vendredi 15 décembre 2017

Le divin et l’homme : un rapport tendu

Depuis l’émergence de l’être humain sur terre, les différents textes ont essayé d’accorder à l’homme un rôle, celui-ci diffère selon l’origine de rédaction qui est laïque ou divine.
Par: Adam Mira
Les textes de l’antiquité accordent à l’homme différentes postures, où il possède certaines marges de choix, par contre l’homme dans la composition biblique reste un être qui suit les ordres et la marge de choix reste minime.
Le libre arbitre dans l’Odyssée et la Genèse est clair, le rôle donné à l’homme dans ces deux textes détermine l’interprétation de la relation entre l’être humain et le divin.  Un rapport qui nous guide à bien comprendre le but des rédactions.
Lorsque nous finissions un texte, la première question qui se pose : que veut dire l’auteur ?  La réponse reste vaste selon l’ambigüité ou la clarté de rédaction. Par contre, si nous cherchons une réplique à une question précise, telle que : le rapport entre le divin et l’homme et la liberté de ce dernier concernant ses choix.
La Genèse nous dévoile dès le début que l’homme ne possède pas une grande marge de manœuvre, il a un rôle secondaire, il reçoit l’histoire et les ordres divins qu’il doive les suivre à la lettre. Au préalable, Iahvé nous expose les étapes de la création de l’Univers, de l’homme, de femme, etc., l’être humain n’a joué aucun rôle, il a été créé par Dieu à son image, à l’image de l’Éternel, Celui-ci qui décide et donne des ordres sans aucune intervention de l’homme, même le pouvoir accordé à l’homme par Iahvé, il l’exécute selon la volonté de ce dernier.
Dieu a choisi l’homme pour avoir la supériorité sur les bêtes, sur les poissons et sur les oiseaux. Cependant, il ne possède point de pouvoir sur la nature qui sera, dès les nuits des temps, sa préoccupation afin de la dominer.
« Au commencement Élohim créa les cieux et la terre. La terre était déserte et vide. Il y avait des ténèbres au-dessus de l’Abime et l’esprit d’Élohim planait au-dessus des eaux. »… ch.I.1,2.
Élohim dit : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance! Qu’ils aient autorité sur les poissons de la mère et sur les oiseaux des cieux, sur les bestiaux, sur toutes les bêtes sauvages et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre! » Élohim créa donc l’homme à son image, à l’image d’Élohim e il créa. Il les créa mêle et femelle. » Ch.I.26,27.

Après la création du mâle et de femelle, Iahvé leur bénit et leur donne l’ordre afin de remplir la terre avec leur lignée. L’être humain suit le rôle dessiné par le Tout-Puissant, il exécute l’ordre reçu sans discussion, d’ailleurs, il ne possède aucun pouvoir afin de refuser et d’opposer à la volonté de Dieu. Bien que le pouvoir reçu par Dieu sur les autres êtres n’ait pas été demandé, Iahvé donne et l’autre reçoit, par conséquent, il exécute sans protestation.
« Élohim les bénit et Élohim leur dit : « Fructifiez et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là, ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout vivant qui remue sur la terre! » Ch. I.28.

Iahvé crée le paradis qui sera la maison de l’homme, cet endroit particulier contient différents plantes et êtres, mais Dieu averti l’homme de ne pas manger d’un arbre, c’est le premier interdit imposé à l’homme qui doit suivre l’ordre, cependant, si l’homme mange de cet arbre interdit, il payera très cher. Et pour que l’homme ne soit pas seul, Iahvé crée la femme et les animaux où l’homme leur donne leurs noms, un signe de supériorité accordé à l’homme en particulier. 
« De tout arbre du jardin tu pourras manger, mais de l’arbre de la science du bien et du mal tu n’en mangeras pas, car du jour où tu en mangerais, tu mourrais. » Ch.II.17
Alors Iahvé Élohim forma du sol tout animal des champs et tout oiseau des cieux, il les amena vers l’homme pour voir comment il les appellerait et pour que tout animal vivant ait pour nom celui dont l’homme l’appellerait. L’homme appela donc de leurs noms tous les bestiaux, les oiseaux des cieux, tous les animaux des champs. » Ch.II.18,19,20.


Une question qui se pose : est-ce que l’homme peut se rebeller contre la volonté de Dieu? La réponse est: oui, il le peut, cependant, il payera son erreur. Iahvé va imposer son châtiment contre l’homme et la punition reste imposée éternellement sur la lignée de l’homme. Dans la bible, nous saisissons que Iahvé essaie de protéger l’homme de lui-même, bien que Dieu sache dès le début que l’homme commettra des torts, d’autant plus le jour où l’homme connait le mal et le bien, à ce moment, son sort va changer à tout jamais.    
… « Le serpent dit à la femme : « Vous n’en mourrez pas, mais Élohim sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux se dessilleront et vous serez comme des dieux, sachant le bien et le mal. » CH.II.5
… « Alors se dessillèrent leurs yeux, à tous deux, et ils surent qu’ils étaient nus. Ils cousirent donc des feuilles de figuiers et de firent des ceintures. » Ch. II.7
Iahvé Élohim appela l’homme et lui dit : « Où es-tu? » Il dit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. » Il dit : « Qui t’a révélé que tu étais nu? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais ordonné de ne pas manger. » Ch. II. 8-12.

L’homme a finalement bravé Dieu, il est susceptible de distinguer le mal et le bien, avec cette connaissance, il commence un nouveau chapitre dans le roulement de l’histoire. Il continue sa vie jusqu’à l’arrivée du Déluge où Dieu décide de faire table rase afin d’effacer la corruption sur terre dont l’homme est la cause. Mais, malgré la colère de Dieu, Ce dernier sauve l’homme par son alliance avec Noé. Iahvé accorde à l’humanité. Cependant, le rapport entre l’homme et Dieu reste même, cela dit que l’homme reste le receveur des messages divins et il les exécute, son rôle dans l’histoire reste secondaire, ce n’est pas lui le moteur de l’histoire, Dieu qui opère tout et l’homme suit les ordres, Iahvé est le protagoniste de l’histoire et l’homme depuis son exclusion d’Éden faisait des alliances avec Dieu et il les exécutait.
Par contre, le rôle de l’homme paru dans l’Odyssée est totalement différent de celui qui est présenté dans la Genèse. George Lukacs dans son livre « La théorie du roman » pense que Homère habit ses héros selon les besoins de prosodie, ce protagoniste est fort qui passe sa vie en lutte pour atteindre son but, un combat jusqu’à l’anéantissement contre tout ce qui se trouve sur son chemin. 
« Qu’il s’agisse, d’épopée ou de tragédie, la prosodie n’est pas un constituant dernier, mais bien un profond symptôme, une ligne de partage qui en manifeste l’essence de la façon la plus appropriée et la plus vraie. Le vers de la tragédie est affilé et dur, il isole et crée des distances. Il vêt le héros de toute la profondeur qu’implique pour eux une solitude née de la forme, il ne laisse subsister entre eux d’autres relations que celles de la lutte et d’anéantissement; à travers son lyrisme, le désespoir ou l’ivresse peuvent faire entendre leur voix, l’abîme béant sur lequel flotte cette essentialité peut s’ouvrir; jamais cependant ce vers ne permet, comme le fait la prose… »
      
Dans les textes grecs, dont l’Odyssée, l’auteur donne une place à l’humain qui réserve un lien avec les dieux à travers un intermédiaire. Zeus, le grand dieu, se présente, dans le texte, comme un père de famille qu’il intervient tout le temps dans le roulement de l’histoire, un dieu aussi qui possède des sentiments comme l’humain, il couche avec les mortels, il dit des mensonges, faits des ruses et les autres dieux font la même chose aussi. Donc, l’humain fait encore partie de cette atmosphère et très souvent mange avec les dieux. Cela dit que les dieux s’intéressent à l’homme, bien au contraire dans la Genèse où Dieu s’intéresse à la lignée de l’homme, en plus, il n’y a pas intermédiaire dans la Bible, l’homme rencontre Dieu sans aucune méditation entre les deux, cependant, plus tard, les chrétiens ont pris, peut-être, des Grecs l’idée de l’intermédiaire entre l’homme et le divin!
 Par ailleurs, Ulysse, le héros de l’Odyssée, est un héros collectif et chaque Grec veut l’être. Et le personnage principal de l’Odyssée incarne le rapport entre le héros et son groupe qui devient en effet le fil de texte. 
« Ulysse : malheureux que je suis! C’est un piège nouveau que me tend l’un des dieux, quand il vient d’ordonner de quitter ce radeau. »

     Sur la même scène, on voit l’humain et les dieux, et Zeus donne assez belle description à l’homme héros qui gagne partout sur les humains et fait des sacrifices sans fin, l’homme se trouve à côté des dieux qui parlent de lui. La posture de l’humain dans l’Odyssée en effet accorde à l’homme une place de celui qui fait l’histoire ou au moins participe à la création de l’histoire par apport à l’homme dans la Genèse qui a un rôle secondaire.
« Zeus, l’Assembleur des nues, lui fit cette réponse :
Zeus : Quel mot s’est échappé de l’enclos de tes dents, ma fille? Eh! Comment donc n’oublierais-je jamais cet Ulysse divin qui, sur tous les mortels, l’emporte et par l’esprit et par les sacrifices qu’il fit toujours aux dieux, maîtres des champs du ciel? Mais non! C’est Posidon, le maître de la terre… »

Malgré qu’Ulysse le héros collectif ait sacrifié et gagné toutes les batailles, il se trouve finalement devant une épreuve, il faut faire des sacrifices et dépenser l’argent aux dieux, c’est un moment fatidique pour le héros, car malgré tout ce qu’il fait, il se prosterne aux dieux, son orgueil lui fait beaucoup de mal, cependant il n’a pas d’autre choix.
« Ulysse : ô femme, ne crois pas être au bout des épreuves! Il me reste à mener jusqu’au bout, quelque jour, un travail complique, malaisé, sans mesure : c’est le devin Tirésias qui me le dit, le jour que, débarqué à la maison d’Hadès, je consultai son ombre sur la voie du retour pour mes gens et pour moi…Mais gagnons notre lit, ô femme! »
…. Ce jour-là, je devrai, plantant ma rame en terre, faire au roi Posidon le parfait sacrifice d’un taureau, d’un bélier et d’un verrat de taille à couvrir une truie; puis, rentrant au logis, si j’offre à tous les dieux, maîtres des champs du ciel, la complète série des saintes hécatombes, la plus douce des morts me viendra de la mer; je ne succomberai qu’à l’heureuse vieillesse, ayant autour de moi des peuples fortunés, voilà ce que le sort, m’a-t-il dit, me réserve! »       

Finalement, Ulysse doit se rendre chez les dieux afin de présenter ses sacrifices, l’homme qui a passé des années dans la mer, fait des guerres et gagné toutes les batailles, il faut admettre sa place comme il est au-dessous des dieux, mais il opère sa part dans l’histoire, il crée l’histoire à côté des dieux, sa place est bien réservée afin d’écrire son nom avec les divins, bien que l’homme dans la Genèse ne possède qu’un seul rôle : d’être la personne qui reçoit l’histoire sans l’écrire, le protagoniste, le héros de l’histoire biblique est sans doute : Dieu, un seul sans aucun associé.            A.M
   





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