Par: Adam MIRA
Deux époques, deux femmes, deux
féministes, deux âmes rebelles, chacune entre d’elles décide de son chemin,
malgré les embûches et les obstacles qui entravent leurs
existences.
L’une est anglaise, Virginia
Woolf, née en 1882 à Londres dans une famille riche et cultivée, son père la
prive d’étudier, elle se suicide tragiquement en 1942.
L’autre est
québécoise, Paule Baillargeon, née en 1946 à Abitibi-Témiscamingue au Québec dans
une famille de classe moyenne, démangée avec elle à l’âge bas à Montréal où
elle étudie le théâtre.
L’une prend
sa plume pour défendre sa cause, l’autre passe par la caméra, cependant les
deux ont le même objectif de défendre les femmes.
Virginia Woolf dans son essai Une pièce bien
à soi emploie son talent pour défendre les femmes et
insiste à travers plusieurs chapitres sur le fait que les femmes sont capables
de servir la société là où elles vivent. Pour parler d’elles, Woolf voyage
dans le temps en présentant des exemples pour intensifier la force et la
puissance de ses pensées. Chaque lieu, recoin ou place où elle se déplace dans
chaque chapitre de cet ouvrage est une occasion pour l’auteure de mettre en
avant ses idées concernant les femmes.
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhaPrDY0Q-3mLwaByr47k2-6TJBpaZkpJLMSj92oZLFubgclRK2Swrn4VtnhZY9eDuC_xpD3WiJmQvYyWYzXNr0SnTsTtCzfQF16sY3VYB0RwMwhDNzqYW4Gf4xq93pcnWgopkkV5FNCCg/s320/Trente-tableaux_blogue.jpg)
À partir de
son ouvrage Une pièce bien à soi paru en 1929 et traduit en
français en 1956, Virginia Woolf envisage de dévoiler sa pensée féministe à
travers son écriture. Selon l’introduction de cette œuvre, l’auteure a
reçu une invitation le mois d’octobre 1928 de la part de l’Université de
Cambridge afin de donner une conférence intitulée : Les femmes et
la fiction où elle met en avant les liens tissés
par les femmes avec la littérature et qui sont distinctes de ceux des
hommes.
Depuis le
titre, nous distinguions que l’auteure veut passer un message clair et
percutant que les femmes manquent d’espaces et de moyens afin d’être capables
de produire leurs œuvres et d’accomplir leurs rêves. Quant à elle, elles ont
besoin d’un lieu intime dans lequel chaque créatrice sera habile de faire ce
qu’elle voudra sans empêchement et sans obstacle.
Dès lors le
titre, nous comprenons qu’il y a un sens dissimulé derrière ces quelques mots,
une invitation à la révolte pour que les femmes arrachent leurs droits de la
société qui les méprisent. C’est l’âme rebelle de l’auteure qui se cache
derrière cette plume de plomb qui veut émanciper l’être féminin.
Cependant,
à quoi ça sert d’avoir un lieu intime sans avoir les moyens de survivre ?
Cinq cents livres sont suffisants pour qu’une femme puisse entamer sa
vie. Dans plusieurs passages, l’auteure insiste sur cette somme
d’argent étant la clé de l’émancipation.
En
voyageant à travers le temps, Woolf crée un personnage pour soutenir son idée
de l’habilité des femmes à inventer.
Le film Trente Tableaux est composé de plusieurs
techniques d’art : une lecture, une projection et une exposition encadrent
dans chaque tableau une période de la vie de la réalisatrice, son histoire qui
nous amène à vivre à travers son parcours la période de sa génération. Le
scénario est bien construit à travers des retours en arrière (flash-backs) et
ce genre de construction a pour avantage d’obliger le spectateur à le suivre
jusqu’à la fin. Seule Paule connait la prochaine scène, le spectateur suit les
yeux rivés sur l’écran, il n’y a aucune idée de quelle époque elle va parler.
La voix hors champ (voix off) nous guide, nous explique avec une voix tendre et
un accent particulier du Québec, bien que l’histoire de cette femme soit
l’histoire de beaucoup d’autres dans le monde.
Le premier mot prononcé par la
narratrice est : j’écris ! Ce mot est suffisant pour dire que les femmes
ont le droit d’apprendre. Cependant, ce mot explique rapidement la nouvelle
situation des femmes du XXe siècle pendant lequel elles ont eu le droit de
fréquenter l’école, puis l’université sans prêter garde à leur statue dans la
société. C’est une victoire incontournable pour le mouvement féministe.
Une scène
très touchante montre Paule avec sa mère, entre les deux femmes la guerre était
déclarée pendant longtemps, car la mère n’arrivait pas à comprendre sa fille,
mais elle se réconcilie avec sa mère et avec elle-même, et elle finit son film
en l’Abitibi, la ville où elle est née, pour nous dire qu’elle retourne à la
source.
En
somme, Woolf est partie dans l’au-delà en laissant derrière elle des œuvres
littéraires remarquables qui font l’éloge des femmes et les encouragent à
lutter pour prendre la place qui leur est due dans ce monde. Quant à
Baillargeon, elle réalise des films et écrit des romans pour raconter
l’histoire de femmes à travers le cinéma. Chacune de ces deux femmes
remarquables a choisi sa voie pour aider les femmes à s’exprimer et à
s’émanciper et à lutter contre l’injustice. Réaliser
un rêve est tout ce que nous avons pour continuer à vivre. A.M
Bibliographie :
1- Monique
Nathan, Virginia Woolf par elle-même, Édition du Seuil, France, Paris 1963.
2- Virginia
Woolf, Lectures intime, ÉDITIONS Robert Laffront, France, Paris, 2013.
3- Sophie
Dubé, Paule Baillargeon : cinéaste et féministe : parcours d'émancipation et de
subjectivation d'une femme en robe rouge, Thèse. Études cinématographiques
(Maîtrise), Université de Montréal, 2013.
4- Monique
Nathan, Virginia Woolf par elle-même, Édition du Seuil, France, Paris 1963.
5- Liteau,
Durocher, Robert, Ricard, Histoire du Québec contemporaine depuis1930, Tome II, Édition
Boréal, Québec, Montréal. 1989.
6- Denyse
Baillargeon, Brève histoire des femmes au Québec, Édition Boréal, Québec,
Montréal.2012.
7- Virginia
Woolf, Le cinéma et autres essais, Les Éditions de Paris, France, Paris, 2012.
8- Virginia
Woolf, Une pièce bien à soi, Éditions Payot & rivage, France, Paris, 2012.
9- Victor
Bachy, Pour lire le cinéma et les nouvelles images, Les Éditions du Cerf,
France, Paris.
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