lundi 16 novembre 2020

Iran et le terrorisme!

Abdullah Abdullah

Le 7 août 2020, deux agents de Mossad israélien ont tiré sur une voiture à Téhéran, ils ont tué un homme et une femme. Selon un journal américain, c’est une opération exécutée au compte de la CIA pour éliminer le numéro deux d’Al-Qaida Abdullah Ahmed Abdullah et sa fille Myriam, la veuve de Hamza Ben Laden tué en Afghanistan.


Par : Adam Mira


Après les attaques terroristes de 11septembre 2001 de New York, l’administration américaine a conclu que les terroristes d’Al-Qaida qui ont commis les attaques avaient une relation étroite avec les iraniens à travers Imad Moughaniya le haut responsable de Hezbollah libanais.


Selon les archives Oussama Ben Laden publiées par l’administration américaine, le chef d’Al-Qaida tenait une relation avec l’Iran en tant qu’endroit sécuritaire pour les djihadistes de l’organisation terroriste, en cas d’attaque contre eux. D’ailleurs, une partie de la famille de Ben Laden se réfugiait en Iran après l’invasion américaine à l’Afghanistan en 2001, et une de ses filles a fuit son appartement pour se réfugier à l’ambassade saoudienne à Téhéran, car, selon elle, elle a fuit les geôles iraniens. En effet, beaucoup djihadistes et leurs familles ont fuit l’Afghanistan pour s’installer en Iran. Le gouvernement de ce dernier à profiter de cette existante afin de contribuer à des attaques contre les américains, c’est une politique pratiquée depuis la victoire des Mollahs en 1979, il soutient tous les mouvements qui affrontent les É.-U. sans regarder leurs idéologies.


Certes, l’annonce de New York Times met le gouvernement iranien dans l’embarras, car elle montre que le Mossad israélien est bien fort en Iran et ce dernier accueil sur son sol des terroristes, et pour cette raison, le porte parole du ministère des Affaires étrangères iranien a nié l’opération, aussi ni Al-Qaida, ni la CIA et ni Israël publié-t-ont un communiqué concernant l’assassinat.


Abdullah Ahmed Abdullah son nom de combat Abou Amohamed Al-Massri est le responsable des attaques terroristes contre deux ambassades américaines en Afrique en 1998 et qui ont fait des centaines des morts et des blessés et la CIA a mis 10 millions dollars pour celui qui donne des informations sur lui.

En effet, l’annonce de cette opération arrive dans une période très délicate pour al-Qaïda, car Ayman Al-Zaouahiri est mort, selon plusieurs sources, et la mort d’Abdullah affaiblit davantage l’organisation terroriste.


In fine, cette opération montre que le régime iranien vit une crise majeure sur plusieurs niveaux, et le camp adversaire gagne du terrain, d’autant plus la situation économique est lamentable à cause de l’embargo américain qui a débouché sur des révoltes, et à l’heure actuelle, il est probable que le peuple iranien se révolte contre le régime qui a échoué dans la gestion de Covide-19, qui a fait jusqu’à maintenant 41 milles morts.


En fin de compte, pour combien de temps le gouvernement iranien va-t-il mentir et nier sa relation avec le terrorisme et continuer à déstabiliser la région? Des questions ont besoin des réponses.                A.M

vendredi 13 novembre 2020

Trump part, ses idées restent!

          

              Depuis la fin des élections américaines le 3 novembre 2020, le monde entier en attend le résultat pour féliciter le nouvel arrivant à la Maison Blanche et respirer après quatre ans houleuses par la gouvernance d'un président lunatique et manque d'expérience en politique.

Par: Adam Mira 

             En fin, aujourd'hui, le 13 novembre 2020, Joe Biden obtient 306 sièges contre 232 pour le président sortant Donald Trump. Quoique ce dernier refuse de reconnaitre sa défaite et continue ses tweetes en accusant les Démocrates d'être les voleurs des élections.

                 C'est la première fois dans l'histoires des É.-U. un président sortant reçoit les votes de plus de 70 millions américains, ce vote qui donne à Trump l'opportunité de rester dans l'histoire de son pays pour longtemps, en tant qu'un homme blanc qui prêche le racisme, l'inégalité et la suprématie des blancs. Des idées qui ont montré la division dans la société américaine, même certains pensent que le pays se prépare pour une guerre civile, mais les É.-U. en tant qu'un pays qui possède une démocratie avancée dont les institutions démocrates sont fortes et les traditions démocratiques font parties de la conscience américaine, le pays reste calme sans pencher sur la violence. Quoique Trump donne des discours pleins de mensonges et affabulations au point que les médias américains coupent son discours en signalant les Fake-News. Aussi, les plateformes numériques ont suivi le pas et sur chaque tweet de Trump soupçonné d'être frauduleux, ils mettent un signale pour prévenir les personnes qui lisent les citations de Trump.

              En effet, Trump n'a plus de marge afin de continuer à nier la victoire écrasante de Joe Biden, cependant, pendant deux mois qu'il lui reste deux mois à la tête des É.-U. En conséquence, Trump peut faire des actes difficiles à réparer, tels que: une attaque contre l'Iran ou fermer rapidement les bases américaines au Moyen-Orient. De toutes les façons, Trump va opérer des actes qui obligent Biden à suivre sa politique pour certains temps avant de résoudre tous les dégâts faits par le président sortant.

           Certes, beaucoup de travaux attend Biden afin d'intégrer son pays à nouveau dans la communauté  internationale et de rétablir la confiance avec les amis historiques tels que le Canada, d'ailleurs, c'est depuis quatre ans, la première fois, le premier ministre Justin Trudeau a eu une longue conversation avec Biden sur des sujets clés entre les deux pays, car Trump est un personnage d'action et il ne supporte pas la discussion ou les débats.

              In fine, Trump part en laissant derrière lui un pays déchiré par des idées obsolètes qui viennent avec les dirigeants populistes et des gens qui ont peur de l'autre, cet autre qui ne leur ai pas ressemble. Le Trumpisme continuerait dans les années prochaines, d'autant plus si Trump déclare qu'il sera candidat pour les élections de 2024.

         Joe Biden est président avec une femme de couleur pour la première fois dans l'histoire américaine, cependant, ce mandat de quatre ans sera très difficile avec plusieurs enjeux: le conflit avec la Chine, le Covide-19, le conflit au Moyen-Orient surtout l'injustice exécutée par Trump envers les Palestiniens, le conflit avec l'Iran et finalement la relation avec les pays du Golfe.

Mais, la bonne nouvelle, Trump a perdu et le monde prend son souffle.

                                                                                                                                                            A.M 











  

mardi 3 novembre 2020

Survole sur la littérature palestinienne: Les cas de Jabra Ibrahim Jabra et d’Émile Habib


                               Émile Habib et Jabra Ibrahim Jabra

deux majeurs écrivains palestiniens, un reste en Palestine et refuse de partir après la création d'israël en 1948, l'autre part avec sa famille et s'installe en Irak, chacun raconte l'histoire palestinienne à sa manière.

Par: Adam Mira

ÿ 
Introduction :

 

Lorsque l’on parle de la littérature palestinienne, on distingue rapidement que les écrivains palestiniens abordent deux idées : la première, celle de l’identité qui est menacée de disparaitre  avec le temps, et la deuxième est de raconter l’histoire d’un peuple qui a été chassé par les milices sionistes de leur patrie et de décrire l’exil et la vie des réfugiés dans les camps implantés un peu partout au Moyen-Orient.      

Cette littérature singulière commence des années après :

-       La création de l’état hébreu en 1948; 

-       L’émergence de la question palestinienne;

-       Et le début de mouvement clandestin qui cherche à libérer la Palestine et à émanciper le peuple palestinien de son humiliation et sa défaite.     

Pendant que les écrivains palestiniens font leur premier pas  en écrivant leur premier roman, les écrivains arabes ont déjà fait un saut dans la publication de romans modernes dès le début de dix-neuvième siècle. 

L’émergence d’al-Nahda, c'est-à-dire la Renaissance en Égypte, puis dans le monde Arabe, coïncidence avec l’arrivée de Napoléon Bonaparte en Égypte à la fin du 19ème siècle et le premier envoi des étudiants égyptiens en France pour étudier dans les universités françaises, puis à leur retour à leur patrie et la publication du premier roman par al-Manfaluti, un ressortissant égyptien qui essaya d’adapter le style européen aux besoins de la société arabe.   

Les tentatives d’écrire ou d’intégrer ce style dans la littérature arabe n’ont jamais cessé, Jurji Zaydan qui a écrit une dizaine de romans historiques a eu un succès important, mais lorsque Muhammad Husayn Haykal publie en 1914 son roman intitulé Zaynab, c’était le vrai acte de naissance du roman dans la  littérature arabe. Cependant, il faudra attendre des années de plus afin que ce genre de style prenne de l’ampleur dans le monde arabe.

Après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les romans prennent un virage important avec l’égyptien Naguib Mahfouz, prix Nobel de 1988,  qui commence à publier ses romans qui se propagent rapidement dans la société égyptienne et obtiennent un succès retentissant.   

Dans les années qui suivent la Nakba qui signifie la catastrophe de 1948, le monde Arabe  a vécu une vague d’émancipation et de décolonisation, une série de coups d’État, y compris une révolution armée en Algérie après la déclaration du 1er  novembre 1954  rédigée par 22 jeunes algériens afin de libérer leur pays après 130 ans de colonisation française. 

Pendant que la littérature se développe dans plusieurs pays arabes grâce à la nouvelle situation politique, Naguib Mahfouz décide de renoncer à l’écriture en croyant que l’arrivée de l’armée égyptienne au pouvoir donnera un nouveau visage à son pays. Dans cette atmosphère agitée, les palestiniens vivent dans une situation particulière, ils essaient de s’adapter à leur nouvelle vie comme réfugiés. 

Dans un climat bouillant et une vague de changement radical dans plusieurs pays arabes, les palestiniens subissent en 1967, à la suite de la guerre des Six Jours, pour la deuxième fois, une perte considérable. Il s’agit de la Nakssa, c'est-à-dire le bouleversement, la catastrophe est cette fois-ci la perte de toute Palestine et une nouvelle vague de réfugiés  palestiniens secoue les pays du Moyen-Orient.

Après la deuxième catastrophe, la Nakssa, la littérature palestinienne, qui fait partie intégrante de la littérature arabe, trouve un succès considérable. En effet, une jeune génération essaie de parler de la souffrance des réfugiés et de la résistance palestinienne qui est née deux ans avant la Nakssa, le 1er janvier 1965. Cette date annonce la création du Mouvement de Libération de la Palestine «Fatah» par Yasser Arafat.      

Par ailleurs, des intellectuels palestiniens écrivent des poèmes, des romans et fondent des journaux et des revues afin d’expliquer le malheur des palestiniens et la situation désastreuse que vit les réfugiés dans les camps de toile. 

La littérature palestinienne évolue rapidement avec la montée de la résistance palestinienne et la détermination du peuple palestinien à libérer son pays.

ÿ La question:

 

À travers ce qui a été écrit précédemment, il m’est possible à présent d’établir la question à laquelle j’essayerai de répondre lors de ma recherche :

« Quelles sont les origines de la littérature palestinienne et qu’elles sont les raisons de créer une branche particulière dans la littérature arabe ? Comment Émile Habibi et Jabra Ibrahim Jabra peuvent-ils lutter à l’aide de leur plume afin de sauver l’histoire et la mémoire d’un peuple expulsé de sa patrie ? Comment ont-ils pu atteindre leur cible et établir une littérature de lutte pacifique? De même, comment ont-ils vécu leur vie, l’un comme un réfugié et l’autre comme un indigène ? Est-ce la  littérature palestinienne joue un rôle afin de solliciter les arabes à s’intéresser à la cause palestinienne ? Par ailleurs, quel est l’impact d’aborder les œuvres de deux écrivains palestiniens chrétiens et leur rôle dans la défense de  leur patrie? Et, comment chacun de ces deux écrivains l’a-t-il abordé? Finalement, sera présentée une comparaison entre les deux écrivains concernant: leur refuge, leur identité, leur façon de traiter la Cause palestinienne.» 

À partir de là, on pourra dire que le moteur principal qui fait bouger la création d’une littérature palestinienne particulière est la perte de la Palestine et la fuite de milliers de palestiniens en abandonnant leurs biens et leurs foyers. Ce sont ces causes qui ont  poussé certains intellectuels palestiniens à chercher une façon dont ils pourront défendre leur peuple et leur patrie perdue.  

Cette pensée ne vient pas de nulle part, au contraire, elle vient des convictions profondes de ceux qui ont vécu et connu pendant des années le protectorat britannique et son soutien inconditionnel à l’émigration des Juifs en Palestine et surtout et avant tout la promesse de Balfour.     

Afin d’apporter un éclairage plus précis sur le sujet, nous pouvons poser un certain nombre de questions afin d’y répondre au cours de notre recherche, celles-ci peuvent se résumer à :

1-     Quel est le degré d’influence de la perte de la Palestine dans la réalisation d’une littérature arabe particulière  en Palestine?

2-     Quelles sont les limites de l’influence des relations entre la Palestine perdue et la pensée des Palestiniens?

3-     Quel est le rôle de la situation précaire dans le désir du palestinien d’étudier et de réussir dans ses études?

4-     Pour quelle raison certains écrivains palestiniens ont eu du succès et d’autres non ?

5-     À quel point la foi d’un écrivain a joué un rôle dans la littérature ?

6-     À quel point peut-on dire que l’exploitation de la cause palestinienne par certains régimes arabes a poussé certains intellectuels palestiniens à raconter leur histoire et leur expérience?

7-     À quel point peut-on dire que la  littérature palestinienne joue un rôle important dans la description de la souffrance du peuple palestinien ?

Ce sont des questions principales auxquelles nous tenterons de répondre, de développer et de détailler dans le but d’apporter des réponses claires sur la littérature palestinienne entre deux atmosphères : la première en Palestine qui est devenue Israël et le changement d’identité, comme c’est le cas de Habibi, et la deuxième en Irak où Jabra vit comme un palestinien réfugié qui essaie par tous les moyens de rester en contact avec sa patrie perdue.                                

La méthode suivie pour l’étude de ce sujet est «l’étude de cas». Nous avons fait ce choix, car chaque situation mérite d’être étudiée de manière particulière et précise. 

En effet, cette méthode demande une connaissance très précise et très détaillée d’une situation donnée.

L’étude de cas signifie de manière précise, selon la définition : « se diriger vers une méthode permettant d’accumuler des informations et des documents et de les analyser de façon à construire une image complète d’une unité précise dans ses relationsdiverses».

Par contre, selon d’autres penseurs, elle correspondrait à une analyse profonde d’une méthode ou plus d’un échantillon. Cela signifie d'arriver à englober de façon plus large l’étude d’un cas précis. Cette définition devrait satisfaire notre étude de façon directe.  

Nous pourrons utiliser de nombreux outils afin d’effectuer notre étude, mais nous allons nous baser sur les livres de chaque écrivain. De plus, par un travail sur terrain en se déplaçant en Irak et en Palestine afin de ramasser toutes les informations qui nousaideront  à exécuter notre travail de la meilleure façon.  De plus, des rencontres avec des personnes qui ont côtoyé ou ont connu Jabra et Habibi pendant leur parcours.   

Tout cela nous mène à devoir clarifier notre étude et à définir la méthode qui sera suivie. Selon nos premières lectures, il est possible de partager le travail en quatre parties. 

ÿ Première partie :

*    La création de l’état d’Israël :

 

La déclaration du 2 Novembre 1917 d’Arthur Balfour, le haut fonctionnaire britannique, qui a octroyé à ses amis sionistes le droit de créer leur État en Palestine. Cette décision a été le début du malheur palestinien, suivie par une aide massive aux Juifs afin d’immigrer en Palestine, ensuite par la  confiscation du foyer palestinien afin de devenir l’état d’Israël.

« Cher Lord Rothschild,

J'ai le plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration ci-dessous de sympathie à l'adresse des aspirations juives et sionistes, déclaration soumise au Parlement et approuvée par lui.

Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays.

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.                                                                             Arthur James Balfour » 

La Grande Bretagne obtient en 1920 de la part des Nations-Unis un décret de protectorat en Palestine et restera jusqu’en 1948. Après son départ, les milices sionistes font un assaut rapide et gagnent la guerre contre les Arabes. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion, un leader sioniste, proclame la création de l’état d’Israël qui par cette déclaration fait le malheur des palestiniens et le bonheur des Juifs sionistes. C’est ainsi que plus de 700 mille palestiniens fuient leur patrie en abandonnant leurs biens, leurs foyers, leurs souvenirs et leur passé. Environ 200 mille juifs sionistes les remplacent et font la fête sur les décombres des fuyants. Les gagnants célèbrent  la création de leur État sans crier gare au peuple qui vient d’être chassé de sa terre.

Malgré les menaces et les massacres, des milliers de palestiniens restent dans leur pays et refusent de partir, d’autres se dispersentdans les pays voisins : le Liban, la Jordanie, la Syrie, l’Irak et l’Égypte. 

Les pays arabes voisins créent  plusieurs identités aux palestiniens réfugiés après la Nakba de 1948: les Palestiniens à partir de cette date possèdent plusieurs doubles nationalités selon le pays où ils habitent : palestinienne-libanaise, palestinienne-syrienne, palestinienne-égyptienne, palestinienne-irakienne et palestinienne-jordanienne. Même les Palestiniens deviennent réfugiés sur leur propre sol (Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est), ils portent un laissez-passer jordanien pour les réfugiés en Cisjordanie et égyptien pour les réfugiés à Gaza. 

Après la guerre de 1948, la bande de Gaza passe sous l’égide égyptienne, la Cisjordanie et Jérusalem-Est sous tutelle jordanienne. 

Bien que les palestiniens essaient de créer leur propre gouvernement, mais l’hostilité de certains régimes arabes, dont la Jordanie à la tête, en empêchant le gouvernement palestinien, présidé par Ahmad Hilmi, de  résider à Jérusalem-Est. D’ailleurs, ce gouvernement  s’effondre avec le temps à cause du manque de ressources et l’hostilité des nouveaux régimes arabes.                            Avec cette situation précaire et insupportable, les palestiniens cherchent leur âme. Certains choisissent de faire la guerre, d’autres émigrent clandestinement aux pays du Golf où le pétrole coule à flot depuis quelques décennies et d’autres préfèrent la voie de l’éducation.

Comme la plupart des pays arabes au Moyen-Orient, le peuple palestinien est constitué de deux communautés importantes : chrétiennes et musulmanes. Les chrétiens  sont fiers d’être les premiers convertis aux christianismes et les musulmans fiers de posséder la mosquée el-Aqsa le plus prestigieux lieu de culte après la Mecque et la mosquée de Médine. 

Les chrétiens trouvent rapidement un appui auprès des Libanais qui leurs accordent leur nationalité. Grâce à cette acquisition, ils peuvent lutter pour leurs compatriotes musulmans qui restent dans une situation précaire sans aide sauf de la part de l’organisation internationale  des Nations-Unis. 

*    L’émergence de la question palestinienne:   

 

L’émergence de la question palestinienne commence après la création de l’état d’Israël et l’implantation des camps de réfugiés un peu partout au Moyen-Orient. La question est accordée aux réfugiés palestiniens qui ont perdus leur patrie. C’est dans ce climat catastrophique que des palestiniens choisissent de se battre avec leur plume en vue de témoigner et d’expliquer au monde arabe la situation affreuse dans laquelle vit les réfugiés palestiniens.  

Deux palestiniens, Jabra Ibrahim Jabra et Émile Habibi, vivant dans  différentes atmosphères, racontent leur expérience. Ils choisissent d’utiliser leur plume afin de défendre la cause palestinienne et la souffrance de leur peuple. Ce sont deux intellectuels palestiniens descendant de deux familles chrétiennes sont nés en Palestine pendant le protectorat britannique. Le premier, Jabra Ibrahim Jabra a fui son pays pour s’installer en Irak et le deuxième est resté en Palestine et a décidé de se battre à l’aide de sa sublime plume.

ÿ Deuxième partie :

*    Jabra Ibrahim Jabra (1920 – 1994) :

 

Jabra Ibrahim Jabra est né en 1920 à Bethléem, en Palestine, qui était sous l’égide britannique. Descendant d’une famille chrétienne pauvre, son père travaillait dans la construction et sa mère était au foyer. Malgré la situation précaire de sa famille,  Il a étudié à Bethléem sa ville natale, puis à Jérusalem. Et, grâce à sa détermination, il a réussi à obtenir une bourse d’étude en Angleterre et aux États-Unis. 

En 1948, comme des milliers de palestiniens, il a fui avec sa famille son pays afin de se réfugier en Irak.

Jabra, un fervent amoureux de la littérature, travaille à Baghdâd, la capitale irakienne, comme professeur. En plus de son travail, il traduit de l’anglais à l’arabe plusieurs chefs d’œuvre, il écrit  de nombreux recueils de poèmes et publie maints romans.  

Il croise le célèbre poète irakien Badar Shaker el-Sayab avec qui a eu une belle relation.

Jabra commence sa carrière en écrivant en anglais, puis il renonce à l’anglais et à être un écrivain anglophone. Il entreprend alors une nouvelle aventure qui l’amènera à écrire plusieurs romans et plusieurs recueils de poèmes en arabe. 

Avec l’écrivain Abderrahmane Mounif, il écrit en 1982 un roman intitulé « Un  monde sans plans » dans lequel les deux grands écrivains créent un monde imaginaire qui ressemble à n’importe quelle ville arabe afin de raconter l’histoire d’une personne qui a étudié en occident et qui est retournée à son pays où il vit une histoire d’amour. Avec ce héros, se croisent plusieurs personnages et sa vie est pleine de paradoxes : l’amour, la politique et le malheur qui le touche suivi d’un crime non résolu. Dans ce roman, les deux écrivains utilisent un style bien compliqué plus proche de la poésie. Peut-être parce qu’il touche tous les intellectuels arabes qui vivent sous des régimes tyranniques. 

Dans son roman paru en 1978 « À la recherche de Walid Mass’aud », qui selon les critiques,  résume sa carrière comme écrivain, intellectuel et comme palestinien qui vit sans relâche avec son passé. Le héros de son roman Walid Mass’aud est un militant palestinien autour de qui se trouve des personnages qui lui sont liés chacun par une histoire différente. Le génie de ce roman, malgré la présence de plus de 12 personnages, est que le lecteur embarque avec l’écrivain dans son roman en étant persuadé que sans eux Walid le héros ne sera pas capable de créer son univers. C’est un roman qui ajoute à la littérature pas seulement palestinienne mais aussi arabe en général.       

Jabra concentre sa plume à défendre la cause palestinienne et à raconter dans plusieurs récits son histoire personnelle en Palestine et sa lutte pour étudier et gagner sa vie comme dans le récit « Le premier puits » dans lequel il raconte son enfance et sa lutte pour étudier et réussir dans ses études.

Les écrits de Jabra évoluent avec le temps. On remarque une grande différence depuis son premier roman « Hurlant dans une longue nuit » qui a paru en 1946, deux ans avant la Nakba, dans lequel il raconte l’histoire d’un journaliste et ses conflits avec la société où il vit, mais sans mentionner ni le temps, ni le lieu et en utilisant le « Je ». Dans les autres romans Jabra précise la place et le temps, c’est là la marque de la maturité d’un intellectuel réfugié.  Même son style simple devient plus compliqué en affichant ses convictions, ses sentiments et  ses émotions.

Jabra participe activement à la vie intellectuelle en Irak. En effet, il est un passionné de la civilisation arabe et reste fidèle à la cause palestinienne.  Il meurt exilé dans son pays adoptif l’Irak en 1994. 

ÿ Troisième partie :     

*    Émile Habibi (1921 - 1996):

 

Pendant que Jabra écrivait à Baghdâd des romans, des poèmes pour sa patrie natale, un autre homme palestinien aussi, journaliste et écrivain, écrivait ses romans en parlant de la cause palestinienne par des symboles et des jeux subtils de la langue dont chaque interprétation nous amène directement aux réfugiés palestiniens et aux luttes contre l’état Israélien. 

C’est Émile Habibi né à Haïfa en 1922, un an après la naissance de Jabra. Il grandit dans sa ville natale qui est sous protectorat  britannique, puis il démange à Nazareth, une autre ville palestinienne.

À l’âge de 14 ans, Habibi adhère au Parti communiste. Il croit en cette idéologie socialiste qui était bien présente parmi les Juifs de l’Europe de l’Est à cette époque. 

Il a étudié et a travaillé à Haïfa sa ville natale, puis en 1956, il déménage à Nazareth. Le changement de ville ne le pousse pas à changer d’idéologie, il reste fidèle à son parti politique.

En 1945 Habibi fonde La Ligue de Libération Nationale, un mouvement communiste palestinien, mais après la création de l’état d’Israël, Habibi associe son mouvement au parti communiste israélien. Et, en 1952,  il devient député à la Knesset jusqu’en 1972.  Par la suite, il décide de se concentrer sur la littérature et le journalisme. 

En quittant son poste comme député,  il devient le rédacteur en chef du journal el-Itihad, un quotidien de son parti communiste en arabe.  En 1991, il démissionne de son parti et un an après, il publie son livre « Vers un monde sans Cages » dans lequel il explique ses raisons pour lesquelles il a quitté son parti.

La démission de son parti le pousse à abandonner son poste comme rédacteur en chef du journal el-Itihad, le porte-parole du parti communiste. Il fonde alors sa propre revue Masha’réf.  En 1996, il décède et laisse un testament émouvant. Il demande qu’il soit écrit sur sa tombe : « je demeure à Haïfa ».  

Bien que Habibi soit un militant acharné pour le communisme, il a commencé sa vie comme animateur à la radio el-Quds en Palestine, puis journaliste pour l’hebdomadaire Méhmaze toujours en Palestine. 

Après la création de l’état d’Israël en 1948, la famille Habibi décide de rester au pays et de ne pas fuir la patrie comme tant de milliers de palestiniens.

Dans ce nouvel État, Habibi accepte de prendre la nationalité israélienne et de continuer sa vie sans se rendre compte, au premier temps, des grands changements qui ont frappés le pays. 

Il participe rapidement dans la nouvelle vie dans un État qui a remplacé son État d’origine, ce dernier a disparu de la carte, rayé définitivement de l’histoire. 

Après plusieurs livres, il rencontre le succès en 1968, où il publie un an après la Guerre des Six jours, son recueil « Hexagonales six jours » contenant six histoires qui parlent de l’invasion israélienne à Gaza, en Cisjordanie et la situation des palestiniens qui sont devenus israéliens. Mais, le virage incontournable dans sa vie comme un écrivain, c’est la publication, en 1974, de son roman « Les aventures extraordinaires de Sa'îd le peptimiste », qui a eu un succès international et a été traduit en plusieurs langues. Dans ce roman qui contient trois parties, Habibi raconte l’histoire d’un Palestinien s’appelant Sa’îd. Dans ce livre, il a inventé un nouveau mot introduit dans la langue arabe qui est « peptimiste », c'est-à-dire un mot qui associe les termes pessimisme et optimisme en même temps, et il accorde cet attribue à son héros Sa’îd le peptimiste. Ce personnage vit plusieurs aventures pas seulement avec les Israéliens, mais aussi avec les Palestiniens. Dans un style satirique, Habibi raconte les aventures de Sa’îd. 

Edouard Saïd dans son livre «La question Palestinienne»[1], décrit Habibi comme le seul écrivain palestinien qui a écrit dans ce style en se moquant de la colonisation israélienne.    

Habibi a continué à écrire, cependant, il n’a jamais parlé ouvertement de la résistance palestinienne, car cette dernière est considérée aux yeux du gouvernement israélien comme une organisation terroriste, c’est pourquoi il y faisait allusion sans mentionner directement la résistance palestinienne.

ÿ Quatrième partie :

 

Les deux écrivains vivent dans une atmosphère différente, Habibi vit en Palestine qui est devenue Israël, il a perdu son identité et a obtenu la nationalité israélienne, mais il ne s’est pas départi de sa langue maternelle bien qu’il parle l’hébreu qui est la langue officielle du nouvel État.                                               

 Dans ce climat, Habibi lutte sous la bannière du parti communiste et entre à la Knesset. Et, pendant vingt ans (1952-1972) il essaie de défendre son peuple et ses origines et sauve en même temps la mémoire de son peuple. Après deux décennies de lutte, il jette l’éponge et se concentre sur sa plume et rapidement il devient un écrivain incontournable de la littérature palestinienne, mais resteaussi une figure politique.

Son style satirique a suscité beaucoup de bruit, et son chef d’œuvre «Les aventures extraordinaires de Sa'îd le peptimiste » est considéré comme un virage radical dans la littérature palestinienne. Ce style donne à Habibi une vaste marge afin de critiquer la politique Israélienne et défendre les droits des palestiniens en même temps sans toutefois provoquer d’hostilité auprès de la police israélienne.

Habibi continue à écrire et à publier ses livres et ses articles dans le journal de son parti politique el-Itihad jusqu’au jour où tout allait changer avec la chute de l’Union soviétique et sa disparition en 1991. C’est alors que Habibi prend la décision de quitter son parti et son poste comme rédacteur en chef. En parallèle, il écrit son livre « Vers un monde sans Cages » où il explique les raisons de son choix de ne plus adhérer à la mouvance communiste.

Hibibi devient une icône pour les israéliens et les palestiniens. Il reçoit en1990 la médaille d’el Quds de la part de l’Organisation de Libération de la Palestine (O.L.P). Deux ans après, il reçoit le prix prestigieux de la littérature israélienne.        

Tandis que Habibi lutte à sa manière pour la cause palestinienne en Israël, Jabra Ibrahim Jabra essaie de préserver  son identité en Irak où il se réfugie après la création d’Israël en 1948. D’ailleurs, il trouve que la littérature peut aider les palestiniens à défendre leur patrie et empêcher la mémoire de son peuple de disparaitre. C’est pourquoi,  il écrit, traduit et critique. Tous ses ouvrages littéraires coulent dans un seul but : rester attaché à son pays natal et expliquer à la nouvelle génération palestinienne et arabe la souffrance du peuple palestinien malgré la distance qui les sépare de la Palestine, cette dernière reste dans le cœur de tous les palestiniens qui rêvent de retourner un jour dans leur pays.

Son roman « À la recherche de Walid Mass’aud »  démontre la force de son style à la fois compliqué et fascinant en créant autour de Walid Mass’aud, le héros de son roman, une aura passionnante. C’est l’histoire d’un palestinien qui ressemble aux autres palestiniens qui préservent, leur amour et leur nostalgie de leur patrie et lutte avec acharnement afin de retourner à leur pays. Et, par ses traductions de nombreux ouvrages de l’anglais à arabe, Jabra montre sa passion de la littérature mondiale et son amourpour toutes les civilisations. Au côté de sa plume prolifique, il était doué pour le dessin, il a même illustré ses livres de certains souvenirs vécus en Palestine. De plus, il a publié quelques recueils de poèmes, mais sans doute ses romans ajoutent à la littérature arabe et palestinienne une expérience particulière. 

Cependant, Jabra n’a pas eu la reconnaissance de l’Autorité palestinienne, peut-être à cause de son refuge en Irak qui a vécu plusieurs guerres et a provoqué l’hostilité pas seulement de la part de certains régimes arabes, mais aussi des grandes nations du monde. De plus, sa décision de ne pas se mêler de la politique irakienne, a fait qu’il est resté loin des bonnes grâces  du régime Baathiste et de son leader Saddam Hussein.

Malgré tout, Jabra a conservé une personnalité particulière qui a défendu la cause palestinienne à sa manière sans causer de vagues autour de lui.

ÿ Conclusion

 

Jabra et Habibi sont deux écrivains palestiniens qui n’ont pas toujours reçus l’attention, les éloges et la reconnaissance qu’ils méritaient. Bien que les deux possèdent des idées différentes, Habibi prêche la cohabitation avec les israéliens et le partage de la terre sainte, tandis que Jabra vit dans la nostalgie et prêche le retour des réfugiés et la libération de la Palestine. 

Ces deux écrivains ayant vécu dans des atmosphères différentes et des expériences très  distinctes méritent cependant une étude approfondie qui montre leur engagement, leur fidélité et leur dévouement à leur cause sans bruit et sans attentes de reconnaissance. 

Ainsi, la comparaison entre ces deux écrivains qui ont vécu dans des climats différents permet de montrer à quel point les palestiniens cherchent par tous les moyens de rester attachés à leur pays pas seulement par le fusil sur leur épaule, mais aussi par la voie de la littérature.          



-        [1] La question de Palestine / Edward W. Said. France, Arles : Sindbad : Actes Sud, 2010.