Adam Mira
·
Entrée :
«Contreculture : du latin contra, en
opposition, contre et cultura, culture, agriculture.
La contreculture désigne un ensemble de
manifestations culturelles, d'attitudes, de valeurs, de normes utilisées par un
groupe, qui s'oppose à la culture dominante ou la rejette. Le terme a été créé
en 1969 par le sociologue Theodore Roszak. Il s'applique à un phénomène
structuré, visible, significatif et persistant dans le temps.
Dans les années 1970, le terme
contreculture est utilisé pour qualifier les mouvements contestataires de la
jeunesse à l'encontre de la domination culturelle de la bourgeoisie et du
puritanisme sexuel :
- mouvements d'extrême gauche, maoïsme,
- révolution sexuelle,
- mouvement hippie.
La contreculture était alors représentée
dans les médias par le journal Libération, les magazines Actuel, Novamag, les
premières radios libres…
Exemples de mouvements pouvant être
associés, selon les époques, à la contreculture :
- le féminisme,
- la musique contestataire,
- l'underground artistique,
- les arts de la rue,
- le dadaïsme,
- le surréalisme,
- le situationnisme.
Il n'est pas rare de voir les personnes les
plus créatives ou certaines des composantes de la contreculture récupérées par
la culture dominante et le système marchand. Ainsi apparaissent de nouveaux
produits fabriqués industriellement issus de la contreculture comme les
blue-jeans usés[1].»
· Introduction :
Au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, un courant
contre-culture et hippie émerge et prend de l’ampleur aux États-Unis, il
déclare la guerre à la famille, à la société et à la religion. Les membres de
cette mouvance utilisent dans leur révolte : la musique, la drogue, la
liberté sexuelle et le bouddhisme comme une voie de paix et d’écriture.
Dans ce cadre, plusieurs figures apparaissent comme
les leaders de ce phénomène dont Allen Ginsberg, un personnage bien complexe: juif,
gay, pacifiste, bouddhiste et poète. Un mélange décousu qui lui cause des
soucis avec la police américaine.
A. Ginsberg reflète sa pensée à travers ses écritures,
comme son recueil de poèmes Howl sur lequel notre étude se
concentre. Cette poésie, avec d’autres, exprime le point de vue
de Ginsberg à propos de plusieurs sujets préoccupants de cette époque
concernant sa génération à travers un courant actif. C’est pourquoi je formule
et ma problématique comme suit :
«L’écriture
de Ginsberg dont Howl reflète la volonté de sa génération de s'émanciper de
tous les tabous imposés par l’État-Père et par la société à travers certains
éléments distincts.»
·
Développement :
Chaque
mouvance utilise des outils afin de gagner son combat, de réaliser ses buts et
ses desseins, c’est le cas du mouvement Beat Generation.
· Les racines de Beat Generation :
Durant la première moitié du XXème siècle, un courant
émerge en Europe occidentale, c’est l’existentialisme qui présente deux approches :
religieuse et athée.
Par ailleurs, Jean-Paul Sartre, le plus célèbre de
cette philosophie, a écrit son ouvrage l’existentialisme est un humanisme en 1946 afin de défendre son idée à propos de ce
phénomène : « Le courant philosophique ainsi que littéraire qui
postule que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions[2]. »
Dans son dernier article intitulé :
Après moi, le Déluge paru en 1969, dans le journal Washington Post, Jack Kerouac évoque Sartre par la
citation : « Qu’est-ce que c’est, l’existence ? »
Ce courant européen trouve un écho aux
États-Unis, un mouvement nommé la « Beat Generation » apparait
afin d’amorcer sa révolte contre-culture à sa façon.
Des écrivains, des artistes et des
poètes de différentes atmosphères se rejoignent à cette mouvance, ce sont des
personnes inspirées d’existentialisme et de leurs ancêtres de l’Amérique : les
aventuriers, les vagabonds, les errants, les fugitifs, les religieux, les
indépendantistes, les révolutionnaires et les audacieux, ce sont eux qui ont réalisé
le rêve américain. Par conséquent, la nouvelle génération, la Beat
Generation, fonde son monde en mélangeant entre l’histoire de leurs aïeuls
et l’existentialisme, ils ont réussi à
laisser leurs traces pour la génération à venir.
Ce courant est constitué de personnages
différents qui se concentrent sur l’entraide et la solidarité[3]
et Jack Kerouac, une figure de Beat Generation, déclare à une revue
: « ce sentiment de communauté vient en grande partie des personnages
comme Ferlinghetti et Ginsberg; ils sont très portés sur le socialisme et
veulent que tout le monde vive dans une sorte de kibboutz frénétique, la
solidarité et tout le reste.[4]»
· Le thème Beat :
Le thème BEAT
existait-il avant l’émergence du courant Beat Generation? Jacqueline Starer prétend que les Noirs utilisèrent ce thème dans leur vocabulaire et ils
l’introduisirent dans le langage avec la popularité du Jazz. On lit dans la dernière page de Really The Bkues: “If I’d know I was being significant, instead of just hungry and beat, I
sure would have changed my way[5].”
Cependant, le
sens de Beat s’est élargi, il contient plusieurs sens tels que :
épuisé, fauché, la personne qui n’a pas de quoi payer, etc. et Kerouac le prit par
hasard, grâce à une rencontre avec un clochard.
·
Être
Beats:
Qui sont les Beats?
Selon certains, Jack Kerouac a fabriqué ce terme Beat en 1948 pour qualifier
des conventions sociales qui seraient périmées, éculées et finies. Et, selon lui, la Beat Generation faisait
référence à la Lost Generation, cependant avec un esprit plus positif,
les Beats sont des hommes qui ont reçu la lumière, ils sont « Beat
», à la confluence de bon aloi entre les philosophies bouddhiste et catholique[6].
Une citation
sur les écrivains du courant Beat Generation récapitule
leur comportement, leur vie de cette époque, ces personnes qui cherchent une
nouvelle identité afin de créer un monde à son image, comme Dieu créa l’humain
à son allégorie : « Les écrivains beats ont choisi l’errance et
le bohémianisme, le rejet des conventions, la confrontation de leurs propres
conflits avec ceux de leur pays; ils ont noté leur choix, scrupuleusement,
mêlant si étroitement leur vie à leur
œuvre qu’elle en est elle-même la substance[7].»
· Les autres éléments de révolte :
La Beat Generation veut établir un monde différent
culturellement et socialement afin d’instaurer des valeurs et des codes opposés
à la société de l’époque. Les éléments sur
lesquels repose cette révolte sont : la drogue, la musique, le bouddhisme,
le sexe et un style d’écriture spontané et décousu comme le Cut-up. Par
conséquent, un manifeste émerge à travers des écritures telles que Howl and
Other Poems qui enracine la mouvance dans l’histoire moderne comme un
courant contre-culture et surtout pacifiste.
La consommation de drogue LSD qui amène à une
dimension psychique, la musique rock N’roll qui permet le défoulement et de dégager
la souffrance par des cris et hurlements, le bouddhisme et la méditation
transcendantale qui créent une atmosphère Zen, le sexe qui est une arme contre
les tabous encrés dans la société. Tout ce mélange a besoin d’un style et d’une
nouvelle forme d’écriture afin de refléter l’angoisse vécue par cette
génération et de s’indigner contre la société matérialisée par le
protestantisme et l’industrialisme qui ont implanté le capitalisme et
l’impérialisme aux États-Unis.
De plus, le Cut-up (découpage) est un style inventé
par William S. Burroughs et l’artiste britano-canadien Brion Gysin, tous les
deux ont écrit Œuvre croisé qui reflète cette forme « de
recherche de déménagement de la continuité textuelle et narrative.[8] »
dans d’autres termes, c’est une technique littéraire en dessein de créer
un texte depuis d'autres fragments textuels de diverses origines.
Cependant, William S. Burroughs déclare que le Cut-up
n’a aucun lien avec Beat Generation : « Je ne m’associe pas du tout (aux auteurs du mouvement
Beat) et je ne l’ai jamais fait. Ni avec leurs buts, ni avec leur style
littéraire. J’ai des amis personnels parmi le mouvement Beat : Jack
Kerouac, Allen Ginsberg …[9] »
malgré tout, ses
écritures restent rattachées à la Beat Generation.
Bien que Burroughs nie sa relation avec la mouvance,
chaque membre de Beat Generation écrit son œuvre à sa manière, avec un
style particulier : Kerouac écrit son roman Sur la route et Allen
Ginsberg publie ses recueils de poèmes, etc.
·
Allen
Ginsberg :
Le 3 juin 1926, Allen
Ginsberg est né à Paterson, dans le New Jersey[10],
aux États-Unis. Il est le fils de Louis (un émigré russe) et Naomi Ginsberg de
confession juive. Les parents d’Allen sont membres de la contre-culture
littéraire de New York des années 1920. Naomi soutient les
communistes, elle souffre d’une maladie mentale et est morte en 1943 dans un
centre psychiatrique. Sa mort bouleverse Allen, il prend sa plume et écrit Kaddish
une longue poésie à sa mémoire.
En 1944, pendant ses
études à l’Université Columbia, Allen fait la connaissance de Jack Kerouac et
de William Burroughs, par conséquent, une amitié se consolide rapidement entre
les trois et ils forment le Beat Generation. En 1956, Allen publie son recueil
de poèmes Howl and Other Poems à travers lequel il se fait connaitre par
le public, cependant le FBI l’interdit immédiatement pour « obscénité »[11].
Après quoi, il erre
avec ses amis de Beat Generation à la découverte des États-Unis, puis
seul pendant des années, il visite le monde dont les pays comme l’Inde, le
Maroc, la Chine, Cuba, la Russie, le Japon, etc. Son errance a pour but de découvrir
le monde et de trouver un Guru[12].
Il a eu des soucis avec
la police américaine, pour cause : sa position comme pacifiste contre la
guerre au Vietnam, son orientation sexuelle et sa participation aux
manifestations contre le gouvernement. Et, à lui seul est accordé le slogan :
Power Flower qui signifie l’amour et la non-violence préconisée par les
hippies.
Après avoir découvert
son pays à travers un long voyage, il rédige son ouvrage : La Chute de
l’Amérique. Ce recueil de poèmes est
une fois de plus, un hurlement, un cri de révolte afin de clamer le déclin des États-Unis et de l’Occident en général. Il le
dédie à Walt Whitman (1819-1892), son poète préféré, et nous lisons :
« c’est l’épanouissement, la reconnaissance et la prééminence de cette
fervente camaraderie que je cherche afin de contrebalancer et de contrecarrer
le matérialisme et la trivialité de notre démocratie américaine, et cela dans
le but de la spiritualiser. [13]»
Ginsberg continue à publier de nombreux recueils de poésie. En 1993,
il reçoit la médaille du
Chevalier des Arts et des Lettres du ministre français de la culture. Et, le 5 avril 1997, à New York, il rend l’âme à la suite de complications de
l'hépatite dont il était atteint.
·
Howl and other poems:
Dans une Amérique des
années soixante tout est possible, tout est politisé dont la culture. Un
mouvement de révoltes pacifistes émerge afin de proclamer la nécessité de faire
un changement radical contre les privilèges des nobles et des valeurs
américaines telles que le patriotisme, l’impérialisme, l’égalité, le
capitalisme, la compétition, l’ascension sociale, l’engagement civique, le
respect de la famille et des institutions gouvernementales, l’adhésion aux
repères sociaux, moraux et religieux et la nostalgie d’un héritage culturel
américain remonte aux origines de la nation[14]. Par conséquent, un courant hostile à ces valeurs
découlant de la classe moyenne, bien instruite et diplômée de l’université. Ce
courant est contre-culture et contre la manière de vivre des américains.
Ce mouvement maintient
son attaque contre l’État-père et il pratique un comportement totalement opposé
car, il pense que le Rêve américain a viré au cauchemar. Tout ce qu’il souhaite
est que la nouvelle Amérique soit une société moins matérialisée, moins
capitaliste, moins impérialiste, plus humaine, plus égalitaire, plus solidaire
et plus conciliante[15].
Dans ce climat mitigé, Allen Ginsberg apparaît
en apportant son recueil de poèmes Howl and other poems considéré par les critiques comme major dans la littérature américaine, le poète américain Paul Carroll juge ce
recueil de poèmes « l'un des jalons de la génération ».
Et Paul Zweig, un poète américain aussi, l’évalue qu'il « a presque
totalement disloqué la poésie traditionaliste des années 50[16]».
Allen, une figure incontournable de Beat Generation,
écrit son ouvrage avec un style brut, spontané et excessif. Ce poème en prose, est
un manifeste de Beat Generation, il décrit les grandes lignes de ce
courant contre-culture, il crie et hurle pour que tout le monde sache et sente la
souffrance de sa génération et sa volonté d’émancipation de tous les tabous et
valeurs imposés par la société et l’État-père.
Ce recueil de poèmes est une déclaration pacifiste contre
tout ce que l’Amérique représente.
Cette poésie est une ode à la vie, une narration et
une histoire de la fondation de Beat Generation.
J’ai vu les
plus grands esprits de ma génération détruits par
la folie,
affamés hystériques nus,
Se traînant
à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une
furieuse
piqûre,
Initiés à
tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne
avec la
dynamo étoilée dans la mécanique nocturne,
Qui pauvreté
et haillons et œil creux et défoncés restèrent
débout en
fumant dans l’obscurité surnaturelle
des chambres
flottant par-dessus le sommet des villes
en
contemplent du jazz.
Dans ce premier passage de Howl, A. Ginsberg chante
la volonté de changement de sa génération en critiquant la société qui a
détruit l’esprit des jeunes. Cette génération qui consomme la drogue, un des
éléments de Beat Generation, afin de se détendre et de dégager sa colère
et sa rage et pour arriver à communier avec les cieux. Bien qu’elle soit dans
une posture précaire et se sente anéantie, elle continue à écouter la musique
de Noirs qui est considérée comme diabolique et satanique de la part de
certains clercs.
Par ailleurs, A. Ginsberg glisse dans ces vers des
mots pour indiquer la religion : l’Islam, le judaïsme et le bouddhisme, certains
pensent que ce poème n’est qu’une ode au prophète Moïse.
Qui ont mis
à nu leurs cerveaux aux Cieux sous le Métro
Aérien et vu
des anges d’Islam titubant illuminés
sur les toits des taudis,
………
blablateurs hurlent vomissant murmurant des faits des souvenirs
des
anecdotes des orgasmes visuels et des traumatismes
des hôpitaux
et de prisons et des guerres,
des
intellects entiers dégorgés en mémoire intégrale pour sept
jours et
sept nuits avec des yeux scintillants, viande
pour la synagogue jeté sur le pavé,
qui
disparurent dans le nulle-part Zen de new Jersey laissant
une trainée
de cartes postales ambiguës d’Atlantic City
Hall,
Ginsberg maîtrise la langue anglaise, il jongle avec les
mots, son habilité de passer d’un sujet à l’autre est remarquable. Il commence
avec un vers et il ajoute d’autres avec un sujet différent pour retourner
finalement à son sujet principal dans un passage consacré à un thème précis.
Il commence avec l’islam et ses anges, pour glisser un
passage sur un bavard qui conteste la belligérance gouvernemental, les
réminiscences du passé, les cliniques, la maladie, les geôles, etc. des thèmes
qui préoccupent énormément sa génération. Ce cri est associé aussi à un acte
ignoble contre un lieu du culte pour les Juifs. Cependant, ce hurlement s’évapore
finalement par une méditation bouddhiste.
Ginsberg pratique pendant des années la méditation, il
suit un Guru : « Maurice Frydman qui m’a dit cesse d’errer à
la recherche de Gurus : Swami Shivananda[17]
qui m’a dit « Le Guru est ton propre cœur. [18]»
Les hôpitaux, le judaïsme et le traumatisme sont trois
mots liés avec sa mère qui souffrait d’une maladie psychique pendant longtemps.
Elle est d’ailleurs morte dans un centre psychiatrique. En son honneur, il
écrit une longue poésie à sa mémoire dans le recueil de Kaddish (liturgie
juive).
De retour à
San Francisco un soir, Orlovsky dans ma chambre
-Whalen
paisible dans une chaise- un télégramme d’Eugène,
Naomi morte-
Dehors, j’ai
baissé la tête vers sous les buissons près du garage;
…………………….. 2
jours après j’ai reçu sa lettre-
Nouvelle
Étrange Prophéties! Elle écrivait- « La clef est
dans la
fenêtre, la clef est soleil à la fenêtre- J’ai la clé-
Marie-toi
Allen, ne prends pas de drogues-la ckef dans les
Barreaux, au
soleil, à la fenêtre.
Avec tout
mon amour,
Ta mère.[19]
La mère d’Allen fait partie intégrante
et indissociable de son histoire, c’est un fait indéniable qu’il parle d’elle. Naomi
était bien impliquée dans la politique et une partisante du communisme. Grâce à
elle, il a grandi dans une atmosphère ouverte et prospère et grâce à son père, un
professeur de langue, il a appris à maîtriser parfaitement la langue anglaise. Par
ailleurs, la maladie de sa mère a rendu A. Ginsberg très attentif aux personnes
qui souffrent de traumatisme et de nervosité.
qui
flânèrent affamés et tout seuls dans Houston cherchant du
jazz, sexe,
soupe, suivirent l’espagnole brillant pour converser
au sujet de
l’Amérique et l’Éternité, tâche sans
espoir, et
ainsi embarquèrent pour l’Afrique.
….. qui
hurlèrent à genoux dans le métro et furent traîné du toit
en gitant
parties génitales et manuscrits,
qui se
laissèrent enculer par des saints motocyclistes et hurlèrent
de joie,
qui sucèrent
et furent sucés par séraphins humains, les marins,
caresses d’amours
atlantique e caraïbe,
qui
baisèrent le matin et le soir dans le rosseries et sur le
gazon des jardins publics et des cimetières
répandant leur
semence à
qui que ce soit, jouisse qui pourra,
que secouent
des hoquets interminables en essayant de rigoler
mais qui se
retrouvèrent en sanglots derrière la paroi
du bain turc
quand l’ange nu et blond vint les percer
avec une
épée,
Le sujet de la sexualité émerge plusieurs fois dans
son poème, et son orientation sexuelle est présente à répétition dans sa poésie.
Dans son poème Europe, Europe, Il
insiste et met à nu une profonde souffrance sentimentale à cause de l’amour
entre deux personnes de même sexe. Ainsi, nous y lisons :
Monde Monde Monde
assis dans
ma chambre
j’imagine le
futur
le soleil
tombe sur Paris
je suis seul
personne ne
possède
l’amour parfait
l’homme était fou l’amour de
l’homme est
imparfait
je n’ai pas
assez pleuré
mon cœur
sera lourd
jusqu’à la
mort[20]
Le sexe est un élément important dans le courant de Beat
Generation qui appelle à ce que les jeunes le pratiquent et ait une
expérience importante afin de communier avec le cosmos. Ainsi, toutes sortes de
pratiques sont autorisées sans limites et sans distinctions. Par ailleurs,
cette pratique du sexe partout et en tout temps est, selon ce courant, liée
aussi à la présence d’un être céleste, une relation en parfaite harmonie entre ciel
et terre.
Comme nous l’avons cité ci-dessus, en 1946, A.
Ginsberg forme la Beat Generation, un groupe nomade, avec lequel, il va
parcourir les États-Unis pendant des années en chemin de fer, en auto-stop, en
mer et à pied[21].
L’errance est donc aussi un mode de vie important de la Beat Generation
afin de découvrir le monde. Nous lisons dans Howl :
Qui errèrent
et errèrent en tournant à minuit dans la cour du
chemin de
fer en se demandant où aller, et s’en allèrent
sans laisser
de cœurs brisés,
qui
allumèrent des cigarettes dans des wagons à bestiaux wagons
à bestiaux
wagons à bestiaux cahotant à travers
neige
vers des
fermes désolées dans la nuit de grand-père.
A. Ginsberg vagabonde donc avec ses amis partout dans
le pays, pas seulement pour déclarer sa démission de la société ou pour
chercher une nouvelle aventure, au contraire, c’est un voyage à la découverte
des États-Unis pour que ce groupe de jeunes soit capable de prendre des
décisions claires à propos de sujets préoccupants. Lorsqu’il débute la mouvance
contre-culture, et ce poème Howl qui est un fruit de cette errance. Ce
recueil de poèmes sera le plus lu dans l’histoire moderne des États-Unis, plus
d’un million d’exemplaires seront vendus.
Il continue son chant, son cri et son hurlement au
côté de la musique rock N’roll, cette musique diabolique qui était condamnée
pendant un certain temps par l’Église protestante. Par ailleurs, cette musique est pour A.
Ginsberg un fétiche pour lui et pour son groupe, c’est la suite des éléments de
contre-culture pour que la mouvance réussisse.
Qui
gribouillèrent toute la nuit dans un rock and roll par-dessus
des
incantations éthérées qui dans le matin jaune devenait
Des strophes
des charabias,
Ginsberg continue son épopée afin de
défendre ses idées, crier ses mécontentements envers le gouvernement et la
société, son recueil Howl reste gravé dans l’histoire moderne des
États-Unis, cette poésie est le vrai manifeste de Beat Generation afin
de poursuivre sa cause.
· Conclusion :
Ginsberg a l’habilité de faire grandir l’esprit de Beat
Generation pour qu’il ne reste pas figé dans le temps. D’ailleurs, il l’amène
à protester contre la Guerre froide, contre l’engagement militaire au Vietnam,
contre l’arme atomique et l’a orienté vers la méditation transcendantale et sur
la voie pacifiste et humaniste.
Bien qu’il ait vécu longtemps après le départ de ses
amis dans l’au-delà, il resta fidèle à ses convictions jusqu’au dernier souffle
de sa vie.
L’héritage de Ginsberg et de ses amis reste une
référence incontournable pour les générations d’aujourd’hui et futures afin
d’apprendre et de continuer leur chemin pacifiste contre l’injustice,
l’inégalité et surtout contre la guerre. Une mouvance dont nous avons vraiment
besoin à notre époque malheureuse.
· Bibliographie :
1-
Jacques
Darras, Allen Ginsberg la voix, le souffle, Éditions Jean-Michel Place. France,
Paris. 2002.
2-
Allen
Ginsberg, Allen Ginsberg,
journaux indiens, Christian Bourgois éditeur, France, Paris 1977.
3-
Allen Ginsberg, La Chute de l’Amérique, maison d’édition Flammarion,
France, Paris. 1979.
4-
Frédéric Robert avec la participation d’Armand Hage, Révolte et utopie, la
contre-culture américaine dans les années 1960, Presse université de Rennes,
France Rennes, 2011.
7-
Jack Kerouac,
Beat Generation, Gallimard, France, Mayenne, 2012.
8- Jacqueline Starer, Les écrivains de la Beat
Generation, Édition d’écarts, France, Bretagne, 2011
9- Clémentine Hougue, Le Cut-up de William S.
Burroughs, Histoire d’une révolution du langage.2014.
10-
Jack Kerouac, The Art of FictionXL1 the Paris Review #43 Summer 1968.
[3] Jacqueline Starer, Les écrivains de la Beat Generation, Édition d’écarts,
France, Bretagne, 2011. P17-18.
[4] Jack Kerouac, The Art of FictionXL1
the Paris Review #43 Summer 1968. P102
[5] Jacqueline Starer, Les écrivains de la Beat Generation, Édition
d’écarts, France, Bretagne, 2011. P20.
[6] Jack Kerouac, Beat Generation, Gallimard,
France, Mayenne, 2012. P10.
[7] Jacqueline Starer, Les écrivains de la Beat Generation, Édition
d’écarts, France, Bretagne, 2011. P7.
[8] Clémentine Hougue, Le Cut-up de William S. Burroughs, Histoire d’une
révolution du langage. P15.
[9] Ibid. p8
[11] Allen Ginsberg, journaux indiens, Christian Bourgois éditeur, France, Paris
1977.
[12] Ibid. p9.
[13] Allen Ginsberg, La Chute de l’Amérique, maison d’édition Flammarion,
France, Paris, 1979, p05.
[14] Frédéric Robert avec la participation d’Armand Hage, Révolte et utopie, la
contre-culture américaine dans les années 1960, Presse université de Rennes,
France Rennes, 2011. Page11
[15] Ibid. p13
[17] Maurice Frydman et Swami Shivananda sont
la même personne, c’est un juif d’origine polonaise, ingénieur et humanitaire
qui s’est installé en Inde les années 1930, puis se converti à l’hindouisme.
[18] Allen Ginsberg, Allen
Ginsberg, journaux indiens, Christian Bourgois éditeur, France, Paris 1977. P9.
[19] Jacques Darras, Allen Ginsberg la voix, le souffle, Éditions Jean-Michel
Place, France, Paris,2002. P75
[20] Ibid. p88.
[21] Ibid. p118
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