mardi 9 mai 2017

Richard is dead!


By: Adam MIRA

Today on the after noon, when I returned home; I have met my neighbor Carlos, he told me that: « Richard died at 7:00 am». I felt very bad and sad.
Sometimes after, I’ve spoken to him because Richard was his best friend. When I met him, he was very sad, he looked at me and he cried, his tears were fell without stopping.  
I spoke to him a few minutes about his friend; he told me that: « he was a good man, friendly, strong and every time smile».
I asked him: how did he meet Richard?
He answered: «In reality, he is not my friend, but sometimes, I met him at home of my friend (he did not tell me the name of his friend) at the time, I weaved a relation with Richard because I found him a good man.
Unfortunately, I did not see him during long time, maybe about eight years! One day, when I have sat in front of this building, I have heard a person who asked me: «are you Bud? » Bud has not known him immediately, but he has remembered his voice. 


One week after, Richard has phoned him, he told him that: « I am in hospital and I need your help ».  Bud left his home immediately and went to the hospital, he has met his friend, and he has known a very sad and bad news. Richard had cancer or tumor in his brain, six tumors! According his doctor, Richard may be; will be surviving four or five months. 
On January 2, 2010, Richard asked Bud to come home with him because he did not have a family (his wife died 20years ago because of cancer, and his mother died because of cancer too. When his wife died, he hated life, and he waited his death). 
Bud and Richard have lived together for five months, Richard did not have been good days, but he has smiled! 


At 7:00 am, Richard died, and he went to meet his family; his wife and his mom in the other side of beyond. I am sure, he will be feeling glad and happy because his soul free from of his body,  he flied without any pain or grief!
Good bye Richard, and I hope to will be better with your family, I am very happy for you, and I hope your illness will disappear forever!

Montreal, May10, 2010

jeudi 4 mai 2017

Deux femmes, deux destins: Woolf et Baillargeon!

Par: Adam MIRA

Deux époques, deux femmes, deux féministes, deux âmes rebelles, chacune entre d’elles décide de son chemin, malgré les embûches et les obstacles qui entravent leurs existences.  

             L’une est anglaise, Virginia Woolf, née en 1882 à Londres dans une famille riche et cultivée, son père la prive d’étudier, elle se suicide tragiquement en 1942.
L’autre est québécoise, Paule Baillargeon, née en 1946 à Abitibi-Témiscamingue au Québec dans une famille de classe moyenne, démangée avec elle à l’âge bas à Montréal où elle étudie le théâtre.
L’une prend sa plume pour défendre sa cause, l’autre passe par la caméra, cependant les deux ont le même objectif de défendre les femmes.

             Virginia Woolf dans son essai Une pièce bien à soi emploie son talent pour défendre les femmes et insiste à travers plusieurs chapitres sur le fait que les femmes sont capables de servir la société là où elles vivent. Pour parler d’elles, Woolf voyage dans le temps en présentant des exemples pour intensifier la force et la puissance de ses pensées. Chaque lieu, recoin ou place où elle se déplace dans chaque chapitre de cet ouvrage est une occasion pour l’auteure de mettre en avant ses idées concernant les femmes.

En revanche, Paule Baillargeon exploite l’image dans son film Trente tableaux pour raconter son histoire personnelle, faire son autobiographie depuis son enfance jusqu’à son âge avancée et cela à travers des retours en arrière (flash-backs), des bandes dessinées et finalement d’un long métrage. L’histoire de cette femme est le récit de certaines dames de son âge, ces dernières qui défendent leur droit tel que l’égalité entre les femmes et les hommes dans la société.

À partir de son ouvrage Une pièce bien à soi paru en 1929 et traduit en français en 1956, Virginia Woolf envisage de dévoiler sa pensée féministe à travers son écriture. Selon l’introduction de cette œuvre, l’auteure a reçu une invitation le mois d’octobre 1928 de la part de l’Université de Cambridge afin de donner une conférence intitulée :  Les femmes et la fiction où elle met en avant les liens tissés par les femmes avec la littérature et qui sont distinctes de ceux des hommes. 

Depuis le titre, nous distinguions que l’auteure veut passer un message clair et percutant que les femmes manquent d’espaces et de moyens afin d’être capables de produire leurs œuvres et d’accomplir leurs rêves. Quant à elle, elles ont besoin d’un lieu intime dans lequel chaque créatrice sera habile de faire ce qu’elle voudra sans empêchement et sans obstacle.
Dès lors le titre, nous comprenons qu’il y a un sens dissimulé derrière ces quelques mots, une invitation à la révolte pour que les femmes arrachent leurs droits de la société qui les méprisent. C’est l’âme rebelle de l’auteure qui se cache derrière cette plume de plomb qui veut émanciper l’être féminin. 

Cependant, à quoi ça sert d’avoir un lieu intime sans avoir les moyens de survivre ?  Cinq cents livres sont suffisants pour qu’une femme puisse entamer sa vie. Dans plusieurs passages, l’auteure insiste sur cette somme d’argent étant la clé de l’émancipation.
En voyageant à travers le temps, Woolf crée un personnage pour soutenir son idée de l’habilité des femmes à inventer.

             Le film Trente Tableaux est composé de plusieurs techniques d’art : une lecture, une projection et une exposition encadrent dans chaque tableau une période de la vie de la réalisatrice, son histoire qui nous amène à vivre à travers son parcours la période de sa génération. Le scénario est bien construit à travers des retours en arrière (flash-backs) et ce genre de construction a pour avantage d’obliger le spectateur à le suivre jusqu’à la fin. Seule Paule connait la prochaine scène, le spectateur suit les yeux rivés sur l’écran, il n’y a aucune idée de quelle époque elle va parler. La voix hors champ (voix off) nous guide, nous explique avec une voix tendre et un accent particulier du Québec, bien que l’histoire de cette femme soit l’histoire de beaucoup d’autres dans le monde.  
             Le premier mot prononcé par la narratrice est : j’écris ! Ce mot est suffisant pour dire que les femmes ont le droit d’apprendre. Cependant, ce mot explique rapidement la nouvelle situation des femmes du XXe siècle pendant lequel elles ont eu le droit de fréquenter l’école, puis l’université sans prêter garde à leur statue dans la société. C’est une victoire incontournable pour le mouvement féministe.

Une scène très touchante montre Paule avec sa mère, entre les deux femmes la guerre était déclarée pendant longtemps, car la mère n’arrivait pas à comprendre sa fille, mais elle se réconcilie avec sa mère et avec elle-même, et elle finit son film en l’Abitibi, la ville où elle est née, pour nous dire qu’elle retourne à la source.

              En somme, Woolf est partie dans l’au-delà en laissant derrière elle des œuvres littéraires remarquables qui font l’éloge des femmes et les encouragent à lutter pour prendre la place qui leur est due dans ce monde. Quant à Baillargeon, elle réalise des films et écrit des romans pour raconter l’histoire de femmes à travers le cinéma. Chacune de ces deux femmes remarquables a choisi sa voie pour aider les femmes à s’exprimer et à s’émanciper et à lutter contre l’injustice. Réaliser un rêve est tout ce que nous avons pour continuer à vivre.                             A.M

 Bibliographie :


1-  Monique Nathan, Virginia Woolf par elle-même, Édition du Seuil, France, Paris 1963.
2- Virginia Woolf, Lectures intime, ÉDITIONS Robert Laffront, France, Paris, 2013.
3- Sophie Dubé, Paule Baillargeon : cinéaste et féministe : parcours d'émancipation et de subjectivation d'une femme en robe rouge, Thèse. Études cinématographiques (Maîtrise), Université de Montréal, 2013.
4- Monique Nathan, Virginia Woolf par elle-même, Édition du Seuil, France, Paris 1963.
5- Liteau, Durocher, Robert, Ricard, Histoire du Québec contemporaine depuis1930, Tome II, Édition Boréal, Québec, Montréal. 1989.
6- Denyse Baillargeon, Brève histoire des femmes au Québec, Édition Boréal, Québec, Montréal.2012.
7- Virginia Woolf, Le cinéma et autres essais, Les Éditions de Paris, France, Paris, 2012.
8- Virginia Woolf, Une pièce bien à soi, Éditions Payot & rivage, France, Paris, 2012.
9- Victor Bachy, Pour lire le cinéma et les nouvelles images, Les Éditions du Cerf, France, Paris.


lundi 1 mai 2017

Ghassan Kanafani : Retour à Haïfa



1.Introduction :


Par: Adam MIRA

Ghassan Kanafani (1936-1972) est un écrivain qui a brandi sa plume comme une arme afin de défendre sa cause, celle de son pays, la Palestine. Il a été assassiné par le Mossad israélien pour ses écrits.
La nouvelle Retour à Haïfa est sa dernière inspiration et est un testament littéraire et politique de l’auteur assassiné.
Ce texte est l’histoire de tous les Palestiniens qui ont perdu leur patrie, leur terre, leur identité et qui sont à la recherche d’une solution à leur malheur et comme ceux qui sont restés au pays, ils vivent avec leur passé, leurs souvenirs en attendant un dénouement à une situation complexe qui tarde à venir.
Retour à Haïfa prêche le refus de s’assimiler au colonisateur, et présente le chemin de la violence comme le seul outil possible afin de libérer la Palestine, de récupérer la culture et l’identité d’un peuple exilé et colonisé.
Cette nouvelle offre l’occasion de mettre en avant plusieurs concepts étudiés au cours de Littérature et théorie de la culture, surtout : la colonisation, l’essentialisme identitaire, l’acculturation et la décolonisation, l’image de l’autre et son autoreprésentation.
Nous pouvons rejoindre Fanon et Memmi dans des passages, Michel Agier et Édouard Saïd dans d’autres.
Mon travail est d’effectuer des recherches dans les écrits étudiés pendant cette session afin d’analyser, de résoudre et de répondre aux questions suivantes de ma problématique : quelle est l’identité d’un exilé ? Quel est le regard du colonisateur envers le colonisé ? Pourquoi la violence est-elle le seul chemin à choisir ?
La nouvelle Retour à Haïfa raconte l’histoire d’un couple palestinien qui regagne son pays la Palestine colonisée après deux défaites de 1948 et de 1967. Le lendemain de cette dernière, c’est le moment pour le couple de retourner à leur ville natale pour récupérer l’enfant oublié pendant sa fuite précipitée vingt ans auparavant. À l’arrivée du couple à la maison abandonnée, une famille juive l’occupe, elle a adopté aussi l’enfant oublié Khaldoun qui a pris son nouveau patronyme Dov et qui sert dans l’armée israélienne. La rencontre déchirante entre les parents et leur fils tourne très mal, par conséquent, le père décide de prendre son sort en main par la violence.
2.     Définitions :
Trois termes importants sont à définir : la violence, l’assimilation, la culture et l’identité. Selon le Larousse, « la violence est un caractère de ce qui se manifeste, se produit ou produit ses effets avec une force intense, brutale et souvent destructrice. Ou ensemble des actes caractérisés par des abus de la force physique, des utilisations d'armes, des relations d'une extrême agressivité.» Selon le protagoniste de la nouvelle Retour à Haïfa, qui est le père, celui-ci décide d’utiliser la voie de la lutte armée comme seule alternative afin de récupérer ce qu’il a perdu. D’ailleurs, Kanafani était le porte-parole du mouvement palestinien de tendance extrême gauche Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), cette mouvance ayant sa devise : « La violence révolutionnaire est le seul chemin pour libérer la Palestine.» Quant à l'assimilation est «intégrer quelqu'un, une minorité à un groupe social, lui faire prendre les caractères de celui-ci.» Dans ce cas, le colonisateur oblige à travers des subterfuges d’assimiler les Palestiniens, les autochtones, comme le fils abandonné dans la nouvelle. Et, la culture est : «des communautés qui pratiquent la même langue, habitent le territoire, ont certaines mémoires communes[1].»  Finalement, l’identité collective : « Est une vision de la vie d’un groupe ou d’un peuple.[2]» Cette définition nous amène à parler de l’image de l’autre, de l’identité essentialiste et des stéréotypes qui orientent la vision de chaque identité, principalement entre colonisateur et colonisé, tel est notre cas dans cette recherche.                    
3.     Détruire une identité :
Une mise en scène orchestrée par l’auteur afin d’imprégner le lecteur de l’atmosphère de l’époque pour comprendre la situation de l’orient, et celle de ce couple qui a dû attendre ardemment deux décennies pour pouvoir entreprendre ce voyage de retour vers sa patrie perdue et colonisée.
·       3-A Effacer une identité :
L’auteur glisse rapidement une phrase afin de pointer du doigt comment le vainqueur a effacé la trace de l’identité arabo-palestinienne des lieux en changeant tout de suite les noms des places colonisées :
 «… Vingt ans avant s’appela Marj Bani Amir[3]…»
À cause de la décision des Nations-Unis en 1947 permettant la création d’un état juif en Palestine, il en a découlé le remplacement du peuple Palestinien par un autre, les sionistes juifs. Ainsi, le colonisateur veut effacer l’identité du pays colonisé pour créer une nouvelle identité, celle qui est à son image.
« La Palestine arabe a été détruite en 1948, et ses habitants, à l’exception de quelque cent vingt mille âmes, en ont été chassés au cours d’un terrifiant exode général : un nouvel État juif, Israël, est venu au monde.[4]»

En l’espace de très peu de temps, les milices terroristes sionistes ont chassé des dizaines de milliers de palestiniens par la force et la violence, créant ainsi un peuple exilé, déchiré qui a perdu ses repères et qui a pris longtemps afin de prendre son sort en main. L’exilé forcé ou le réfugié perd sa boussole, abasourdi il est toujours à la recherche de quelque chose lié avec son passé, il est tout le temps en état de nervosité, car il ne trouve pas ce qu’il a perdu, par conséquent, il cherche toujours. Michel Agier dit :
 « L’exode dans la guerre n’est pas la simple migration d’un lieu à un autre. Mieux vaudrait dire d’emblée que les réfugiés ne sont pas des migrants. Non seulement ils n’ont pas choisi d’être mobiles, mais en outre leur exil prolonge les violences, les massacres et les peurs qui l’ont provoqué et qui ont redéfini leur identité le plus intime,[5]».

·       3-B : Les Palestiniens se défendent :
Lorsque les Palestiniens se sont réveillés de tant de défaites, des ans après, ils commencent à organiser leur défense afin de préserver leur culture et leur identité. D’ailleurs, le seul peuple qui nomme sa nourriture, sa culture, sa danse folklorique, etc. aux noms de leurs villes, car les Israéliens volent activement l’identité palestinienne pour que le monde oublie la Palestine et son peuple. Par conséquent, les Palestiniens ont leur fromage d’Acre (جبن عكاوي) au nom de la ville Aka et Knafa de Naplouse (كنافة نابلسية) au nom de la ville de Naplouse, etc., ils mènent en réalité une guerre sur tous les fronts afin de défendre et de préserver leur identité. Kanafani saisit bien ce détail et il insiste dans chacun de ces écrits sur cet aspect. Il a d’ailleurs créé des personnages comme Om Saad, le symbole de la mère palestinienne, afin qu’elle reste un repère pour ce peuple exilé, arraché à sa terre par la force et la violence. Il rappelle aussi le complot international tel que le célèbre décret britannique de Balfour daté du deux novembre 1917 qui promettait aux juifs la création d’un état en Palestine.
4.     Le cliché et le stéréotype :
La rencontre entre les parents et leur fils est une confrontation entre colonisé et colonisateur, chacun des deux possède déjà une image de l’autre, une vision difficile à rectifier.
·       4-A. L’image du colonisé : 
Le discours entre Khaldoun qui est devenu Dov et son père biologique Saïd montre l’image négative inscrite dans la conscience de ce garçon assimilé aux colonisateurs :
« Quand j’ai su que vous étiez arabes, je n’ai pas arrêté de me demander : Comment un père et une mère peuvent-ils abandonner leur fils de cinq mois et s’enfuir ?» et il ajoute : « Je suis ici, cette femme est ma mère ; vous deux, je ne vous connais pas et je ne ressens pour vous aucun sentiment particulier.[6]» 

C’est une image négative associée au colonisé ou au réfugié, celle d’une personne irresponsable, retardée et incapable de protéger ni sa famille ni qui se soit. Il ne mérite même pas de trouver une justification à son comportement, car il est en réalité désavoué, déshumanisé totalement par le colonisateur. D’ailleurs, selon lui, le colonisé ou l’exilé à lui seul appartient la responsabilité de sa situation économique, politique, sociale, etc. Albert Memmi décrit très bien cette situation :
«…rien ne pourrait mieux justifier le dénuement du colonisé que son oisiveté.[7]»

Le colonisé est incapable d’assumer la moindre responsabilité, Memmi continue :

« … Le colonisé, quelque fonction qu’il assume, quelque zèle qu’il y déploie, ne serait jamais autre que paresseux.[8]»

Nous protégeons le colonisé en le privant de responsabilité, et Memmi tranche :

« … Le colonisé est un arriéré pervers, aux instincts mauvais, voleur, un peu sadique,…, il faut bien se défendre contre les dangereuses sottises d’un irresponsable ; et aussi, souci méritoire, le défendre contre lui-même ![9]»

Dans ce cas, le colonisateur tombe dans le piège de l’identité essentialiste, il catégorise le colonisé selon un stéréotype, le moule et le façonne irréversiblement à sa manière de penser.
·       4-B. Le moule et l’identité figée :
Michel Agier définit la pensée de Dov à propos de ses parents, ce fils abandonné incarne parfaitement la personnalité du colonisateur, celui qui condamne le colonisé qui est son père et sa mère sans avoir aucune culpabilité de les traiter comme des individus irresponsables :
« À croire que les identités des autres peuvent être définies et figées une fois pour toutes et de forme absolue, hors du contexte de relations dans lequel elles sont dites à un moment donné. Ce déni d’actualité a pour effet de les « essentialiser » dans un langage racial (« Noirs »), ethnique (« Roms »), religieux (« musulmans »), voire urbain (« ghetto »), ou tout autre encore à inventer.[10]»

Dans la même voie, le professeur Jan Berting analyse le sens de stéréotype de l’Autre :

 « … Se restreint souvent à leur description, à la détermination de leurs fonctions pour un groupe quelconque et à leur rôle dans l’interaction entre des groupes porteurs des stéréotypes spécifiques.[11]»

Par conséquent, la rencontre qui tourne mal montre que le colonisé, qui a en effet perdu tout : son fils, sa terre, sa culture, son passé et sa patrie, cherche une solution digne à cette posture délicate, il ne trouve que la violence qui est le seul dénouement possible afin de répondre à l’humiliation et à l’ignoble moment vécu avec Khaldoun-Dov.
5.     La violence révolutionnaire :
En ce moment fatidique, le protagoniste de la nouvelle Retour à Haïfa tranche et prend son sort en main. Pour lui, il faut donner une leçon à l’ennemi. Mao Tsé-Toung dit :
« Entre ennemis et nous, il nous faut tracer une ligne de démarcation bien nette.[12]»  
·       5-A. l’émancipation :
À la fin de la rencontre entre Dov et Saïd (le père biologique), ce dernier tranche et dit :
« Vous pouvez rester chez nous provisoirement ; mais seule une guerre pourra régler
le problème.[13]»

Pendant le voyage du retour, Saïd se tut longtemps avant d’avouer à sa femme son souhait que son fils cadet rejoigne la résistance palestinienne :
« Je souhaite que Khalid soit parti…pendant notre absence.[14]»
La décolonisation est un acte lucide afin que le colonisé reprenne sa liberté, ce geste crée un être nouveau libre et qui tient son sort entre ses mains. Frantz Fanon dit :
«La décolonisation ne passe jamais inaperçue, car elle porte sur l’être, elle modifie fondamentalement l’être, elle transforme des spectateurs écrasés d’inessentialité en acteurs privilégiés, saisis de façons quasi grandiose par le faisceau de l’histoire. Elle introduit dans l’être un rythme propre, apporté par les nouveaux hommes, un nouveau langage, une nouvelle humanité. La décolonisation est véritablement la création d’hommes nouveaux[15]

La seule voie afin d’être émancipé et libre c’est la violence, et pour former une société, un État, un pays, la violence est le seul chemin. Fanon continue :
«… Les fameux échelons qui définissent une société organisée, ne peut triompher que si on jette dans la balance tous les moyens, y compris bien sûr, la violence.[16]»

 Puis, il ajoute :

 « Le colonisé qui décide de réaliser ce programme, de s’en faire le moteur, est préparé de tout temps à la violence,…, il est clair pour lui que ce monde rétréci, semé d’interdictions, ne peut être remis en question que par la violence absolue.[17]»

·       B-5. une génération révolutionnaire :
Saïd est la voie d’un courant palestinien actif pendant les années 1960, cette génération d’extrême gauche pense que la violence armée est le chemin absolu afin de libérer la Palestine. Des mouvements révolutionnaires palestiniens commencent leurs activités militaires depuis 1956, c’est deux ans après le déclenchement de la Révolution algérienne. D’ailleurs, les leaders palestiniens de cette époque dont Salah Khalaf alias Abou Iyad, un cofondateur de la mouvance Fatah, insiste dans son livre Un palestinien sans identité que la Révolution algérienne, qui a pris la violence comme outil de libération, est un exemple à suivre. À cette date, la résistance palestinienne débute et exécute des opérations militaires contre la colonisation israélienne.
En outre, Fanon est devenu un auteur incontournable pour les gauchistes afin d’intégrer les rangs des fédayins palestiniens. Fanon dit :
« Faire sauter le monde colonial est désormais une image d’action très claire, très compréhensible et pouvant être reprise par chacun des individus constituant le peuple colonisé. Disloquer le monde colonial ne signifie pas qu’après l’abolition des frontières on aménagera des voies de passage entre les deux zones. Détruire le monde colonial c’est ni plus ni moins abolir une zone, l’enfouir au plus profond du sol ou l’expulser du territoire.[18]» 

6.     Conclusion :
En somme, Kanafani a perdu sa vie pour sa cause, comme beaucoup d’intellectuels palestiniens qui ne savent même pas utiliser une arme, néanmoins leur force est leur plume qui fait trembler le colonisateur qui a peur de tout ce qui enracine l’histoire et la mémoire du colonisé.  
Très souvent un mot est plus fort qu’une arme, sa force de frappe ébranle les consciences. Cependant, la violence reste pour beaucoup une voie absolue afin de réaliser leur rêve, de récupérer leur identité et de préserver leur culture, et surtout de retourner à leur patrie.
La vie continue pour certains, s’arrête pour d'autres, néanmoins, le rêve de retourner à Haïfa reste immortel !
7.     Bibliographie :
1.     Michel Agier, La condition cosmopolite : l'anthropologie à l'épreuve du piège identitaire, Édit. La Découverte, France, Paris, 2013 ;
2.     Coordonné par Bruno Olivier, Les identités collectives à l’heure de la mondialisation, Edit. CNRS, France, Paris, 2009 ;
3.     Ghassan Kanafani, Retour à Haïfa et autres nouvelles, Tard. Jocelyne & Abdellatif Laâbi, Édit. Sindbad, France, Arles, 1997 ;
4.     Albert Memmi, portrait du colonisé, portait du colonisateur, Édit. Gallimard, France, Paris, 1985 ;
5.     Edward Saïd, Entre guerre et paix, Édit. Arléa, France, Paris, 1997 ;
6.     Tzvetan Todorov, Nous et les autres La réflexion français sur la diversité humaine, Édit. du Seuil, France, Paris, 1989 ;
7.     Émile Marenssin, La« Bande à Baader» ou la violence révolutionnaire, Édit. Champ libre, France, Paris, 1972 ;
8.     Frantz Fanon, Les damnés de la terre, Édit. LA Découverte & Syros, France, Paris, 2002 ;
9.     Michel Agier, Aux bords du monde, les réfugiés, Édit. Flammarion, France, Paris, 2002.  



[1] .Tzvetan Todorov, Nous et les autres La réflexion français sur la diversité humaine, Édit du Seuil, France, Paris, 1989, p.237
[2] Coordonné par Bruno Olivier, Les identités collectives à l’heure de la mondialisation, Edit. CNRS, France, Paris. 2009, p.63
[3] Ghassan Kanafani, Retour à Haïfa et autres nouvelles, Tard. Jocelyne & Abdellatif Laâbi, Édit. Sindbad, France, Arles.1997, p.86
[4] Edward Saïd, Entre guerre et paix, Édition Arléa, France, Paris. 1997, p.15.
[5] Michel Agier, Aux bords du monde, les réfugiés, Édit. Flammarion, France, Paris, 2002, p.47 
[6] Ghassan Kanafani, Retour à Haïfa et autres nouvelles, Tard. Jocelyne & Abdellatif Laâbi, Édit. Sindbad, France, Arles.1997, p.120
[7] Albert Memmi, portrait du colonisé, portait du colonisateur, Édit. Gallimard, France, Paris. 1985. P.99
[8] Ibid., p.100
[9] Ibid., p.102
[10] Michel Agier, La condition cosmopolite : l'anthropologie à l'épreuve du piège identitaire, Édit. La Découverte, France, Paris, 2013, p. 129-130
[11] Coordonné par Bruno Olivier, Les identités collectives à l’heure de la mondialisation, Edit. CNRS, France, Paris. 2009, p.57
[12] Émile Marenssin, La« Bande à Baader» ou la violence révolutionnaire, Édit. Champ libre, France, Paris, 1972, p.97
[13] Ghassan Kanafani, Retour à Haïfa et autres nouvelles, Tard. Jocelyne & Abdellatif Laâbi, Édit. Sindbad, France, Arles, 1997, p.126
[14] Ibid., p.127
[15]  Frantz Fanon, Les damnés de la terre, Édit. La Découverte & Syros, France, Paris, 2002, p.40
[16] Ibid., p.46
[17] Ibid., p.46
[18] Ibid., p.49