après toi, suivant les générations pour une alliance perpétuelle, afin que je devienne Dieu pour toi et pour ta race après toi. Je te donnerai, pour toi et pour ta race après toi, le pays de tes pérégrinations, tout le pays de Canaan, en propriété perpétuelle, et je deviendrai Dieu pour ceux de ta race. » XVII.1-8
 Iahvé continue parlait à Abrham afin de conclure son alliance et d’ordonner au prophète de renforcer ce rapport. Car chaque alliance doit avoir un signe, et ce signe de cette nouvelle alliance est la circoncision, c’est-à-dire l’ablation du prépuce, rite d’initiation à la vie sexuelle pratiqué chez la plupart des peuples sémitiques. Cependant, la circoncision reçoit par la Bible possède une signification religieuse et en effet une marque d’appartenance aux descendants d’Abraham. Même cet acte reste dû conclure tous les mâles qui veulent entrer dans la communauté et cette alliance reste éternelle, cela dit que la lignée d’Abraham l’exécute et l’exécutera.   
Élohim dit à Abraham : « Tu garderas mon alliance, toi et ta race après, suivant les générations. Voici mon alliance que vous garderez entre moi et vous, et ta race après toi : tout mâle d’entre vous sera circoncis quant à la chair de votre prépuce et cela deviendra le signe de l’alliance entre moi et vous, …, Ainsi mon alliance dans votre chair deviendra alliance perpétuelle. »
En effet, Iahvé fait deux alliances, l’une avec Noé qui s’achève avant le Déluge et se réalisera après la sortie de l’arche, la situation est bien particulière, c’est une table rase où le Tout-Puissant s’est débarrassé de l’homme qui a corrompu la terre, mais Iahvé comprend après le Déluge que le cœur de l’homme reste la source du mal, cela dit que le mal restera éternel, toutefois, Dieu ne réitérera plus le Déluge, Il ne tue aucun être avec les eaux. Noé qui devient dans ce moment-là, un nouvel Adam, un nouveau père de l’humanité, son devoir est de peupler la terre avec ses descendants et Dieu grade cette alliance par l’arc, l’écharpe d’Iris!
Par contre, Abraham est une personne choisie pour qu’elle soit la parole de Dieu sur terre. Et l’alliance entre Iahvé et lui concerne une tribu, cela dit que le Tout-Puissant a choisi un peuple élu, la peuplade d’Abraham.

Donc, l’alliance entre Iahvé et Noé concerne l’humanité, par contre l’alliance entre Iahvé et Abraham est liée avec un peuple qui doit exécuter la volonté de Dieu éternellement. La lignée de patriarche qui doit tenir l’alliance à travers la circoncision, par contre, Dieu se souvient de l’alliance avec Noé à travers son arc se trouvant dans le nuage, cependant, les deux alliances possèdent un point commun, la lignée de Noé et d’Abraham a le devoir d’exécuter la volonté de Dieu, la lignée de Noé ne mourra jamais par le Déluge, et la lignée d’Abraham exécute la circoncision éternellement.
                 D’ailleurs, la mise en abyme désigne un enchâssement, d'un récit dans un autre récit, d’une scène dans une autre scène, d’un tableau dans un autre tableau. Dans le monde monothéisme, il est clair que l’interprétation de ce rapport entre Dieu et l’homme, ce sera compréhensible et donne des justifications à des actes dans le roulement de l’histoire humaine, cependant, dans un autre monde, tel que le polythéisme, peut-être cette interprétation reste-t-il absurde.  
          Pour finir, dans le monde de Bible, l’homme reçoit l’histoire, son rôle est de suivre l’ordre de Dieu qui lui accorde certains privilèges, cela dit un rôle secondaire dans le roulement de l’histoire humaine. L’Éternel apparait et fait ses alliances avec l’homme, qui est à ses yeux, l’être le plus digne à sa confiance ou plutôt son représentant sur terre, cependant, la lignée qui Dieu s’intéresse, les descendants des prophètes qui vont exécuter l’alliance faite entre Iahvé et leurs aïeuls.  A.M


mercredi 20 décembre 2017

La mise en scène de la vie quotidienne

La vie est un théâtre dans lequel chacun d’entre nous joue un rôle. Sur la scène quotidienne chaque personne interprète sa vie en se cachant derrière un masque soigneusement choisi. Le but de ce déguisement est de convaincre l’entourage, la maison, le travail, etc., du bien fondé de ses opinions.
Par: Adam Mira
Le philosophe George Santayana écrit dans, Soliloquies in England and Later soliloquies, « Les masques sont des expressions figées et d’admirables échos du sentiment, à la fois fidèles, discrets, et plus vrais que nature. Les choses vivantes en contact avec l’air doivent avoir un épiderme, et on ne saurait reprocher à l’épiderme de n’être pas le cœur. Pourtant certains philosophes semblent en vouloir aux images de n’être point les choses et aux mots de n’être point les pensées. Mots et images ressemblent à des coquilles; ils ne font pas moins partie de la nature que les substances qu’ils recouvrent, mais ils parlent mieux à l’œil et s’ouvrent davantage à l’observation. Je ne veux pas dire que la substance n’existe que pour l’apparence, ou les visages, que pour les masques ou les poissons, que pour la poésie et la vertu. Rien ne se produit pour autre chose dans la nature; le cycle de la vie englobe également tous ces moments et tous ses effets[1]»

La vie quotidienne est une mise en scène qui représente : nos sentiments, nos comportements, nos habitudes, nos idées, nos pensées, notre colère, notre malveillance, notre bienveillance, etc., toutes ces perceptions font partie de nos vies habituelles et de notre système monotone. D’ailleurs, la mise en scène joue un rôle primordial afin d’éclairer la signification du texte et d’influencer la compréhension de l’œuvre[2].
Les textes littéraires nous décrivent les différentes conceptions à travers des scènes qui représentent : une idée, un acte vaillant ou lâche, un sentiment, un plaisir, un caprice ou une envie afin de finalement nous aider à comprendre le sort de vie. Cependant, l’explication de chaque acte de rédaction mis sur la scène peut avoir maintes interprétations pour éclairer ce qu’elle dissimule entre les lignes.    


J’ai choisi de défendre cette problématique à travers trois textes étudiés : La vie de Lazarillo de Tormès, La vie est un songe et finalement Œdipe roi. Les deux premières rédactions sont exigées par le maître du cours, cependant, j’ai opté pour Œdipe roi en tant que troisième texte, car il contient des scènes qui s’adaptent à ma problématique ou a priori met la lumière sur certaines interprétations projetées sur la scène.
·         La vie est un songe : connaissance, humain et liberté
La pièce de théâtre La vie est un songe a été écrite en 1635 par Calderón, poète et dramaturge espagnol, qui raconte le dilemme omniprésent dans la vie : le jeu et le songe, l’illusion et la réalité.
Sigismond, le personnage principal de cette pièce, fait une sorte de plaidoyer où il pose des questions et veut connaître les réponses.  Bien qu’il soit emprisonné depuis très longtemps, il possède assez de connaissances. Par ailleurs, il s’interroge sur la vie et le malheur qui vient avec la naissance, il pense que d’être mis à la vie est un crime. La liaison entre la vie et le crime nous guide au Livre de Job de l’Ancien Testament ou le Testament Abrahamique qui fait le lien, en quelque sorte, entre la vie et le problème du Mal, ce dernier terme explique les caractéristiques contradictoires de Dieu : la force et la bonté.  Un discours qui provient d’une personne qui possède assez d’intelligence et de savoir, pour qu’elle puisse poser ce genre de questions bien délicates dont il est difficile d’avoir des réponses claires et suffisantes.
Quoiqu’il passe la majorité de sa vie dans une tour construite pour être sa prison, son père lui accorde tout de même l’éducation et le savoir. Ce privilège est très important pour un prince qui fait partie du premier rang de la société. En effet, il a beau eu suffisamment de connaissances, il n’arrive pas à résoudre l’énigme d’être prisonnier, sans expérience et sans avoir la logique nécessaire et suffisante pour interpréter sa situation compliquée. Il possède la théorie, mais pas la pratique, tout ce qu’il sait vient de son mentor et des livres lus dans son isolement forcé. Faute d’expériences, il est perdu.
«Je voudrais seulement savoir, pour en finir avec mes tourmentes- en laissant de côté, ô cieux, le crime d’être né-, en quoi j’ai pu vous offenser davantage, pour être châtié. Les autres ne sont-ils pas nés? Et du moment qu’ils sont nés, quels privilèges ont-ils reçu dont moi je n’ai jamais joui?»       

Sigismond s’interroge aussi à la place de l’humain dans la nature, même il mit en scène une comparaison entre l’humain et l’animal, ce dernier qui naît libre fait ce qu’il veut : il vole, il nage, il court sans aucun souci ou contrainte par rapport à l’homme qui est né avec un crime. Le prince-prisonnier fait sa comparaison en se basant sur ses connaissances théoriques, il ne trouve finalement que l’animal afin de le comparer à l’homme. A-t-il raison de faire ce jugement, cette interprétation? Il est clair qu’il possède une seule vérité, sa vision personnelle de l’univers. De ce fait, chacun a sa vérité, son optique face au monde où il vit.  La liberté qui est la base de la vie, celle-ci serait sans goût ni saveur si l’être en est privé. Sigismond arrive à interpréter cette scène grâce au savoir reçu, une connaissance qui lui a ouvert les yeux vers cette vérité que la liberté est la base de la vie. 
« L’oiseau naît et, à peine la parure qui lui donne une beauté suprême fait-elle de lui une fleur de plume ou un bouquet pourvu d’ailes, que, refusant de s’attendrir sur le nid qu’il laisse à l’Abandon, il fend d’un vol véloce les espaces éthérés. Et moi qui n’ai plus d’âme, j’ai moins de liberté ? Le fauve naît et, à peine son pelage où se dessinent des taches splendides fait-il de lui une constellation d’étoiles (grâce au savant pinceau), que, violent et cruel, il apprend de l’humaine nécessitée à être sanguinaire, semant la terreur dans son labyrinthe. Et moi dont l’instant est meilleur, j’ai moins de liberté? »

Le prince-prisonnier ne cesse de crier et de réclamer la position de l’humain dans la nature en faisant référence à des métaphores, afin de s’interroger sur sa situation, en insistant sur son manque de liberté et son isolement depuis longtemps. Ces cris restent sans écho, car il reste éloigné de son but d’être libre, mais il parle aussi de son éducation, de sa relation avec la nature et de son maître qui était capable pendant de longues années de capter son attention et de lui donner la connaissance nécessaire pour comprendre la vie.                 
Il reste une personne bien instruite, mais sans aucune expérience, sa relation avec les animaux est plus proche que celle avec l’humain, d’autant plus que son maître reste son seul et unique contact humain.  
« … au milieu de malheurs si accablants, j’ai étudié la vie en société, enseigné par les bêtes, instruit par les oiseaux, et que j’aie mesuré les orbes des astres souriants, toi seul pourtant, oui toi, tu as retenu le déchaînement de ma fureur, fasciné mes yeux et captivé mon oreille. »

L’auteur projette sur la scène la connaissance et la position de l’humain dans la nature. L’humain qui est susceptible de s’adapter à toutes les conditions de vie et même d’avoir la force d’apprendre grâce aux animaux certaines connaissances qui sont capitales afin de comprendre la vie, la société, la loi, le pouvoir, etc., cependant, sans avoir la pratique et l’expérience personnelle à côté de la théorie, la connaissance théorique reste handicapée.


·         La vie de Lazarillo de Tormès : la faiblesse de l’humain
L’ouvrage La vie de Lazarillo de Tormès a été écrit en 1554, c’est un roman picaresque, espagnol, dont l'auteur est inconnu. Souvent, La vie de Lazarillo de Tormès est considéré comme le premier roman picaresque et fondateur de la littérature espagnole avec, sans doute, Don Quichotte.
Le protagoniste de ce roman Lazarillo est un petit garçon qui naît au début du XVIe siècle et erre de maître en maître, dessinant à travers son expérience un portrait de la société espagnole de cette époque-là, ainsi qu'un portrait des vanités et des faiblesses humaines. Le personnage principal est un picaro qui quitte sa famille afin de monter l’échelon social et continuer sa voie. C’est une figure marginalisée de la société espagnole, lancée sur la scène par l’auteur afin de raconter le parcours de cet humain dans la société. Une mise en scène de la vie quotidienne d’un picaro qui cherche par tous les moyens de survivre et de sortir de sa situation misérable. Bien que Lazarillo, le personnage principal, soit à la recherche de quoi manger tout au long du roman, l’intelligence de l’auteur est de mettre en scène le manque constant de nourriture.
« Or, comme nécessité fait loi, m’en voyant toujours si pressé, nuit et jour je ne faisais que penser aux moyens que je pouvais avoir de garder en vie, et pour trouver ces pauvres expédients, m’est avis que la faim m’éclairait, car on dit qu’elle aiguise l’esprit, à l’inverse de ventre plein, j’en fis bien sur moi l’expérience. »

Le maître avec qui Lazarillo a vécu sa première histoire est un aveugle, il l’aide à apprendre comment se débrouiller dans la vie et à être capable de continuer son chemin sans souci ou obstacle. Bien qu’il soit aveugle, il a l’intelligence de bien expliquer comment réussir dans la vie. La cécité est une figure importante dans les textes littéraires incluant notre texte en question qui montre que l’aveugle n’est pas celui qui perd la vue, mais au contraire celui qui a un cœur fermé, un esprit qui ne voit pas et reste clos devant l’instinct de Dieu.
« Apprends, nigaud, qu’un garçon d’aveugle doit en savoir plus long que le démon. Et ce bon tour le fit bien rire. Il me semble qu’à cet instant je m’éveillai de l’innocence où, comme un enfant, je dormais encore. Je me dis en moi-même : « LE bon homme a raison; désormais, il me faut ouvrir l’œil et le bon, car je suis seul, et voir comment je peux me débrouiller. » Nous nous mîmes en route et en quelques jours à peine il m’enseigne l’argot du métier. Voyant que j’avais l’esprit vif, il s’en réjouissait fort et il disait : - Sache que moi je ne puis te donner ni or ni argent; mais de bons conseils pour t’apprendre à vivre, je t’en donnerai d’abandon. »
    
En effet, celui qui veut avoir une vie éblouissante et grimper les échelons de la société et laisser derrière lui le manque de nourriture et la pauvreté, il lui est nécessaire d’avoir la connaissance, le savoir, l’intelligence et l’esprit ouvert et vif. Lazarillo veut finalement sortir d’une vie faite de manque et décide de quitter l’aveugle qui a découvert son coup monté pour voler sa nourriture. Ce maître a le don de prophétie et de lire le futur bien qu’il ne voie pas. Cependant, le garçon a appris suffisamment afin de commencer une nouvelle vie et d’ouvrir un nouveau chapitre avec un autre patron.
« … Mais le pronostic de l’Aveugle ne fut point erroné et, depuis, j’ai souvent pensé à cet homme, qui, assurément, devait avoir tours que je lui jouai-quoique j’en ai payé le prix-, quand je considère que ce qu’il me dit ce jour-là se vérifia bel et bien, ainsi que vous ne manquerez pas, Monsieur, de l’apprendre. » 

Finalement, après plusieurs expériences avec différents maîtres, Lazarillo réussit dans sa vie et arrive à sortir du manque. Il grimpe les échelons de la société, mais il tombe sur une autre histoire.  Néanmoins, l’expérience de Lazarillo avec l’aveugle nous guide à aborder le sujet de la vue dans le troisième texte d’Œdipe roi. La métaphore, la vue est très présente dans la littérature, l’auteur d’Œdipe roi projette sur la scène l’allégorie, la vue comme un aspect d’apparence et de compréhension. D’ailleurs, la signification du thème de la vue utilisé dans Œdipe Roi joue un rôle décisif dans la compréhension de ce texte littéraire et peut révéler plusieurs acceptions afin de finalement saisir le dessein de l’auteur de se servir de ce thème dans sa rédaction. La vue dépend en général de la lumière (le jour) et la cécité de l’obscurité (la nuit), l’apparence en tant qu’un aspect extérieur et la substance comme une allure intérieure. Dans ce cas, une question se pose : l’apparence dépend-elle des yeux ou du cœur?

·         Œdipe roi : lumière et obscurité   
 Une discussion de rapprochement sur la scène entre Tirésias, le sage aveugle, et
Œdipe. Tirésias pense qu’Œdipe roi l’accuse d’être aveugle qui ne voit rien, le premier répond à cette accusation que le deuxième voit avec ses yeux, cependant il ne voit pas la misère qui le frappe.
« Tirésias : ... Tu me reproches d’être aveugle; mais toi, toi qui y vois, comment ne vois-tu pas à quel point de misère tu te trouves à cette heure? Et sous quel toit tu vis, en compagnie de qui?... Il y voyait : de ce jour il sera aveugle… »

D’ailleurs, la perte de vue de Tirésias n’est pas venue avec sa naissance, au contraire, il a perdu la vue à cause de ces rencontres avec les dieux. Selon la mythologie grecque, il y a plusieurs versions. Comment Tirésias a-t-il perdu la vue ? Selon l’une de ces versions, Zeus en rage contre Tirésias, qui a pris le côté d’Héra, le condamne à la cécité :  « …condamna les yeux de son juge à des ténèbres éternelles.[3]»
Selon la mythologie hellénique, la perte de vue est liée à l’obscurité. Toutefois, cette liaison parle de l’apparence et de l’allure, c’est-à-dire que l’interprétation de cette citation ci-dessus explique que le personnage qui devient aveugle est condamné à l’obscurité éternellement, il n’arrive plus à distinguer quoique ce soit !
Le sage Tirésias sait très bien ce qu’est la perte de la vue, il essaie d’expliquer à Œdipe roi que l’apparence n’est pas liée à la vue. Dans la discussion entre les deux hommes, nous distinguons deux niveaux de compréhension : un niveau, celui de Tirésias, l’aveugle, qui voit et l’autre niveau est celui d’Œdipe roi le voyant qui ne voit pas ou plutôt qui refuse de voir. C’est-à-dire, il est impossible de comprendre la parole de Tirésias, à cause de différents degrés d’interprétations de la vue, par conséquent, le dialogue entre le sage et Œdipe roi se noircit, voire devient plus vulgaire.
Œdipe roi accuse Tirésias de stupidité bien qu’il soit le contraire pour les géniteurs du roi. Dans ce cas, il est presque difficile de mettre la lumière sur un aspect pour un homme qui ne voit que l’apparence du sujet, sans être capable de mettre sur scène la vraie interprétation de la métaphore, la vue.
« Œdipe : pouvais-je donc savoir que tu ne dirais que sottises? J’aurais pris sans cela mon temps pour te demander jusqu’ici.
Tirésias : Je t’apparais donc sous l’aspect d’un sot? Pourquoi étais-je un sage aux yeux de tes parents? »
Le roi cherche ce qu’il veut concrètement, il ne voit pas plus loin que son nez, il n’arrive pas à résoudre l’énigme des paroles de Tirésias, il ne lit pas, ni entre les lignes ni la métaphore des mots. Il est aveuglé par sa recherche de trouver l’homme qui serait susceptible de répondre à ses préoccupations. Cependant, le sage Tirésias insiste et essaie encore une fois de mettre la lumière sur la situation accablante devant le roi, mais en vain.
« Tirésias : … on le croit un étranger, un étranger fixé dans le pays : il se révélera un Thébain authentique-et ce n’est pas cette aventure qui lui procurera grand-joie. Il y voyait; de ce jour il sera aveugle; … »
Bien que Tirésias ait essayé d’expliquer au roi la situation et de le pousser à chercher la vérité plus loin, Œdipe roi saisit finalement la vérité. À un moment donné, il comprend ce qu’il a fait à ses parents, il comprend l’atrocité de ses actes. Par conséquent, il commence à voir, pourtant, il ne voit qu’une seule solution afin d’être purifié de ce qu’il avait fait. Il se crève les yeux et à ce moment-là, il saisit la vérité, il comprend que l’aveugle Tirésias voit et lui qui est devenu aveugle voit aussi, le rôle s’inverse.
Œdipe roi qui voyait ne comprenait pas sa situation et lorsqu’il perd la vue, il comprend tout. La combinaison de la vue change.
Les choses que le roi voit maintenant se trouvent dans une optique différente de celle qu’il voyait avec ses yeux comme tout le monde. Il devient comme le sage aveugle Tirésias qui voit les choses dans une vision bien différente de celui qui possède des yeux. En réalité, c’est le moment fatidique pour Œdipe afin de comprendre la parole du sage aveugle et voit sa position dans une vision bien différente.
Œdipe : Ah! ne me dis pas que ce que j’ai fait n’était pas le mieux que je pusse faire! Épargne-moi et leçon et conseil!... Et de quels yeux, descendu aux Enfers, eussé-je pu, si j’y voyais, regarder mon père et ma pauvre mère, alors que j’ai sur tous les deux commis des forfaits plus atroces que ceux pour lesquels on se pend? Est-ce la vue de mes enfants qui aurait pu m’être agréable? Des enfants nés comme ceux-ci sont nés! Mes yeux à moi, du moins ne les reverront pas, non plus que cette ville, ces murs ».

L’interprétation de la vue dans la mythologie grecque contient des allégories et des métaphores. En effet, elle nous guide à comprendre ce thème dans plusieurs sens, et de considérer les choses dans une optique différente.
Pour finir, il est clair que le thème de la vue dans Œdipe roi n’est pas lié à un organe qui est les yeux. Cependant, l’homme peut voir à travers d’autres optiques dépendamment de son âme ou de son esprit. Par ailleurs, le cœur peut aider l’aveugle à voir où se trouve la vérité. En effet, si Dieu prétend, selon la Bible, que le cœur est la source du mal, l’homme croit au contraire que le cœur peut servir d’optique à comprendre la vérité, bien évidemment chacun d’entre nous possède sa propre vérité.
En somme, la mise en scène de la vie quotidienne nous aide à saisir que nous pouvons mettre en scène tout ce que nous pensons, nous faisons et nous sentons. La vie est un grand théâtre qui a besoin de grands acteurs afin d’interpréter le rôle idéal pour réussir ou comprendre la vie.                       A.M




[1] SANTAYANA, George, Soliloquies in England and Later soliloquies, Scribner’s, New York, 1922. P.131-32.
[2] BOISSON, Bénédicte, FOLCO, Alice et MARTINEZ, Ariane, La mise en scène théâtrale de 1800 à nos jours, Licence, Paris, 2010, 260p.

vendredi 15 décembre 2017

Le divin et l’homme : un rapport tendu

Depuis l’émergence de l’être humain sur terre, les différents textes ont essayé d’accorder à l’homme un rôle, celui-ci diffère selon l’origine de rédaction qui est laïque ou divine.
Par: Adam Mira
Les textes de l’antiquité accordent à l’homme différentes postures, où il possède certaines marges de choix, par contre l’homme dans la composition biblique reste un être qui suit les ordres et la marge de choix reste minime.
Le libre arbitre dans l’Odyssée et la Genèse est clair, le rôle donné à l’homme dans ces deux textes détermine l’interprétation de la relation entre l’être humain et le divin.  Un rapport qui nous guide à bien comprendre le but des rédactions.
Lorsque nous finissions un texte, la première question qui se pose : que veut dire l’auteur ?  La réponse reste vaste selon l’ambigüité ou la clarté de rédaction. Par contre, si nous cherchons une réplique à une question précise, telle que : le rapport entre le divin et l’homme et la liberté de ce dernier concernant ses choix.
La Genèse nous dévoile dès le début que l’homme ne possède pas une grande marge de manœuvre, il a un rôle secondaire, il reçoit l’histoire et les ordres divins qu’il doive les suivre à la lettre. Au préalable, Iahvé nous expose les étapes de la création de l’Univers, de l’homme, de femme, etc., l’être humain n’a joué aucun rôle, il a été créé par Dieu à son image, à l’image de l’Éternel, Celui-ci qui décide et donne des ordres sans aucune intervention de l’homme, même le pouvoir accordé à l’homme par Iahvé, il l’exécute selon la volonté de ce dernier.
Dieu a choisi l’homme pour avoir la supériorité sur les bêtes, sur les poissons et sur les oiseaux. Cependant, il ne possède point de pouvoir sur la nature qui sera, dès les nuits des temps, sa préoccupation afin de la dominer.
« Au commencement Élohim créa les cieux et la terre. La terre était déserte et vide. Il y avait des ténèbres au-dessus de l’Abime et l’esprit d’Élohim planait au-dessus des eaux. »… ch.I.1,2.
Élohim dit : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance! Qu’ils aient autorité sur les poissons de la mère et sur les oiseaux des cieux, sur les bestiaux, sur toutes les bêtes sauvages et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre! » Élohim créa donc l’homme à son image, à l’image d’Élohim e il créa. Il les créa mêle et femelle. » Ch.I.26,27.

Après la création du mâle et de femelle, Iahvé leur bénit et leur donne l’ordre afin de remplir la terre avec leur lignée. L’être humain suit le rôle dessiné par le Tout-Puissant, il exécute l’ordre reçu sans discussion, d’ailleurs, il ne possède aucun pouvoir afin de refuser et d’opposer à la volonté de Dieu. Bien que le pouvoir reçu par Dieu sur les autres êtres n’ait pas été demandé, Iahvé donne et l’autre reçoit, par conséquent, il exécute sans protestation.
« Élohim les bénit et Élohim leur dit : « Fructifiez et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là, ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout vivant qui remue sur la terre! » Ch. I.28.

Iahvé crée le paradis qui sera la maison de l’homme, cet endroit particulier contient différents plantes et êtres, mais Dieu averti l’homme de ne pas manger d’un arbre, c’est le premier interdit imposé à l’homme qui doit suivre l’ordre, cependant, si l’homme mange de cet arbre interdit, il payera très cher. Et pour que l’homme ne soit pas seul, Iahvé crée la femme et les animaux où l’homme leur donne leurs noms, un signe de supériorité accordé à l’homme en particulier. 
« De tout arbre du jardin tu pourras manger, mais de l’arbre de la science du bien et du mal tu n’en mangeras pas, car du jour où tu en mangerais, tu mourrais. » Ch.II.17
Alors Iahvé Élohim forma du sol tout animal des champs et tout oiseau des cieux, il les amena vers l’homme pour voir comment il les appellerait et pour que tout animal vivant ait pour nom celui dont l’homme l’appellerait. L’homme appela donc de leurs noms tous les bestiaux, les oiseaux des cieux, tous les animaux des champs. » Ch.II.18,19,20.


Une question qui se pose : est-ce que l’homme peut se rebeller contre la volonté de Dieu? La réponse est: oui, il le peut, cependant, il payera son erreur. Iahvé va imposer son châtiment contre l’homme et la punition reste imposée éternellement sur la lignée de l’homme. Dans la bible, nous saisissons que Iahvé essaie de protéger l’homme de lui-même, bien que Dieu sache dès le début que l’homme commettra des torts, d’autant plus le jour où l’homme connait le mal et le bien, à ce moment, son sort va changer à tout jamais.    
… « Le serpent dit à la femme : « Vous n’en mourrez pas, mais Élohim sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux se dessilleront et vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal. » CH.II.5
… « Alors se dessillèrent leurs yeux, à tous deux, et ils surent qu’ils étaient nus. Ils cousirent donc des feuilles de figuiers et de firent des ceintures. » Ch. II.7
Iahvé Élohim appela l’homme et lui dit : « Où es-tu? » Il dit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. » Il dit : « Qui t’a révélé que tu étais nu? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais ordonné de ne pas manger. » Ch. II. 8-12.

L’homme a finalement bravé Dieu, il est susceptible de distinguer le mal et le bien, avec cette connaissance, il commence un nouveau chapitre dans le roulement de l’histoire. Il continue sa vie jusqu’à l’arrivée du Déluge où Dieu décide de faire table rase afin d’effacer la corruption sur terre dont l’homme est la cause. Mais, malgré la colère de Dieu, Ce dernier sauve l’homme par son alliance avec Noé. Iahvé accorde à l’humanité. Cependant, le rapport entre l’homme et Dieu reste même, cela dit que l’homme reste le receveur des messages divins et il les exécute, son rôle dans l’histoire reste secondaire, ce n’est pas lui le moteur de l’histoire, Dieu qui opère tout et l’homme suit les ordres, Iahvé est le protagoniste de l’histoire et l’homme depuis son exclusion d’Éden faisait des alliances avec Dieu et il les exécutait.
Par contre, le rôle de l’homme paru dans l’Odyssée est totalement différent de celui qui est présenté dans la Genèse. George Lukacs dans son livre « La théorie du roman » pense que Homère habit ses héros selon les besoins de prosodie, ce protagoniste est fort qui passe sa vie en lutte pour atteindre son but, un combat jusqu’à l’anéantissement contre tout ce qui se trouve sur son chemin. 
« Qu’il s’agisse, d’épopée ou de tragédie, la prosodie n’est pas un constituant dernier, mais bien un profond symptôme, une ligne de partage qui en manifeste l’essence de la façon la plus appropriée et la plus vraie. Le vers de la tragédie est affilé et dur, il isole et crée des distances. Il vêt le héros de toute la profondeur qu’implique pour eux une solitude née de la forme, il ne laisse subsister entre eux d’autres relations que celles de la lutte et d’anéantissement; à travers son lyrisme, le désespoir ou l’ivresse peuvent faire entendre leur voix, l’abîme béant sur lequel flotte cette essentialité peut s’ouvrir; jamais cependant ce vers ne permet, comme le fait la prose… »
      
Dans les textes grecs, dont l’Odyssée, l’auteur donne une place à l’humain qui réserve un lien avec les dieux à travers un intermédiaire. Zeus, le grand dieu, se présente, dans le texte, comme un père de famille qu’il intervient tout le temps dans le roulement de l’histoire, un dieu aussi qui possède des sentiments comme l’humain, il couche avec les mortels, il dit des mensonges, faits des ruses et les autres dieux font la même chose aussi. Donc, l’humain fait encore partie de cette atmosphère et très souvent mange avec les dieux. Cela dit que les dieux s’intéressent à l’homme, bien au contraire dans la Genèse où Dieu s’intéresse à la lignée de l’homme, en plus, il n’y a pas intermédiaire dans la Bible, l’homme rencontre Dieu sans aucune méditation entre les deux, cependant, plus tard, les chrétiens ont pris, peut-être, des Grecs l’idée de l’intermédiaire entre l’homme et le divin!
 Par ailleurs, Ulysse, le héros de l’Odyssée, est un héros collectif et chaque Grec veut l’être. Et le personnage principal de l’Odyssée incarne le rapport entre le héros et son groupe qui devient en effet le fil de texte. 
« Ulysse : malheureux que je suis! C’est un piège nouveau que me tend l’un des dieux, quand il vient d’ordonner de quitter ce radeau. »

     Sur la même scène, on voit l’humain et les dieux, et Zeus donne assez belle description à l’homme héros qui gagne partout sur les humains et fait des sacrifices sans fin, l’homme se trouve à côté des dieux qui parlent de lui. La posture de l’humain dans l’Odyssée en effet accorde à l’homme une place de celui qui fait l’histoire ou au moins participe à la création de l’histoire par apport à l’homme dans la Genèse qui a un rôle secondaire.
« Zeus, l’Assembleur des nues, lui fit cette réponse :
Zeus : Quel mot s’est échappé de l’enclos de tes dents, ma fille? Eh! Comment donc n’oublierais-je jamais cet Ulysse divin qui, sur tous les mortels, l’emporte et par l’esprit et par les sacrifices qu’il fit toujours aux dieux, maîtres des champs du ciel? Mais non! C’est Posidon, le maître de la terre… »

Malgré qu’Ulysse le héros collectif ait sacrifié et gagné toutes les batailles, il se trouve finalement devant une épreuve, il faut faire des sacrifices et dépenser l’argent aux dieux, c’est un moment fatidique pour le héros, car malgré tout ce qu’il fait, il se prosterne aux dieux, son orgueil lui fait beaucoup de mal, cependant il n’a pas d’autre choix.
« Ulysse : ô femme, ne crois pas être au bout des épreuves! Il me reste à mener jusqu’au bout, quelque jour, un travail complique, malaisé, sans mesure : c’est le devin Tirésias qui me le dit, le jour que, débarqué à la maison d’Hadès, je consultai son ombre sur la voie du retour pour mes gens et pour moi…Mais gagnons notre lit, ô femme! »
…. Ce jour-là, je devrai, plantant ma rame en terre, faire au roi Posidon le parfait sacrifice d’un taureau, d’un bélier et d’un verrat de taille à couvrir une truie; puis, rentrant au logis, si j’offre à tous les dieux, maîtres des champs du ciel, la complète série des saintes hécatombes, la plus douce des morts me viendra de la mer; je ne succomberai qu’à l’heureuse vieillesse, ayant autour de moi des peuples fortunés, voilà ce que le sort, m’a-t-il dit, me réserve! »       

Finalement, Ulysse doit se rendre chez les dieux afin de présenter ses sacrifices, l’homme qui a passé des années dans la mer, fait des guerres et gagné toutes les batailles, il faut admettre sa place comme il est au-dessous des dieux, mais il opère sa part dans l’histoire, il crée l’histoire à côté des dieux, sa place est bien réservée afin d’écrire son nom avec les divins, bien que l’homme dans la Genèse ne possède qu’un seul rôle : d’être la personne qui reçoit l’histoire sans l’écrire, le protagoniste, le héros de l’histoire biblique est sans doute : Dieu, un seul sans aucun associé.            A.M