La
littérature francophone évolue graduellement et sa définition diffère d’une
place à l’autre. Les études francophones incluent les littératures
subsahariennes, des Caraïbes et du Maghreb et celle du Québec, de la Suisse, et
de la Belgique. Cependant, en Europe, la littérature belge et suisse fait
partie de la littérature française, par contre au Québec, les institutions se
distinguent en trois corpus : littérature française, littérature
québécoise et littérature francophone englobant toutes les autres littératures
francophones. (Nadiaye 2004)
Par: Adam Mira
À
la lumière de ce que j’ai écrit ci-dessus, nous avons plusieurs écoles de
littératures qui se produisent en français et qui se basent sur un effet
historique ou autre. C’est pourquoi, cette étude sera concentrée sur la
littérature de certaines régions colonisées par la France qui ont choisi de
conserver la langue française comme langue officielle, c’est le cas de certains
pays africains, ou d’autres qui ont préféré l’écarter, en dépit d’une partie de
leurs intellectuels qui ont choisi d’écrire en la langue de Molière. C’est, en
effet, le choix de certains écrivains libanais, égyptiens et algériens. Par conséquent, les champs littéraires sont
nombreux : champs littéraires en Afrique subsaharienne, au Maghreb, dans l’Océan
indien, aux Caraïbes, en Asie-Pacifique et en Amérique du Nord. Cependant, nous
allons faire un survole sur deux champs : au Maghreb et dans les Caraïbes.
La littérature
francophone annonce une relation historique entre le colonisé et le
colonisateur, c’est un attachement particulier, malgré le passé douloureux, la
langue française reste la langue officielle et la plume de la littérature dans
des dizaines de pays.
Pour
répondre à cette problématique, nous allons répondre aux questions suivantes :
- Définition
et l’histoire de la Francophonie et la littérature francophone ;
- Le
choix d’écrire en français;
- La
géographie littéraire et les mouvements d’émancipation;
-
La variante de
littératures francophones.
-
Les médias et la
littérature.
·
Définition
Avant de commencer de
parler de la littérature francophone, il est important de définir ce thème pour
que notre étude soit claire. En effet, il y a une grande différence entre
Francophonie en majuscule et francophonie en minuscule, la première désigne les
institutions étatiques qui sont liées avec l’organisation internationale :
Organisation internationale de la francophonie (OIF) et la deuxième désigne
d’autres définitions. Selon les
dictionnaires : elle désigne celui ou celle qui parle le français ou une
collectivité dont la langue officielle (ou dominante) est le français ou l’ensemble
des pays qui ont en commun l’usage total (ou partiel) de la langue française.
En outre, il existe d’autres particularités à propos de la langue : il y a
des pays dont le français est la langue maternelle, d’autres qui ont choisi le
français en tant que langue officielle, aussi des pays où le français est une langue
d’usage et finalement des pays où le français est la langue étrangère
privilégiée.
·
Un peu d’histoire
Onésime Reclus (1837-1916)
est un géographe français qui a réfléchi sur le rôle du français et du destin des
colonies. Il a donc inventé en 1880 le mot francophonie. Pour lui, la
langue française est un outil important pour que la France impose sa force dans
le monde:
« Ce
dernier lui paraît être la meilleure réponse de la France au jeu des forces à
l’œuvre dans le monde en cette fin du XIXe siècle, dans lequel le facteur
linguistique est pour lui essentiel. » (Onésime Reclus 2014)
Reclus,
ce fervent français, prêchait l’extension de la colonisation française. Il a écrit
plusieurs ouvrages sur les différentes colonies et a décrit les lieux visités
avec de remarquables sentiments. La langue pour lui est un outil qui rassemble
un peuple et où tous les différends disparaissent en s’y soumettant.
« Dès
qu’une langue a "coagulé" un peuple, tous les éléments
"raciaux" de ce peuple se subordonnent à cette langue. C’est dans ce
sens qu’on a dit que: la langue fait le peuple. » (Onésime Reclus 2014)
Des
décennies après Onésime, une bonne partie de pays colonisés ont obtenu leur
indépendance par la force ou par un accord entre les colonisés et les
colonisateurs. Cependant, certains intellectuels trouvent que la relation
amicale avec la France doit rester solide. Par conséquent, ils sont à l’origine
de la Francophonie pour que les pays parlant français restent en contact
permanent avec l’ancien colonisateur. Par ailleurs, d’autres pays refusent
cette idée en se basant sur l’histoire sanguinaire qui les lie à la France
colonisatrice et à la longue et douloureuse lutte pour leur indépendance, comme
c’est le cas de l’Algérie.
·
Les fondateurs de la Francophonie
Trois
noms restent gravés dans l’histoire contemporaine des pays francophones, des
hommes puissants, tels : le sénégalais Léopold Sédar Senghor
(1906-2001), le Tunisien Habib Bourguiba (1903-2000) et le Nigérien Hamani
Diori (1916-1989). Ils ont créé la Francophonie
avec un projet clair, basé sur une explication plausible prononcé par Senghor lors
de son discours à la réception de l'Académie des sciences d'outre-mer, le 2octobre1981 :
![](https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgal8kBCBa8yTdbOPfCXQgxv1FY9bRJXXoBLiVh07PZNcQU0bQpzmVlv3X3wdLtL3NqE-QK7yPPWNj9suHPUn8KLQOKmw95SSPlG0cGPUYyaphdtQQudwnNkm3HQ7g-5R6x2-2OfwROxgc/s200/se.jpg)
En
effet, Senghor insiste aussi sur l’influence et l’utilité de la langue
française. C’est comme si, en quelques sortes, il appuyait l’idée de Onésime
Reclus.
« Dans les décombres du colonialisme,
nous avons trouvé cet outil merveilleux, la langue française. »
Cependant,
la Francophonie a parcouru un long chemin afin d’être une organisation
internationale. Tout commence en 1967 lors d’une rencontre de l'Assemblée
parlementaire de la Francophonie qui préconise la création d'une institution
intergouvernementale francophone. Trois ans après, en 1970, pendant une conférence
à Niamey au Niger, l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) est
née puis est devenue l'Agence de la Francophonie en 1996. Des années après, en
1986, à Versailles, la ville méditerranéenne française, se tient le premier
sommet de la Francophonie, c’est la date du commencement de cette organisation
sur différents niveaux : littéraire, économique, politique, etc. L’OIF contient actuellement 84 États et
gouvernements membres, dont 26 observateurs et 4 États associés. (Nadiaye 2004)
·
La francophonie littéraire
Des écrivains de langue
française ont souhaité créer une organisation, voire un mouvement, qui
rassemblerait tous les écrivains en langue de Molière. Le premier qui a prêché cette
idée est le suisse Virgile Rossel (1858-1933). Il a commencé en 1890 sa lutte afin
de convaincre d’autres écrivains de le suivre et de créer leur propre
mouvement. Le 3 février 1926, L'Association des écrivains de langue française
(ADELF) voit le jour et elle contient des milliers d’écrivains de toutes
origines.
Par ailleurs, en 2006, les écrivains
francophones de différents pays décident d’écrire un manifeste sur la
littérature francophone en insistant sur un point que cette littérature n’est
pas liée à un lieu particulier. Donc, elle se libère de son exclusivité et de son
pacte historique avec une nation. Ainsi est né le manifeste « Pour une littérature-monde en
français » (le monde 2007)
La littérature
francophone est différente des littératures francophones, car ces dernières ont
pris une identité nationale et indépendante. Cette différence entre les deux
littératures est liée aussi aux conditions sociales, politiques et culturelles
de chaque pays. Par conséquent, chaque pays indépendant, qui a pour langue
officielle ou secondaire le français, essaie de définir son identité à travers
sa littérature. Et, à la lumière de ce point, la littérature francophone
devient variée et mondiale.
·
L’espace francophone
Au cours du XVII et XVIII
siècles, la France étend sa main mise sur le monde et implante des colonies
dans les quatre coins du monde. Les géographes et les commerçants qui
sillonnaient le monde ramenaient en France dans leurs bagages des descriptions
d’un exotisme qui provoquaient l’esprit des français.
Par ailleurs, les forces
militaires françaises qui s’installaient un peu partout dans le monde
établissaient une relation de suprématie entre le colonisé et le colonisateur.
Par conséquent, dans l’espace francophone a émergé logiquement une relation
hétérogène géoculturelle.
Franco-phonie : signifie
France et voix. Par ailleurs, l’espace francophone signifie l’entité littéraire
distincte selon l’identité géoculturelle et politique de la région
d’appartenance. Montesquieu, puis Albert Thibaudet s’interrogent sur le climat
et la géographie, qui influencent l’homme afin d’enrichir son esprit et
consolide son rapport avec la terre où il vit. Montesquieu écrit dans son essai
De l’esprit des lois :
« La différence des climats où les hommes
naissent contribue à celle de leurs esprits. » (Montesquieu 2013)
·
Le choix d’écrire en français
Pendant de longues
années, Paris reste le centre d’inspiration des écrivains francophones, la Ville
des anges et des démons attire ces auteurs afin de publier leurs ouvrages et
leurs productions. Cette relation entre le centre et la périphérie décrit l’hégémonie
de Paris et le rapport tendu entre le centre et les alentours ce qui débouche
sur le refus de cette liaison liée à l’influence de la capitale sur les régions
lointaines qui se manifeste par l’émergence une littérature postcoloniale dans
laquelle des écrivains critiquent le discours colonial. Seulement, l’analyse
des littératures est produite à l’intérieur d’anciennes colonies ou de
territoires se trouvant toujours sous le pouvoir ou l’influence des métropoles.
En dépit de la critique de
la langue française et de l’existence d’une situation tendue entre les intellectuels
de pays nouvellement indépendants et l’ancienne colonie, beaucoup d’entre eux ont
choisi d’écrire en français. Selon différentes justifications et l’existence de
diglossie, ils ont préféré écrire en français.
L’écrivain tunisien
Albert Memmi décrit la cohabitation entre deux langues et leur présence dans la
même atmosphère comme un drame.
« Le
bilinguisme colonial n’est ni une diglossie, où coexistent un idiome populaire
et une langue de puriste, appartenant tous les deux au même univers affectif,
ni une simple richesse polyglotte, qui bénéficie d’un clavier supplémentaire
relativement neutre; c’est un drame linguistique. » (Memmi 1985)
Cependant, Memmi lui-même choisi d’écrire
en français, comme beaucoup d’autres, le libanais Amin Maalouf et l’algérien
Yasmina Khadra. Leur choix peut être lié à leur présence en France, cependant,
le plus important dans ce cas c’est qu’ils ont choisi d’écrire dans la langue
de Molière, bien que, il faut le citer, que leur langue maternelle soit
l’arabe.
·
Les champs littéraires et les mouvements
d’émancipation
Dans ce qui suit, il sera
présenté deux champs littéraires où la littérature francophone fait partie de
la vie culturelle de régions géographiques dispersées dans les quatre coins du
monde. Le premier sera le champ littéraire dans les Caraïbes et le second sera
le champ littéraire en Afrique du Nord. En effet, avant de parler de ces deux champs,
il est recommandé de parler des mouvements qui ont lutté contre l’existence
coloniale dans ces régions pour lesquelles chacun a utilisé une méthode pour obtenir
son indépendance.
1-
La francophonie dans les Caraïbes :
(Guadalupe et Martinique)
Christophe
Colomb découvre les Caraïbes en 1492, deux siècles après, les Français arrivent
en 1625 afin d’étendre leurs territoires. Leur extension se poursuit, entre
autres, jusqu’en Guadalupe et en Martinique. À l’arrivée des colons, les
Antilles sont habitées par des autochtones : les Arawaks. Au premier
temps, l’effet principal de la présence française est économique, mais avec le
temps, la colonisation devient plus féroce avec l’esclavage qui ne sera aboli qu’en
1848. Cependant, la colonisation française se poursuit jusqu’en 1946 où les
Caraïbes deviennent un département d’outre-mer.
« À
compter des années 1670, la France entreprendra de faire de ses colonies
antillaises le grenier à sucre de l’Europe et fera venir des esclaves de ses
comptoirs africains afin de combler les besoins de main-d’œuvre. L’esclavagisme
influencera durablement l’aménagement sociodémographique et linguistique des
Caraïbes et des Antilles françaises, puisque la population d’origine noire
deviendra rapidement majoritaire, donnant ainsi lieu au métissage entre les
cultures: africaine, française et autochtone. Ce métissage précèdera
l’émergence d’une identité créole, composante à part entière de l’une des trois
réalités de la francophonie des Amériques. » (Étienne Rivard 2013)
·
Les mouvements
antillais contre la colonisation
Les Antillais connaissent
plusieurs mouvements contre la présence française :
Le doudouisme, l’Antillanité, la Créolité
et la négritude, cependant, nous allons nous concentrer sur la dernière qui est
le mouvement le plus important présent dans différentes régions sous le même
nom.
La négritude est fondée
en 1936 par le poète et homme politique Aimé Césaire de Martinique, bien que
d’autres personnes paraissent au côté de Césaire : Léon Gontran Damas
(Guyane) et Léopold Sédar Senghor (Sénégal). La négritude est un mouvement culturel
et politique anticolonialiste, elle obtient un grand succès, mais elle est aussi
bien critiquée à cause de sa concentration sur la race noire et sa négligence du
Créole.
Aimé Césaire décrit ce
mouvement comme une voix pour la reconnaissance des Noirs dans la revue la
liberté numéro3 :
« La Négritude est la simple reconnaissance du
fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de
notre histoire et de notre culture. » (www.toupie.org)
Par
contre Senghor, le premier président sénégalais et grand poète, parle d’un
nouveau mot négrité qui est pour lui
un esprit de nègre et non pas de négritude. D’ailleurs, selon les
dictionnaires, la négritude est l’Ensemble
des caractères culturels propres aux Noirs ; appartenance à la communauté noire.
Ainsi, Senghor veut sortir de ce stéréotype et écrit dans la revue Éthiopiques n°11, 1977 :
« C'est
une attitude et une méthode, encore une fois, un esprit, qui,
significativement, fait moins la synthèse que la symbiose de la modernité et de
la négrité. Je dis « négrité » et non-négritude puisqu'il s'agit de l'esprit
nègre plutôt que du vécu nègre. » (www.toupie.org)
Cependant, ce mouvement
reste basé sur la lutte pacifiste, l’arme des écrivains de ce mouvement est
leur plume, ils n’abordent jamais dans leurs écritures la lutte par la
violence, d’ailleurs, la Négritude est fondée en France parmi des personnages
vivants à Paris pour différentes raisons.
Dès années après, Frantz
Fanon arrive avec une nouvelle voix et critique ce mouvement amèrement, il
prêche la violence comme seule solution contre la colonisation.
« La ville
du colonisé, ou du moins la ville indigène, le village nègre […], la réserve
est un lieu mal famé, peuplé d’hommes mal famés […]. On y meurt n’importe où,
de n’importe quoi. C’est un monde sans intervalles, les hommes y sont les uns
sur les autres, les cases les unes sur les autres. La ville du colonisé est une
ville affamée, affamée de pain, de viande, de chaussures, de charbon, de
lumière. La ville du colonisé est une ville accroupie, une ville à genoux, une
ville vautrée. C’est une ville de nègres, une ville de bicots. Le regard que le
colonisé jette sur la ville du colon est un regard de luxure, un regard
d’envie. » (Fanon 2009)
La Négritude et Fanon trouvent l’appui des
intellectuels français tels que Sartre et Camus, même le philosophe de
l’Existentialisme écrit l’introduction de Fanon Les damnés de la terre dans lequel, l’auteur dresse un portrait
amer du colonisé qui doit se révolter violemment contre la colonisation.
La littérature des Caraïbes
Les premiers écrits dans
les caraïbes viennent de commerçants et de clercs, tels ceux du Père Du Tertre
Père Labat (1693-1738). Il écrit plusieurs ouvrages à propos de son expérience
dans les Caraïbes : Histoire
générale des îles Saint-Christophe (1654), de la Guadeloupe, de la Martinique et autres de l'Amérique, La Vie de Sainte Austreberte (1659) et Histoire
générale des Antilles habitées par les François (1671).
Il y a aussi d’autres
provenant des explorateurs qui parlent de leurs expériences dans cette région
exotique. Cependant, avant l’arrivée des colons, il y a les écrits des autochtones,
tels que le peuple békée, liés à leurs
croyances et à leurs traditions. Cependant, à partir de 1848, avec l’abolition
de l’esclavage, la France a mené une campagne de destruction de tout ce qui
peut préserver l’identité des autochtones.
·
Une figure de la littérature
contemporaine des Caraïbes
Gisèle Pineau, née à Paris en 1956, est une écrivaine de la
Guadalupe. Elle a passé une partie de sa vie en tant qu’infirmière puis elle a
abandonné son métier pour devenir écrivaine. Cependant, ce n’est qu’après avoir
publié de nombreux romans qu’elle devient célèbre et publie ses ouvrages dans de
grandes maisons d’édition en France. Son roman La Grande Drive des esprits gagne deux prix : le prix Carbet de la Caraïbe et
le Grand Prix des Lectrices de Elle.
Les écrits de Pineau sont d’une composante
sociohistorique, ils sont basés sur : les relations raciales, le
féminisme, le contexte diglossique qui est clair dès le titre de ce roman, elle
mélange aussi son histoire personnelle avec l’histoire de son pays.
Bien qu’elle habite en France depuis 2000 et elle est une
citoyenne française, elle est toujours à la recherche de sa vraie identité
guadeloupéenne. D’ailleurs, l’identité est une approche omniprésente dans ses
écrits.
2- La francophonie au Maghreb :
(Algérie, Tunisie, Maroc)
La relation entre la France et le Maghreb remonte au XIXe
siècle lorsque commence la colonisation. Cependant, la décolonisation de ce
territoire, en particulier celui de l’Algérie, a été des plus douloureux et
tragique après une présence française de plus d’un siècle. Nous allons nous concentrer sur la
littérature algérienne comme exemple de littérature francophone, bien que le
gouvernement algérien refuse d’être admis au sein de la Francophonie. Il est à
noter qu’Alger, la capitale algérienne, est considérée comme la deuxième ville
francophone après Paris.
·
La
littérature francophone en Algérie
La colonisation française débute en Algérie en 1830, elle prend cependant
de nombreuses années afin de dominer tout le pays et de continuer son expansion
en Afrique du Nord, en Tunisie et au Maroc.
Dès le début, la France impose en Algérie sa langue et écarte la langue
arabe, alors, la langue de Molière devient la seule langue officielle du pays.
Il y avait plusieurs tentatives afin de conserver la langue arabe par
certains arabophones et par l’Association de savants musulmans, cependant, à
cause du manque de ressources, toutes les ébauches ont échoué et le français est
resté la seule langue utilisée.
La naissance de la littérature
francophone en Algérie est datée du déclenchement de la guerre d’Indépendance. Des
écrivains algériens ont essayé de raconter l’histoire de leur pays à travers une
littérature engagée, comme Mouloud Feraoun qui a été assassiné, en 1962, par l'Organisation armée
secrète (OAS), une organisation
terroriste française.
Par ailleurs,
Kateb Yacine a écrit son roman Nedjma, l’histoire d’une vie qui est le fruit
d’un mariage entre un inconnu et une étrangère flattée par tout le monde, c’est
l’histoire de son jeune pays qu’il décrit à travers Nedjma. Quant à Ridha Malek,
il est le rédacteur en chef du journal el-Moudjahid publié en Tunisie en langue
française, mais aussi le porte-parole du Front de libération nationale (FLN). Ce journal accueille Franz Fanon, un médecin des
Caraïbes qui déserte la France pour rejoigne la Révolution algérienne et devenir
une icône internationale de la révolte contre le colonialisme grâce à ses
écritures qui prêchent la violence en tant que seule voie vers l’indépendance.
Il est important de signaler que tous les leaders de la Révolution algérienne
sont francophones tout comme les écrivains. La plume de ces derniers est au
service de leur guerre de libération, comme la famille Amrouche : Jean Amrouche
(1906-1962), sa sœur Marguerite Taos (1913-1976) et leur mère Fatma.
En 1958, quatre ans après le déclenchement de guerre de libération Jean écrit :
« Nous voulons la patrie de nos pères
la langue de nos pères
la mélodie de nos songes et de nos chants
sur nos berceaux et sur nos tombes
Nous ne voulons plus errer en exil
dans le présent sans mémoire et sans avenir. »
Par contre Kateb Yacine écrit : « Le français est notre butin de guerre. » Cette idée reste
gravée dans l’esprit de certains francophones. Toutefois, les écrivains
algériens comprennent rapidement que l’influence de la langue française est colossale
et bien plus importante que d’envoyer des armées afin de coloniser un pays,
alors Rachid Boudjedra déclare dans ce sens : « Pourquoi envoyer des troupes occuper un pays quand on peut envoyer un
satellite ».
·
Le cas d’Albert
Camus
L’écrivain célèbre Albert Camus, né en Algérie, prend position pour la
Révolution algérienne tout comme son ami Sartre qui appuie aussi les mouvements
politiques dans les autres colonies. Camus qui a écrit son roman remarquable L’Étranger, a reçu en 1957 le prix Nobel
de la littérature. Ce roman hante beaucoup d’écrivains, en particulier les Algériens,
notamment concernant un personnage que Camus nomme l’Arabe sans lui donner de
prénom, il s’agit d’un parallèle avec l’Algérie qui cherche son identité après
des décennies de colonisation. Des décennies plus tard, un jeune écrivain
algérien Kamel Daoud publie en 2014 son roman Meursault contre-enquête qui répond à Camus et donne une identité
et un prénom à l’Arabe de l’Étranger.
« …c’est l’un des livres les plus lus au monde,
mon frère aurait pu être célèbre si ton auteur avait seulement daigné lui
attribuer un prénom, H’med ou Kaddour ou Hamou, juste un prénom, bon
sang ! […] Mais non, il ne l’a pas nommé, parce que sinon mon frère aurait
posé un problème de conscience à l’assassin : on ne tue pas un homme
facilement quand il a un prénom. »
Des écrivains algériens choisissent la langue française comme seule voix
afin de s’exprimer, ils sont nombreux, tels : Mouloud Mammeri, La colline oubliée (1952) et Mohammed
Dib, La grande maison (1952), L’incendie (1954) et Le métier à tisser
(1957).
Ces écrivains marquèrent de son sceau toutes les époques et tous les genres
de la littérature algérienne depuis les années 50. Cependant, la libération du
pays reste un sujet majeur dans ce genre d’écriture. L’écrivaine algérienne
Assia Djebar, membre de l’Académie française et auteure de nombreux romans,
écrit à propos de la langue française :
« Je cohabite avec la langue française : mes
querelles, mes élans, mes soudains ou violents mutismes forment incidents d’une
ordinaire vie de ménage. [L]a langue
française, corps et voix s’installent en moi comme un orgueilleux préside,
tandis que la langue maternelle, tout en oralité, en hardes dépenaillées,
résiste et attaque, entre deux essoufflements. »
·
L’Algérie
postcoloniale : (1970-1990)
Dès l’aube de l’indépendance, de nouveaux écrivains algériens font leur entrée
sur la scène littéraire algérienne. Une littérature qui essaie de refléter la
vie d’après-guerre, deux décennies où le régime politique socialiste est dominé
par un seul parti politique le FLN. Cette atmosphère limite la liberté des
écrivains qui restent en marge de la société, bien que certains aient trouvé la
célébrité en France, ils sont écartés, voire rejetés dans leur pays où le
système n’ouvre aucune opportunité à celui qui le critique.
La
littérature contemporaine algérienne
Après 5 octobre 1988, le visage algérien prend d’autres couleurs lors de l’abolition
du régime socialiste et son remplacement par un régime capitaliste sauvage. C’est
ce qui débouche sur une violence extrême avec l’arrivée des extrémistes qui
cherchent à accéder au pouvoir à tout prix. Une guerre civile éclate, et le
moment arrive pour que de nouvelles plumes littéraires émergent afin de
raconter l’histoire contemporaine algérienne. Certains ont perdu leur vie à
cause de leur position, d’autres s’exilent en France ou ailleurs, et seule une
partie reste en Algérie afin d’être témoin de cette mutation.
Nina Bouraoui,
une écrivaine algérienne de père algérien et de mère Brotonne, décrit ses
sentiments, ses préoccupations et son pays comme elle l’imagine.
« L’Algérie, ce pays seul au monde.
Cet abandon. Cette grande solitude.
La vengeance de la France. »
[…] « Non ? Pas de touristes en
Algérie ? Ah bon ? Alors la misère doit être laide. »
· La littérature et les médias
Le livre existe depuis que l’homme a créé l’alphabet sous différents noms
comme volumen, codex et enfin livre. Cependant, celui qui l’a créé a inventé en
même temps un instrument pour contrôler les écritures dans les livres, car
selon lui, ils posent des problèmes selon les mœurs politiques ou les règles
religieuses. Cet
instrument est nommé La Censure.
·
Le péril de
l’écriture
La destruction des bibliothèques a commencé depuis le jour où l’homme les a
construites, mais nous allons parler de deux destructions importantes dans
l’histoire de l’humanité, malgré qu’il y en ait plusieurs.
L’homme cherche depuis toujours à vaincre la nature et de créer des
instruments pour affronter les obstacles qui apparaissent devant lui. Il a
d’ailleurs inventé des instruments pour sa propre destruction. C’est ainsi que
l’homme a inventé l’alphabet puis la tablette, le volumen et les codex. La
bibliothèque est apparue pour regrouper toutes les œuvres que l’homme a
réalisées. Mais, lorsqu’une guerre était déclenchée entre deux groupes tribaux
ou deux clans ou deux États, le vainqueur détruisait les bibliothèques afin de
manifester sa suprématie et apporter la preuve de la destruction du camp
adverse.
Ce fut comme une tradition parmi tous les vainqueurs depuis les
civilisations de la Mésopotamie, de la Perse antique, de l’Égypte ancienne, des
Grecs et des Romains… de détruire les bibliothèques pour ne pas laisser une
seule trace de la présence ou de la richesse des perdants. Et, avec le temps,
l’homme a trouvé une nouvelle méthode, l’usage du feu pour brûler les
bibliothèques et les livres qu’elles contenaient.
Malgré que les vainqueurs aient tout détruit afin qu’il ne reste aucune
trace de la civilisation du camp adverse, toutefois, l’histoire n’a pas été
très sévère comme l’homme, puisqu’elle nous a laissé quelques traces pour nous
indiquer où se trouvaient les premières civilisations et leurs témoignages,
comme les bibliothèques de Babylone, la bibliothèque d’Alexandrie, etc.
Malheureusement, certains vainqueurs ont détruit tout sans laisser aucune
trace. C’est le cas de la disparition du premier papyrus.
·
Lumière et
Révolution
Le siècle des Lumières contient maints changements, comme le Traité de
Westphalie en 1648 (la fin de la guerre entre catholiques et protestants), la
Révolution anglaise en 1688, la première parution de l'encyclopédie en 1751, la
Déclaration d'indépendance des États-Unis en 1776 et la Révolution française en
1789.
Avec tous ces changements en Europe et dans le Nouveau Monde, on compte
également des savants, des penseurs et des philosophes comme Montesquieu
(1689-1755), Voltaire (1694-1778), Benjamin Franklin (1706-1790), Jean-Jacques
Rousseau (1712-1778), Denis Diderot (1713-1784) , D'Alembert (1717-1783), Adam
Smith (1723-1790), Emmanuel Kant (1724-1804), Beaumarchais (1732-1799), Thomas
Jefferson (1743-1826) et Benjamin Constant (1767-1830).
Ainsi, le changement a frappé la porte de la société occidentale avec des
révolutions et l’émergence de personnes qui apportent de nouvelles idées à
propos de : l’égalité, la religion, l’économie, la communication, la
littérature et les sciences, etc.
·
Médias et
littérature
La
relation entre auteur et littérature est indissociable, bien que l’émergence de
la nouvelle technologie ait beaucoup changé cette relation dont le rapport
prend un nouveau visage depuis la première partie du XXe siècle.
En effet,
le journalisme émerge au XVIIIe siècle et la première fois ce mot entre dans le
dictionnaire :
« … au cours
du xviiie siècle
que l’appellation de journaliste en est venue à remplacer
celle de nouvelliste pour nommer qui s’emploie à recueillir,
rédiger et publier des faits d’actualité. » (Durand 2012)
Le journalisme commence à prendre sa place au cœur de la société depuis
deux siècles et avec l’émergence de la nouvelle technologie, les médias, un mot nouveau entre dans le
dictionnaire en 1920, c’est-à-dire au début du XXe siècle. Ainsi, les médias
s’imposent comme un instrument puissant qui va dominer la société, voire notre
monde.
« Le
mot média, tel qu’il est d’abord entré dans l’usage, répond à une
conception explicitement publicitaire qui non seulement raisonne en termes de
supports matériels et de véhicules d’annonces, mais se représente aussi bien
tout type de support, qu’il s’agisse d’un journal d’information, d’un
toute-boîte, d’un prospectus, d’un mur ou d’un homme-sandwich, comme un
intermédiaire entre producteur et acheteur. » (Durand 2012)
Par ailleurs, c’est après-guerre que les médias prennent une expansion
foudroyante. En effet, au premier temps, le journal était le seul support, mais
ce dernier diminue avec l’arrivée de la radio, puis du cinéma, ensuite de la
télévision. La consommation de masse est énorme et les nouveaux supports se
propagent partout dans le monde à une vitesse vertigineuse. Cette réussite
fulgurante de médias impose une nouvelle relation avec la littérature, un
rapport de force, voire de suprématie. Les médias gagnent de l’espace et la
littérature perd graduellement de sa force en cédant la place au nouvel arrivant.
Nonobstant, avant l’expansion des médias, les écrivains avaient déjà peur
du journal qui commençait à prendre de la place dans la société depuis le
XVIIIe siècle, d’ailleurs Chateaubriand envoie à son ami Juillet pour protester
contre la presse et informer son ami du danger des journaux.
« La
presse est un élément jadis ignoré, une force autrefois inconnue, introduite
maintenant dans le monde ; c’est la parole à l’état de foudre ; c’est
l’électricité sociale. Pouvez-vous faire qu’elle n’existe pas ? Plus vous
prétendrez la comprimer, plus l’explosion sera violente. Il faut donc vous
résoudre à vivre avec elle, comme vous vivez avec la machine à vapeur. Il faut
apprendre à vous en servir, en la dépouillant de son danger, soit qu’elle s’affaiblisse
peu à peu par un usage commun et domestique, soit que vous assimiliez
graduellement vos mœurs et vos lois aux principes qui régiront désormais
l’humanité. »
Les médias évoluent rapidement, la
littérature aussi change de style, des écrivains essaient d’écrire et
d’inventer un nouveau style. Cependant, les médias brûlent les étapes et
réussissent à écarter la littérature. Certains écrivains arrivent à utiliser la
nouvelle technologie et en tirent profit.
En effet, l’émergence de la nouvelle technologie, le numérique, affaiblie
énormément la littérature qui perd place au profit de médias.
·
Conclusion
Les littératures francophones sont
en voie de prendre leurs distances par rapport au centre, elles essaient d’être
indépendantes et d’avoir une identité à part entière face à Paris. Bien que les
moyens soient limités dans les pays en voie de développement, cependant, elles s’imposent
comme une littérature de périphérie. Toutefois, le rôle de médias reste
capital, la nouvelle technologie prend une place cruciale dans notre société et
la littérature est obligée de s’accoutumer et de s’accommoder à cette
technologie. Peut-être qu’elle pourra un jour profiter du numérique afin
d’envahir le monde à nouveau, qui saura ?
-
Bibliographie
·
OUVRAGES
Christiane Nadiaye, Introduction
aux littératures francophones, Les Presses de l’Université de Montréal,
Canada, Québec, 2004, 277p.
MONTESQUIEU, Charles
Louis de Secondat, De l'esprit des lois,
Flammarion, Paris, 2013. 395 p.
MEMMI, Albert, Portrait du colonisé, Portrait du
colonisateur, Gallimard, Paris, 1985, 155p.
FANON, Franz, Les damnés de la terre, La Découverte,
Paris, 2009, 311p.
CAMUS, Albert, L'étranger, Gallimard, Paris, 1942,183
p.
DAOUD, Kamel, Meursault contre-enquête, Actes Sud,
Paris, 2014.
BAEZ, Fernando, Histoire universelle de la destruction des
livres, Fayard, 2008, 527p.
CATEAUBRIAND,
François-René de, Mémoires d'outre-tombe, XXXII, 8, éd. Maurice
Levaillant et Georges Moulinier, tome 2, Gallimard, Paris, 1950, p. 393
·
SITES CONSULTÉS
Un site littéraire qui
se concentre sur la colonie française,
[http://histoirecoloniale.net] (site consulté le 25 mai 2018.) http://histoirecoloniale.net/Onesime-Reclus-inventeur-du-mot.html
Journal le monde,
[www.lemonde.fr], (site web consulté le 25 mai, 2018), https://www.lemonde.fr/livres/article/2007/03/15/des-ecrivains-plaident-pour-un-roman-en-francais-ouvert-sur-le-monde_883572_3260.html
Un site web qui
s’occupe de la littérature française, [www.francophoniedesameriques.com] (site consulté le 25 mai 2018.) http://www.francophoniedesameriques.com/la-francophonie-dans-les-ameriques/caraibes/
Un
dictionnaire littéraire, [www.toupie.org] (site consulté le 25 mai 2018.) http://www.toupie.org/Dictionnaire/Negritude.htm
OpenEdition Journals
est une plateforme de revues en sciences humaines et sociales, [journals.openedition.org], (site consulté le 25 mai 2018.),
https://journals.openedition.org/contextes/5392