©2012 par Adam Mira. Ce travail a été réalisé à l’EBSI, Université de Montréal,
![](https://lh3.googleusercontent.com/blogger_img_proxy/AEn0k_uF_IyYcbjZVqVDpET9rlcBO7JkrIoPVW9x34ab7Hi5neRJ1Hk7VZIyMKU9b3ns7pzScxOEGt-60OWE4_iXq0kmEBOZG-sr9x6Sg9YJqdSeH26rlAqIxslBcDQJfr4mjSWBuBiaKnDX2k8=s0-d)
Le livre existe depuis que l’homme
a créé l’alphabet sous différents noms comme volumen, codex et enfin livre. Cependant,
celui qui l’a crée a inventé en même temps un instrument pour contrôler les écritures dans les livres, car selon lui,
ils posent des problèmes selon des mœurs politiques ou des règles religieuses.
Cet instrument est nommé La Censure.
De nombreuses questions sont posées concernant ce terme : Qu’est ce que
signifie La Censure? Depuis quand existe-t-elle? Pourquoi l’homme l’a-t-il
créée? Est-ce que les politiciens et les clercs ont imposé La Censure et
pourquoi? La destruction des bibliothèques fait-elle partie de La Censure? Dans
quel contexte La Censure était imposée? Est-ce que pendant la guerre imposaient-ils
La Censure? De quelle façon ont-ils imposé La Censure? Et enfin, est-ce que La
Censure est toujours valable?
Pour répondre à toutes ces questions
posées, il nous faut commencer par le commencement. La Censure est un concept
qui touche notre vie quotidienne à cause de maintes règles imposées par les
hommes de la politique ou par les clercs. C'est-à-dire par les hommes du pouvoir (civil ou spirituel) durant
des siècles et des siècles. Et, pour très
bien comprendre ce concept, on consacrera cet article sur La Censure et on
expliquera son histoire. De plus, on n’oubliera pas que durant l’histoire de
l’humanité la destruction des bibliothèques était une conviction fortement présente
dès l’aube de l’histoire jusqu’à nos jours. En outre, le feu était un élément très
présent pour détruire les livres qui ne répondaient pas ou qui ne correspondaient
pas à l’idée ou au concept des régimes politiques comme les Nazis ou les
Fascistes.
Depuis son apparition sur
terre, l’homme essaye de comprendre la nature. Et durant de longues
confrontations entre les deux (la nature et l’homme), ce dernier est arrivé à
un seul concept qui signifie que l’homme a besoin d’un symbole, comme une force
absolue, afin de vaincre la nature. Ainsi, il a créé un Dieu pour chaque aspect
de la nature : le Dieu de la guerre, le Dieu de la mer, le Dieu de l’amour etc. Cependant, dès le
jour de la création de l’alphabet, l’évolution de l’homme a été très rapide. À
une époque, la règle était la loi de Hammourabi (1793-1750 av. J.-C)
« œil pour œil et dent pour dent » (1). Puis, est apparue la religion qui est devenue l’aspect le plus puissant dans
l’histoire de l’humanité et cela depuis presque cinq mille ans!
D’ailleurs, la première
religion dans le monde entier est nommée le Mandéisme, elle a été créée par Abraham vers
3000 ans avant J-C(2).
Cette religion est à la base
du Judaïsme, du Christianisme et de l’Islam. Les Mandéens croient en un seul Dieu et ont
un livre saint qui s’appelle Al-Zabour, la langue est l’Araméen et ils vivent
depuis toujours en Iraq (on compte entre 50-60 mille personnes), en Iran et en
Palestine(3).
Ils sont considérés comme
les premiers qui ont écrit l’histoire de l’humanité. Malgré qu’ils aient subi des
persécutions violentes durant des années et des années, ils restent toujours
fidèles à leurs principes. La communauté
mandéenne compte maintenant entre
cinquante mille et soixante mille personnes. Cette communauté est très renfermée,
elle n’accepte pas un nouvel adhérant à leur religion, en même temps, elle tue
qui renonce au Mandéisme! Dans ce sens, je peux dire que cette communauté est
la première qui a commencé La Censure dans la vie d’une société. Par contre, la
majorité des chercheurs n’abordent pas le sujet de cette communauté.
Nous avons commencé par
cette petite histoire justement pour expliquer
qu’il existe certaines sociétés ou certains sujets dont personne ne parle. Soit, parce qu’ils sont très loin dans
l’histoire ou peut-être parce qu’ils n’ont aucun effet important sur le cours
de l’histoire.
Après cette courte
présentation, on arrive à présenter la définition de La Censure.
Il
y a maintes définitions concernant La Censure : une politique et d’autres
religieuses etc. Selon le dictionnaire la
toupie touchant le domaine de la politique, La Censure est celui qui blâme.
« La Censure est l'examen critique des
publications, des œuvres littéraires, théâtrales ou cinématographiques que fait
réaliser un gouvernement avant d'autoriser ou de refuser leur diffusion au
public. Les critères peuvent être politiques, idéologiques ou moraux. Par
extension, La Censure est l'institution administrative chargée de réaliser cet
examen et de délivrer un visa de censure. D'une manière générale le terme
censure désigne toute limitation arbitraire ou idéologique de la liberté
d'expression par une autorité quelconque.
Dans la religion catholique, La Censure est la sanction disciplinaire
prise par l'institution religieuse à l'encontre de ses fidèles (blâme,
excommunication, torture, condamnation au bûcher) ou de leurs écrits (mise à
l'index, autodafé). Créée par l'empereur Constantin, elle se renforça considérablement
avec l'Inquisition pour lutter contre les hérésies et la sorcellerie. La mise à
l'index a été supprimée en 1962 après le Concile Vatican II.
La Censure peut prendre des formes
directes, coercitives, mais aussi indirectes, officieuses, sous forme de
pressions. Celles-ci peuvent conduire à l'autocensure qui est une censure
préventive que l'on exerce sur soi-même, par exemple par un auteur sur ses
propres œuvres.
Dans les sociétés démocratiques,
il est fréquent que les appels à La Censure d'un livre ou d'un film provoquent
un phénomène de curiosité de la part du public et constituent de ce fait une
véritable publicité qu'ils n'auraient sans doute pas eue sans ces menaces. (4)»
Dans d’autres encyclopédies on trouve
13 synonymes de La Censure comme : « blâme, condamnation,
contrôle, coupure, désapprobation, désaveu, examen, filtre, jugement,
prohibition, réprobation, reproche, veto.(5)»
On trouve également
plusieurs sens à La Censure dans d’autres définitions de l’Encyclopédie
« Le premier
sens : Examen d'une autorité décidant de ce qui peut être publié et
diffusé (livres, journaux, films...). Synonyme : examen.
Le deuxième sens :
Action de condamner quelque chose. Synonyme : blâme.
Le troisième sens :
Contrôle des désirs et refoulement de ceux-ci dans l'inconscient lorsqu'ils ne
sont pas jugés acceptables par le moi. Synonyme : réprobation. (6)et(7)»
Pare contre, le dictionnaire
de La Censure au Québec a donné une définition un peu
particulière : « la définition la plus commune da la
censeure est celle qui ressortit
à l’interdiction; elle préside au choix de la majorité. Ces
interdictions peuvent être publiques, mais l’interdit peut être privé. De plus,
de cette censure proscriptive, nous avons également tenu compte de La Censure
qui prescrit, qui oblige à dire. (8)»
En résumé, La Censure est
exercée contre la liberté de s’exprimer, de parler, de critiquer, d’écrire, de
peindre, etc. elle est, en un seul mot, un moyen de contrôler l’être humain.
« Alors Yahvé Dieu
appela Adam et lui dit : « Où êtes-vous ? » Adam lui
répondit : « J’ai entendu votre voix dans le paradis et j’ai eu
peur, parce que j’étais nu : c’est pourquoi je me suis caché. »
Dans la Genèse, il est
pourtant bien dit qu’à leur création, Adam et Ève étaient tous deux nus et
« n’en rougissaient point »… Et pourquoi auraient-ils rougi
de leurs poils pubiens plutôt que de leurs oreilles ou narines?
Par contre, les catholiques
s’imposent dans ce texte fondateur, comme la première religion de l’interdit (9).À savoir, la première Censure a commencé avec Adam et
Ève!
Par contre,
d’autres disent que l’histoire de La
Censure a commencé avec la mort de Socrate (470 à 399 av. J.-C) qui a été condamné
à boire la Ciguë pour avoir « incité les jeunes à la débauche (10)». Ou pour avoir prôné publiquement la liberté de
discussion et car il a déclaré ne pas croire au caractère divin que la cité
prêtait alors aux astres(11).
D’autres parlent de la première loi
sur La Censure imposée en Chine en 300. Mais, avec la montée de l’Église
Catholique, La Censure a pris beaucoup d’ampleur, car elle a essayé de
maintenir les gens dans la foi du Seigneur. Et depuis, La Censure a pris
plusieurs visages, elle s’est mise à toucher à presque tous les champs de la
vie qui ont un rapport avec la pensée!
La destruction des
bibliothèques a commencé depuis le jour
où l’homme les a construites, mais on va parler de deux destructions
importantes dans l’histoire de l’humanité, malgré qu’il y en ait
plusieurs.
L’homme cherche depuis
toujours à vaincre la nature et de créer des instruments pour affronter les
obstacles qui apparaissent devant lui. Il a d’ailleurs inventé des instruments
pour sa propre destruction. Et depuis, l’homme a inventé l’alphabet puis la
tablette, le volumen et les codex. La bibliothèque est apparue pour regrouper
toutes les œuvres que l’homme a réalisées. Mais, lorsqu’une guerre était déclenchée
entre deux groupes tribaux ou deux clans ou deux États, le vainqueur détruisait
les bibliothèques afin de manifester sa suprématie et apporter la preuve de la
destruction du camp adverse.
Ce fut comme une tradition
parmi tous les vainqueurs depuis les
civilisations de la Mésopotamie, de la Perse antique, de l’Égypte ancienne, des
Grecs et des Romains… de détruire les bibliothèques pour ne pas laisser une
seule trace qui montre la présence des perdants. Et avec le temps, l’homme a
trouvé une nouvelle méthode, l’usage du feu pour brûler les bibliothèques et les livres qu’elles contenaient.
Malgré que les vainqueurs
ont tout détruit afin qu’il ne reste
aucune trace de la civilisation du camp adverse, toutefois l’histoire n’a pas été
très sévère comme l’homme, puisqu’elle nous a laissé quelques traces pour nous
indiquer où se trouvaient les premières civilisations et leurs témoignages,
comme les bibliothèques de Babylone, la bibliothèque d’Alexandrie etc. Malheureusement,
certains vainqueurs ont détruit tout sans laisser aucune trace. C’est le cas
de la disparition du premier papyrus.
Dans le passage suivant,
nous allons parler de deux bibliothèques, la première sera de la bibliothèque
Pergame en Turquie actuelle et qui a totalement disparu et la
deuxième sera La maison de la sagesse en Égypte. Chaque destruction a eu lieu
pour une raison, on a choisi ces deux exemples, car ils nous montrent à quel
point les bibliothèques étaient très importantes. Même s’il y’en a
eu d’autres de la même importance, comme la bibliothèque d’Alexandrie,
mais nous avons préféré parler de l’aspect qui n’a pas eu une explication
suffisante dans l’histoire de l’homme.
L’histoire raconte
qu’il y avait une rivalité et une jalousie entre le roi Eumène (Pergame) et le
roi Ptolémée V (d’Alexandrie). Ce dernier était très fière de sa bibliothèque à Alexandrie qui était
la première de son époque. En même temps son rival Eumène rêvait de construire
une bibliothèque qui serait peut-être plus importante que celle d’Alexandrie.
Alors, Ptolémée a décidé d’interdire l’exportation du papyrus à Pergame, et
cette interdiction a été le point de départ ou le premier pas pour changement dans l’histoire : la création d’un
nouveau matériau pour les livres, il s’agit à cette époque du Codex ou Volumen.
Ainsi, le parchemin est venu remplacer le
papyrus (12).
Alors, Pergame est devenue très réputée pour sa grande
bibliothèque riche de plus de deux-cent-mille et trois-cent-mille volumen
copiés sur parchemin. De plus, le point fort de cette bibliothèque, était l’existence
d’un sens profond - voir caché - des textes. Ainsi, ce qui était véritablement
signifié ne correspondait pas nécessairement à ce qui était écrit. D’ailleurs, l’histoire raconte qu’au IIIe siècle av. J.-C.
« Antigone de Caryste travailla à la bibliothèque et en tant que
biographe et historien, il voyagea et chercha des témoignages sur les œuvres
architectoniques, les légendes et les personnages.(13)»
En revanche, la bibliothèque d’Alexandrie se contentait de
rechercher la signification superficielle des sujets.
Il est bon de rappeler que la bibliothèque de Pergame a été
fondée au IIe siècle av. J.-C. sous le règne de Roi Eumène. (14)
La bibliothèque Pergame a été détruite à cause d’opérations belliqueuses en Asie
mineure où, malheureusement, des centaines des milliers de volumen ont disparu.
On ne connait pas exactement la date de la destruction de
Pergame, mais on sait très bien que la rivalité entre les deux royaumes d’Égypte
et de Pergame n’a pas sauvé les deux bibliothèques (d’Alexandrie et de Pergame)
de la destruction.
En 1004, le Calife Al-Hakim Biamrallah a construit la bibliothèque nommée « La Maison de la
sagesse » qui est devenue une université pour enseigner le Coran (le livre
saint chez les musulmans), et l’Islam selon les préceptes chiites(14).
Le Calife Al-Hakim est un descendant
de la famille du Prophète Mahomet (comme tous les califes de l’empire
Fatimides). Il était Chiite, de confession Ismaélite. Il a dominé l’Égypte, le nord
de l’Afrique, la Sicile et la Syrie.
Cet empire a duré presque deux siècles (969 et 1171) et il a pris le nom
de l’empire Fatimide (dérivé du nom de la fille du prophète Fatima qui est
l’épouse de son cousin Ali, étant le quatrième calife après la mort de
Mahomet).
La bibliothèque « La
maison de la sagesse » contint plus d’un million et demi de livres(15).
Lorsque Saladin (1138-1193) a
pris le pouvoir en 1171, après la mort du
dernier calife chiite Al-Adid, il a décidé tout de suite d’effacer les traces
de la confession Ismaélite tout en appelant à la gloire du Calife Abbaside à Baghdâd. Les soldats et
les esclaves ont doc envahi La maison de la sagesse et ont commencé à la détruire. Ils ont enlevé les reliures en
cuir des livres pour en faire des sandales! Et, comme les chiites sont les rivaux
absolus des sunnites dont Saladin faisait partie, il devait donc éliminer
toutes les traces des chiites en Égypte, siège de l’empire Fatimide(16).
Dans ce cas, bien que la guerre
soit entre deux confessions de l’Islam, mais on voit clairement que les deux
parties étaient très dures l’une envers l’autre. D’ailleurs, dans les pages
suivantes, nous verrons comment l’Église catholique a déclenché une guerre
atroce un peu partout dans l’ancien monde et le nouveau monde afin d’éliminer les luthériens. J'ai choisi
cet exemple pour peut-être montrer que les toutes religions ont agi de la même
façon : procéder à l’élimination d’autrui.
Le pape Grégoire XI a instauré en 1231 l’Inquisition pour lutter contre
les hérésies. Il a même institué des tribunaux spéciaux pour envoyer au bûcher
les hérétiques. Selon maintes sources, pendant presque cinq siècles, l’Europe a
souffert d’une censure religieuse inimaginable, croire en Dieu et tous ses
corollaires était une obligation formelle. Elle considérait le simple doute comme un crime de
sorcellerie.
Mais, avec l’arrivée de l’imprimerie, inventée par l’allemand Gutenberg
en 1438, le monde entier a changé surtout que l’Europe avait découvert le papier avec l’arrivée des arabes en Europe (17).
Avec l’arrivée de l’imprimerie, l’Église est devenue très méfiante,
surtout avec l’émergence de Martin Luther, qui a défié l’Église catholique par
ses réformes. D’ailleurs, le pape Léon X a interdit la diffusion, la lecture ou
la citation de tous ses écrits. Le peuple, un peu partout en Europe, a brulé
les livres du « maudit » Luther. La lutte de l’Église catholique
contre Luther et le protestantisme s’est
intensifiée, Charles Quint (1500-1558), un homme fort de son époque et archiduc
d'Autriche et prince d’Espagne, a décidé de lutter fortement contre les
luthériens. En conséquence, le 14
octobre 1529, il a interdit l’impression de tous les livres non autorisés par
un corps sacerdotal. Quelques années après, en 1550, cet ordre fut réitéré et
une ordonnance condamnant à mort tous les auteurs et imprimeurs de livres
hérétiques (18).
Bien sûr, l’histoire de la lutte
contre les luthériens a continué, mais selon plusieurs sources, les écritures
de Luther étaient de plus en plus lues, malgré tous les efforts pour éliminer
la reforme de Luther.
Et ailleurs, le 19 janvier 1536, le roi de France François Ier a promis
le gibet aux responsables de toute impression clandestine de livre.
De plus, l’inquisition est arrivée au Nouveau Monde. La plus grande préoccupation des
Espagnoles étaient d’ordre religieux. Ainsi, les rois d’Espagne n’ont pas
oublié de donner de nombreux pouvoir à l’Église pour appliquer un plan de
catéchisation général auprès des indigènes.
L’Église catholique a continué d’attaquer tous ceux qui menaçaient le pouvoir
du pape. C’est le cas de l’astronome Copernic qui a publié avant sa mort, en
1543, un livre où il affirmait que la terre n’est pas qu’une simple planète et
elle qu’elle n’est pas non plus le centre de l’univers. Il contredisait par ses
dires les enseignements de l’église. Presque un demi-siècle après, en 1616, le
pape Paul V a condamné les idées de Copernic
comme contraire aux Écritures. Sept ans après la
condamnation de Copernic par le pape Paul V, l’astronome et philosophe Galilée
publia l’Essayeur où il appuya les
idées de son prédécesseur concernant la Terre. Tout de suite, l’église l’a
accusé de blasphème et il a passé sa vie dans une résidence surveillée.
Le siècle des Lumières contient maints changements, comme le Traité de Westphalie
en 1648 (la fin de la guerre entre Catholiques et Protestants), la Révolution
anglaise en 1688, la première parution de l'encyclopédie en 1751, la
Déclaration d'indépendance des États-Unis en 1776, Révolution française en 1789.
Avec tous ces changements en Europe et au nouveau monde, on compte également
des savants, des penseurs et des philosophes comme Montesquieu (1689-1755),
Voltaire (1694-1778), Benjamin Franklin (1706-1790), Jean-Jacques Rousseau (1712-1778),
Denis Diderot, D'Alembert (1717-1783), Adam Smith (1723-1790), Emmanuel Kant (1724-1804),
Beaumarchais (1732-1799), Thomas Jefferson (1743-1826) et Benjamin
Constant(1767-1830).
Ainsi, le changement a frappé la porte de la société occidentale avec des
révolutions et l’émergence de personnes qui apportent de nouvelles idées à propos de l’égalité, la religion,
l’économie, les sciences etc. Toutefois, l’église a persisté dans ses
convictions en négligeant le vent du changement qui est venu bouleverser l’ordre
établi en l’Europe et ailleurs (19).
En 1735, les Lettres Philosophiques de Voltaire sont saisies et
brûlées, ainsi que celles de l’Émile de Jean Jacques Rousseau en 1762.
Et, en 1683 en Angleterre, quelques
intellectuels de la célèbre Université d’Oxford n’étaient pas d’accord avec les
thèses de Thomas Hobbes sur l’État publiées dans deux livres intitulés De
Cive et Léviathan. Ils l’ont accusé de faire de la religion un instrument de contrôle gouvernemental
pour maintenir un État en paix. Selon eux, son livre Léviathan méritait
le feu et ils l’ont jeté en public sur un bûcher(20).
Malgré toutes ces révolutions qui ont frappé les grandes nations en
Europe, les révolutionnaires ne se sont pas arrêtés d’attaquer tous ceux qui
ont été présentés comme les ennemis de la révolution.
La Commune de Paris, a nommé le 10 août 1792 des commissaires pour
arrêter les journalistes et saisir leurs presses et pour confier aux éditeurs
des tracts révolutionnaires.
Le 29 mars 1793, une nouvelle loi française est apparue : «Quiconque
sera convaincu d’avoir imprimé des écrits qui proposent le rétablissement de la
royauté en France, ou la dissolution de la représentation nationale, sera
traduit devant le tribunal révolutionnaires et punit de mort.(21)»
Bien que les régimes politiques changent, mais La Censure reste toujours un
terme qui est imposé par les politiciens. D’ailleurs, le meilleur dessin du
XIXe est
la caricature d’André Gill qui est présenté par Wikipédia comme un caricaturiste
français. On lit : « André Gill, de son vrai nom Louis-Alexandre
Gosset de Guines, né à Paris le 17 octobre 1840 et mort à l'Asile de Charenton
à Saint-Maurice (anciennement Charenton-Saint-Maurice dans le département
actuel du Val de Marne), le 1er mai 1885, est un caricaturiste et chansonnier
français. » Gill avec sa caricature de Madame Anastasie sont devenus le
symbole de La Censure.
Madame Anastasie, André Gill,
L’Éclipse, 19 juillet 1874
« Avec ce dessin, André Gill est l’Auteur de la plus illustre
personnification de La Censure de toute l’histoire de la presse française. Avec
un vilain nez crochu et des doigts de sorcière, avec son regard mauvais flanqué
derrière ses lunettes serviles.
Son arme symbolique d’un éteignoir à bougie, symbolisant
l’obscurantisme, l’aveuglement, le rejet du progrès, tandis
Madame Anastasie, 1874, André Gill
que l’oiseau de proie est son animal de compagnie :
soit une chouette dont les basses œuvres s’exécutent la nuit, soit un rapace
diurne dont le bec acéré sectionne les journaux
et les têtes comme un sécateur.
L’archétype de La
Censure demeure Anastasie qui tient du grec son nom signifiant
« résurrection ». Un nom qui lui colle bien à sa vieille peau fripée
puisqu’elle n’a jamais cessé de renaître des ces cendres à la faveur du retour
au pouvoir de nos autocars, monarques, empereurs, collaborateurs, etc.
Anastasia est ainsi l’ennemie
désignée de la liberté. Donc, à ce que le clergé et les bigots demeurent aujourd’hui
les plus ardents soldats d’Anastasie (22).»
L’humanité a vécu durant le siècle précédent de nombreuses guerres entre
des États et d’autres civiles, mais aussi plusieurs révolutions comme la
Révolution bolchevique (russe). Certains États ont disparu ou d’autres ont été
divisés comme l’Allemagne. Cependant, la machine de la censure reste forte et
suit toutes les écrits qui peuvent menacer un régime politique ou un nouveau
système. Ainsi, La Censure a toujours été omniprésente un peu partout dans le
monde. Surtout, avec l’arrivée des nouveaux politiciens et des nouvelles idées
qui ont influencé la société occidentale, comme le Nazisme et le fascisme qui
ont la même racine qui signifie la
supériorité d’une race. Les Nazis
étaient en Allemagne et les fascistes
étaient en Italie. Et, comme
toujours, les idées extrémistes font beaucoup de victimes, mais avec eux, se
sont des millions qui ont été tués à cause d’une guerre absurde (1939-1945), et
à la fin de cette guerre le monde n’était plus comme avant.
Dans la partie ci-dessous, nous avons l’attention de parler de La Guerre
Civile en Espagne, des Nazis et des Fascistes ainsi que de la manière qu’ils
ont utilisée pour imposer La Censure dans leurs pays respectifs!
Lorsque le général espagnol Francisco Franco (1892-1975) était sur le lit
de la mort en 1975, il a entendu des bruits à l’extérieur de son résidence.
« D’où viennent ces bruits? » A-t-il demandé à son conseiller.
-Le conseiller a répondu : Général, votre peuple est venu pour vous saluer!
- Le général a
répondu : Pourquoi? Mon peuple où ira-t-il!?
Avec cet état d’esprit particulier, nous comprenons comment le général Francisco
Franco a dominé l’Espagne de 1939 jusqu'à sa mort en 1975. Il a pris le pouvoir
après une guerre civile atroce, entre les républicains et les nationalistes qui
a durée trois ans (1936-1939), et qui a ravagé tout le pays sur tous les plans politique,
culturel, économique et social.
Pendant cette guerre, Federico Garcia Lorca (1898-1936), un poète,
compositeur, peintre et pianiste a été
assassiné, car il était considéré comme membre d’un mouvement nommé Oligarchie.
On l’avait vu, cheminant entre des fusils
Par une longue rue,
Apparaître dans la compagne froide,
Encore étoile, la compagne du matin.
Ils ont tué Frédéric à l’heure où surgissait la
lumière.
N’osait le regarder en face.
Ils ont tous fermé les yeux, ils ont prié : Dieu
lui-même ne te sauverait pas!
Il est tombé mort, Frédéric
-Sang sur front et plomb aux entrailles.-
... il y a eu un crime dans Grenade!
Vous savez?
-
Pauvre Grenade!
-
Sa Grenade!...(23)
Avec ce poème touchant, le poète
espagnole Antonino Machado raconte l’histoire de l’assassinat de Lorca que le régime
de Franco a interdit toute publication de ce poète assassiné jusqu’en 1953, car
ses idées et ses poèmes menaçaient le pouvoir du Général.
Un philosophe nommé Miguel de Unamuno travaillait pour l’université de
Salamanque, il a été menacé en 1936 par le général Millan, qui a crié devant
lui : « Vive la mort! Mort aux intellectuels! Mort à
l’intelligence! » Quelques mois après, Unamuno est mort dans son domicile
seul.
La bibliothèque nationale à Madrid, la capitale de l’Espagne, a été
bombardée en 1937, et un chant de combat accompagnait les bombardements :
Les ailes
noires sont passées.
Elles ont
trouvé un autre objectif :
C’est la
bibliothèque
D’où
sortent des hommes sages…(24)
Adolf Hitler a écrit dans son
livre intitulé Mon Combat les peuples
inférieurs ne peuvent espérer
survivre qu'en se métissant avec les peuples supérieurs.»
Avec cette idée, les nazis ont commis l’Holocauste qui est le nom de
l’annihilation de juifs pendant la deuxième guerre mondiale. Cependant ils ont
commis des bibliocaustes (dérivé du mot holocauste). Les nazis ont bien commencé avant le
déclanchement de la deuxième Guerre Mondiale une Censure sévère et atroce
contre tout ce qui allait à l’encontre de leurs idées.
En 1933, des militants nazis poursuivaient les écrivains. Ils ont brûlé
les livres dans les rues après être entrés dans les librairies et qu’ils les
ont confisqués, comme les livres d’Érich Maria Remarque.
De plus, pour protéger la Nation Allemande, les instruments d’Hitler,
tels les SS, la SA, la Gestapo et le Parti national-socialiste, ont commencé à brûler
les livres sans aucune distinction. Une dame nommée Lewinsohn a reçu un
avertissement puis ils ont brûlé tous les livres de son mari qui était
communiste.
Le libraire Wolfgang Herman avait
passé des journées pour rédiger une liste noire avec les noms des écrivains
devant être interdits.
Les massacres contre les ouvrages juifs et communistes commençaient un
peu partout en Allemagne. Des étudiants de l’université de Cologne entraient
dans la bibliothèque et confisquaient tous les livres d’auteurs juifs et les
brûlaient.
En 1933, la jeunesse du Parti national-socialiste ont sorti plus d’une demi- tonne de livres et
de brochures de l’Institut Für
Sexualwissenschaft, institut de la recherche sexuelle à Berlin, fondé en 1918
par Dr Magnus Hirschfeld. Ils ont brûlé les livres de la « Honte ». On
estime qu’ils ont brûlé et ravagé plus de dix mille volumes. La scène de ce
massacre a eu lieu à coté de cathédrale de Munster.
En 1940, Le régime nazi a détruit
les livres de la culture en Allemagne. Il a déployé ses idées dans les pays qu’il
a envahis, comme les Pays-Bas. Plus de cent mille volumes ont été confisqués
par les nazis de la bibliothèque juive Rosenthaliana et les bibliothèques de la
communauté judéo-portugaise séfarade ou judéo-allemande.
En 1941, en Belgique, la
bibliothèque de l’université de Louvain a été brûlée. Et, en 1940, après onze
jours de bombardement, l’armée Allemande est entrée à Paris où elle a confisqué
723 bibliothèques abritant 1767108 livres. Entre 1940 et 1944, le musée du Jeu de Paume
est devenu le dépôt de 22000 œuvres d’art confisquées par les nazis.
De toute façon, Hitler a donné des
ordres de détruire des bibliothèques et de brûler les livres, mais, fait paradoxal,
il était un fan de livres, il aurait laissé derrière lui une bibliothèque
constituée de 16000 livres dont la
plupart ont été brûlés. Il ne reste que 3000 livres qui se trouvent maintenant
à la Bibliothèque du Congrès des États-Unis.
Benito Mussolini (1883-1945), était
un dictateur comme Hitler, il a créé le Fascisme qui ressemble au nazisme. En
1938, les partisans de Mussolini sont entrés dans une bibliothèque à Turin, qui
appartenait à la communauté juive, ils
ont confisqué tous les livres et les ont jetés dans les flammes sur la place de
Carlina. De plus, des bibliothèques à Milan, à Naples et Parme ont été bombardées
ou quelqu’un a mis le feu. Des milliers de registres, de volumen, de codex et
de livres de la dynastie d’Anjou (1266-1435) ont été brûlés. D’autres villes
ont subi la même chose, des incendies provoqués qui détruisaient les
bibliothèques et les livres.
Après cette deuxième Guerre
Mondiale, le monde est devenu différent, de nouvelles Forces, de nouvelles
valeurs et de nouvelles mentalités sont apparues, mais malgré toutes ces nouveautés
la Censure reste présente.
Dans le nouveau monde qui a
commencé depuis presque cinq siècles, le Québec émerge comme une communauté
francophone qui lutte depuis longtemps afin de rester fidèle à la langue
française et à la culture liée à cette langue. Dans une marée hostile provenant
d’une autre culture (les anglophones), le Québec a essayé de protéger sa langue
et sa culture. Et, comme tous les pays du monde, La Censure a fait partie de l’histoire
de cet État. Le premier cas de censure remonte jusqu’en 1760 où il y avait un
pamphlet contre les jésuites de l’Anticoton. Mais, à la suite de l’implantation
de l’imprimerie en 1764, l’Église a commencé à manifester sa peur de la liberté
d’expression. Mgr Jean-Jacques Lartique
a écrit à son supérieur : « Quel avantage pour la religion
si l’évêque avait un aussi puissant moyen pour former et maîtriser l’opinion
publique, et la faire tourner au profit de l’Église. (25)»
L’Église Catholique avait un
pouvoir absolu dans la société québécoise jusqu’à la fin des années soixante où
a eu lieu le déclenchement de la Révolution tranquille.
La censure était forte et les
clergés suivaient toutes les écrits et essayaient de les contrôler, mais c’est
en 1930 que censure cléricale prend son essor. L’arrivé de Maurice Duplessis
(premier ministre entre 1936-1939, puis de 1944-1959) a renforcé le
conservatisme. Puis, suite à la Deuxième Guerre mondiale, la Censure a pris de
l’ampleur dans le pays, comme en 1950,
Mgr Albert Valois et l’Action catholique ont réussi à interdire à Montréal la
commémoration du centenaire de la mort
de Balzac. De plus, L’église a multiplié les prières contre les mauvaises
lectures.
Bien que La Censure ait été présente pendant des siècles
au Québec, mais elle reste moins sévère que celle de l’Europe. Il est vrai que
l’Église catholique était omniprésente dans la société québécoise jusqu’à la
fin des années 60, mais tout a changé avec l’arrivée de la Révolution
tranquille.
Pour finir, La Censure est
présente dans notre vie quotidienne, et dans notre esprit par la religion et
les textes sacrés. Toutefois, la liberté est toujours omniprésente dans
l’esprit de l’homme et il lutte depuis toujours afin de la saisir et de
l’apprivoiser. Nombreux sont ceux qui, tous les jours, se sacrifient pour
arriver à la liberté de parole et au droit d’exprimer leur opinion sans aucune
peur ni crainte. Mais, comme il existe depuis toujours la lutte entre le mal et
le bien, la Censure va continuer son combat pour rester, en même temps que l’homme
qui va poursuivre son combat pour la liberté de l’expression!
Je finis mon article avec mon poème :
Un jour;
La laideur et la beauté marchaient au bord de la mer;
La beauté a décidé de se baigner;
La laideur aussi;
La beauté s’est déshabillée;
La laideur aussi;
Ils ont nagé jusqu’où il n’y avait rien;
La laideur a
commencé à être fatiguée;
Elle a laissé son compagnon seul entre les bras de la
mer;
Elle est arrivée à la plage;
Elle est sortie;
Elle s’est habillée;
Elle est partie;
Un bon moment après;
La beauté est sortie et a laissé la mer toute seule;
Elle a cherché ses vêtements;
Elle n’a rien trouvé à part les vêtements de la laideur;
Elle les a pris;
Elle s’est habillé puis elle est partie.
1.
Page 43, Fernando Baez, Histoire universelle de la
destruction des livres, Fayard, 2008.
4- Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité
/ Simon Claude Mimouni.
5- Essai
sur l'histoire du sabéisme : auquel on a joint un catéchisme, qui contient les
principaux dogmes de la religion des Druses / par M. le B. de Bock
8- Dictionnaire
de La Censure au Québec, Pierre Hébert, Yves Lever et Landry, maison d’édition
Fides, 2006.
9- pages
16, Jean- Michel Renault, Censure et caricatures, les images interdites et de
la combat de l’histoire de la presse en France et dans le monde. Imprimé en
Espagne, 2006.
10- Page 85-86,
Fernando Baez, Histoire universelle de la destruction des livres, Fayard, 2008
11- La même
source précédente, page 86.
12- La même
source précédente.
13- La même source précédente.
17- Pages
18-20, Jean- Michel Renault, Censure et caricatures, les images interdites et
de la combat de l’histoire de la presse en France et dans le monde. Imprimé en
Espagne, 2006.
18- Page 193-194,
Fernando Baez, Histoire universelle de la destruction des livres, Fayard, 2008.
19- Robert Netz,
Histoire de la Censure dans l’édition, 75006 Paris, 1997.
20- Jean-Pierre
Krémer et Alan Pozzuoli, Le dictionnaire de la Censure, édition Scali, Paris,
2007.
21- L.
Gabriel-Robinet, La Censure, Hachette, 1965.
22- Pages 12,
Jean- Michel Renault, Censure et caricatures, les images interdites et de la
combat de l’histoire de la presse en France et dans le monde. Imprimé en
Espagne, 2006.
23- Pages
5, Federico Garcia Lorca, Chansons gitanes et poèmes, préface par Armand
Guibert et Louis Parrot, édition Seghers, Paris, 1964.
24- Page 285-286,
Fernando Baez, Histoire universelle de la destruction des livres, Fayard, 2008.
25- Pages
15, Pierre Hébert, Yves Lever et Kenneth Landry, Dictionnaire de la Censure au
Québec, édition Fides, 2006.