jeudi 4 janvier 2018

Rêve, oracle et prémonition




La relation entre trois thèmes : rêve, oracle et prémonition, elle nous amène à étudier l’intertextualité entre les trois textes : Œdipe Roi, la Genèse et Gilgamesh pour bien comprendre chaque thème paru dans les trois rédactions.

Par : Adam Mira

Il est nécessaire dès le début d’expliquer le thème intertextualité qui désigne la relation établie par le lecteur entre un texte littéraire et un autre ou d’autres textes qui l’ont précédé. L’intertextualité constitue un domaine très vaste composé de formules anonymes, de citations, de références claires ou implicites, mais aussi de clichés et de stéréotypes.

Trois textes de différentes époques parlent d’un thème qui possède plusieurs significations selon l’époque et la source, bien que l’homme qui reçoive ce message qui est énigmatique pour certains, clair pour d’autres, il a dans tous les cas besoin de l’interpréter ou de le suivre de gré sans gré. 

Gilgamesh est le premier texte écrit par l’homme se trouvant à Mésopotamie où la première civilisation émergée il y a plus de sept mille ans. Un texte épique d’une civilisation polythéiste. Le deuxième texte est Œdipe Roi, lui aussi est une rédaction qui contient les mêmes caractères que le premier texte avec un peu de différence, elle a été écrite en Grèce, en Europe, pas très loin de Mésopotamie et quelques siècles après. Par contre, la troisième composition comprend des caractères totalement distincts : un texte divin qui déclare l’émergence du monothéisme. Par conséquent, les trois textes abordent le songe sous interprétation dissemblable où l’homme le reçoit par une force surnaturelle.


Gilgamesh et Enkidou sont les deux personnages principaux de l’épopée de Gilgamesh. Chacun d’entre deux a fait un ou plusieurs rêvés, et chacun interprète le songe de son ami sans beaucoup de difficultés. L’interprétation de songe n’a vraiment pas besoin d’apprentissages particuliers ou une connaissance vaste. D’ailleurs, en général, le rêve dans le texte de l’antiquité contient deux aspects : le premier, qu’il vient d’une puissance surnaturelle, et le deuxième est afin d’annoncer un rapport entre le moment présent et l’avenir. Cela dit que le songe comprenant des allégories, il prédit ce qu’il va venir dans l’avenir. 

Le premier rêve de l’épopée de Gilgamesh est la préparation de Gilgamesh avant sa rencontre avec Enkidou qui sera son ami. Le songe contient certaines allégories qui seront interprétées par une sage. Il faut aussi signaler que la présence de rêve dans le texte en question est pour le roulement de l’intrigue. Chaque fois où se trouve un rêve dans la rédaction est pour prévenir qu’il y aura une nouvelle histoire.

Gilgamesh raconte son songe à sa mère, le sage, afin de connaitre les allégories parues dans son rêve.

« En ce même instant, Gilgamesh se lève et raconte ses rêves à sa mère Ninsoun :

Ma mère cette nuit j’ai fait un rêve.

Je marchais fier parmi les héros,

Le ciel brillait d’étoile,

Et une étoile, comme un héros du ciel d’Aoun

Est tombée vers moi.

J’ai voulu la porter, elle était trop lourde.

J’ai voulu la pousser, je n’ai pu la bouger.

Auteur d’elle, les gens du pays s’assemblaient

Et lui baissaient les pieds.

Je l’ai aimée et me suis penché sur elle

Comme on se penche sur une femme`

Je l’ai soulevée et déposée à tes pieds

Et toi tu l’as rendue égale à moi. »

Ninsoun, la mère, interprète le rêve de son fils, et elle arrive facilement à l’expliquer sans aucune difficulté, car elle est savante. Elle lui annonce qu’il va rencontrer une personne forte et sera son ami intime et fidèle.


« L’Étoile du ciel, ta semblable

 

Celle qui est tombée sur toi

.

.

.

Cela représente un compagnon fidèle

Et plein de force

Qui te viendra en aide.

.

.

Que tu l’aies aimé

Que tu te sois penché sur lui

..

Voilà la signification de ton rêve. »

Gilgamesh raconte un autre songe à sa mère, il a besoin de son interprétation à propos de certains allégories ou symboles parus dans son rêve.

« Ma mère j’ai fait un second rêve :

Sur la place d’Ourouk aux remparts,

j’ai vu une hache.

Autour d’elle les gens s’assemblaient

je l’ai aimée et me suis penché sur elle comme sur une femme,

puis je l’ai déposée à tes pieds

et tu l’as rendue égale à moi. »

 La mère, la savante, elle l’interprète et décrit en détail la personne qui va venir à son aide et être son ami fidèle.

« La hache que tu as vue

est un homme.

Que tu l’aies aimée

que tu te sois penché sur elle

comme tu te penches sur une femme

et que je l’aie rendue égale à toi

cela signifie qu’un compagnon fidèle

et plein de force

te vient en aide.

Il est le plus fort dans le pays

et d’une grande vigueur

sa vigueur est comme celle d’Anou. »


Le roulement de l’épopée de Gilgamesh montre que les deux rêves sont bien réalisés, et ce texte contient plusieurs rêves pour des obligations narratives.

Par contre, l’oracle dans Œdipe Roi prend un autre sens, où il peut se trompe. Œdipe évite son sort en fuyant l’oracle, mais bien qu’il continue à fuir son sort, il remplit sa mission et exécute son destin. Il est possible que l’homme se trompe de prédire l’avenir, car chaque oracle comprend plusieurs interprétations, par conséquent, il est difficile de prophétiser.

Jocaste s’adresse la parole à Œdipe.

« Jocaste : va, absous-toi, toi-même du crime dont tu parles, et écoute-moi. Tu verras que jamais créature humaine ne posséda rien de l’art de prédire. Et je vais t’en donner la preuve en peu de mots. Un oracle arriva jadis à Laïos, non d’Apollon lui-même, mais de ses serviteurs. Le sort qu’il avait à attendre était de périr sous le bras d’un fils qui naîtrait de lui et de moi. Or Laïos, dit la rumeur publique, ce sont des brigands étrangers qui l’ont abattu, au croisement de deux chemins; et d’autre part, l’enfant une fois né, trois jours ne s’étaient pas écoulés, que déjà Laïos, lui liant les talons, l’avait fait jeter sur un mont désert. Là aussi Apollon ne put faire ni que le fils tuât son père, ni que Laïos, comme il le redoutait, pérît par la main de son fils. C’était bien pourtant le destin que des voix prophétiques nous avaient signifié! De ces voix-là ne tiens donc aucun compte. Les choses dont un dieu poursuit l’Achèvement, il saura bien révéler lui-même. »

  Œdipe cherche sans arrête pour résoudre l’oracle qu’il fuit, mais il est finalement devant son sort, le temps presse afin que le concerné sache la vérité. Sa mère, qui est sa femme en même temps, elle le guide afin de connaitre davantage sur l’oracle, et elle insiste sur un point que les oracles peuvent se tromper.

« Œdipe : ô très chère femme, Jocaste que j’aime, pourquoi m’as-tu fait chercher dans le palais?

Jocaste : Écoute l’homme qui est là, et vois en l’écoutant ce que sont devenus ces oracles augustes d’un dieu. »

 


Par contre, le rêve dans la Genèse est totalement dissemblance, dans le monde de la Bible, nous avons Dieu qui envoie le rêve à un prophète, chaque songe se réalisera à l’avenir, l’homme ne fait que suivre la volonté de Iahvé.   

Le Testament Abrahamique contient de nombreux rêves dont la Genèse, cependant, les songes de Joseph est à priori le plus célèbre parmi toutes les histoires connues liées à un rêve. Les rêves racontés par Joseph à ses frères et à son père sont clairs, d’ailleurs, il est difficile de se tromper de l’interprétation. La naïveté de Joseph de réciter à ses frangins ses rêves, qui montrent qu’il sera leur chef, provoque leur haine et remplissent leurs cœurs de jalousie et de rancune, et tellement ils étaient en colère contre lui, ils lui parlent avec agressivité, mais le jeune naïf continue à parler avec eux sans se rendre compte le mal qui lui va arriver. Cependant, il exécute la volonté de Dieu. 

« Joseph eut un songe et le raconta à ses frères, qui le haïrent encore plus. Il leur dit : « Écoutez donc ce songe que j’ai eu! Voici que nous étions en train de gerber des gerbes, au milieu des champs, et voici que ma gerbe se leva, elle resta debout, et voici que vos gerbes se mirent autour se prosterne devant ma gerbe. »  Ses frères lui dirent : « Est-ce que tu voudrais régner sur nous? Est-ce que tu voudrais dominer sur nous? » Ile le haïrent encore plus, à cause de ses songes et à cause de ses paroles.

 

La position des frères de Joseph est claire, ils ne l’aiment point, et malgré leurs comportements assez agressifs, Joseph continue à enflammer leurs jalousies et colères par sa naïveté. Alors, il leur raconte son deuxième songe qui montre sans aucun doute sa supériorité où Joseph sera leur leader. Les allégories de son rêve n’ont pas besoin beaucoup d’intelligence afin de les résoudre : le soleil est son père, la lune est sa mère et les onze étoiles sont ses frères et tous ses derniers se prosterneront à Joseph.

« Il eut encore un autre songe et il le raconta à ses frères. Il dit : « Voici que j’ai encore eu un songe! Voici que le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi! »

Il le raconta à son père et à ses frères. Son père le réprimanda et lui dit : « Qu’est-ce que ce songe que tu as eu? Est-ce que nous viendrons, moi, ta mère, tes frères, pour nous prosterner à terre devant toi? » Ses frères furent jaloux de lui, mais son père retint la chose. »   


Finalement, le rêve dans la Bible ne se trompe jamais, c’est un message divin dont le prophète reçoit, par conséquent, le Messager n’a qu’une seule chose à faire, d’attendre le moment où le rêve se réalisera, en aune d’oracle qui se trompe bizarrement, car l’art de prédire personne ne le sait à cent pour cent, par contre, dans le texte de l’antiquité, la posture de rêve fait lien entre un événement à un moment donné et l’avenir, et dieu seul le responsable pour ce songe. Sur le plan narratif, il n’y a rien avoir avec l'imminence, au contraire, le rêve dans le texte est pour que le lecteur comprenne le roulement de rédaction.

                                                                                                                           A.M