lundi 21 septembre 2015

Le Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d’Abou Nidal sous la loupe !

View of firemen and a rescuers in the rue des Rosiers after the French-Jewish delicatessen restaurant Jo Goldenberg was attacked in Paris by gunmen that threw a grenade into the restaurant and shot at customers with sub-machine guns, killing six customers and injuring 22 others.
Par: Adam Mira
Le 17 juin dernier, une petite dépêche de l’Agence de presse française l’A.F.P annonce l’arrestation de Zouhair Mohamed Hassan Khalid Al-Abassi, alias «Amjad Atta», 62 ans, par la Sécurité jordanienne.
Selon les Français, Al-Abassi est le cerveau de l’attaque terroriste contre un restaurant dans le IVème arrondissement à Paris qui a couté la vie à 6 personnes et a blessé 22 autres. La dépêche fait allusion à un groupe composé de trois à cinq personnes qui a exécuté cet acte dans le restaurant de Jo Goldenberg situé dans le quartier juif du centre de Paris.  Selon cette source, Al-Abassi fait partie d’un groupe palestinien dissident de l’Organisation de libération de la Palestine l’OLP, le Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d’Abou Nidal. Cependant, depuis la publication de cette information, aucune nouvelle n’est parue dans les médias pour annoncer qu’Al-Abassi ait été relâché tout de suite après son arrestation.
Dans cet article, nous mettons sous la loupe le mouvement palestinien extrémiste le Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) connu dans les médias sous le nom d’Organisation d’Abou Nidal.
La fondation du Fatah-Conseil révolutionnaire :
En 1974, Sabri Khalil El-Banna, alias Abou Nidal, est le représentant du mouvement palestinien Fatah de Yasser Arafat à Bagdad, la capitale irakienne depuis plus de quatre ans. À cette époque, il accuse le leader palestinien d’être sorti de la ligne générale du mouvement qui déclarait depuis son existence en 1965 la libération de TOUTE la Palestine et le retour des réfugiés.
En fait, le conflit entre les deux hommes débute depuis l’affrontement de 1970 entre le Fatah et l’armée jordanienne. Cette dispute sera connue sous le nom de «Septembre noir» où le roi Hussein de Jordanie chasse le mouvement palestinien du sol jordanien et massacre des milliers de palestiniens dont la majorité est  formée de civiles.
Abou Nida diffuse sa propagande via la radio de la Révolution palestinienne à Bagdad. C’est donc sur les ondes irakiennes qu’il critique le Fatah et les décidions inappropriées de Yasser Arafat ce qui mène directement au conflit armée entre les Palestiniens et les Jordaniens.
En 1974, Arafat prononce son célèbre discours aux Nations-Unis où il dit son immortelle phrase : « Ne laissez pas la branche d’olivier tomber de ma main. » Un signe de paix en direction des israéliens.
Abou Nidal est épaulé par le régime irakien qui cherche à avoir une place dans le conflit arabo-israélien. Cependant, ce dernier se trouve isolé par la déclaration de Yasser Arafat et le déménagement du Fatah au Liban. C’est pourquoi, il utilise Abou Nidal pour rester au cœur de l’action et s’informer de tout ce qui se passe sur la scène palestinienne.
Le Conseil révolutionnaire du Fatah chasse Abou Nidal du mouvement et le Tribunal révolutionnaire aussi le condamne à mort à cause de ses tentatives d’assassiner certains membres du Fatah.
L’hostilité monte d’un cran entre les frères ennemis et Abou Nidal vise toutes les personnes qui cherchent à ouvrir à de tisser des relations avec la gauche israélienne afin de conclure un accord de paix entre l’OLP et l’état sioniste. Le 2 août 1978, un groupe d’Abou Nidal assassine dans son bureau Iz el-Din El-Kakak, le représentant de l’OLP à Paris puis Issam Sartaoui le représentant de l’OLP à Lisbonne au Portugal en 1983 et bien d’autres.
L’assassinat de plusieurs leaders palestiniens qui prêchent la paix entraine un conflit armé entre les frères ennemis au Liban et en Libye où  tombent de nombreuses victimes.
Le mouvement Fatah-Conseil révolutionnaire élargit son éventail de victimes et s’en prend à des cibles : palestiniennes, arabes et israéliennes. De plus, son champ d’action se trouve en Europe et ailleurs comme au Pakistan et en Turquie.
Abou Nidal une histoire d’un réfugié:
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Sabri Khalil el-Banna alias Abou Nidal est né en 1937 à Yaffa en Palestine d’un mariage entre un père riche palestinien et une jeune femme syrienne qui est sa deuxième épouse. Le père Khalil est mort lorsque Sabri avait huit ans et sa mère a été obligée de retourner à son pays en le laissant parmi ses frères et sœurs du premier mariage.
Sabri perd tout soutien à cause de la situation précaire de sa famille. Il ne continue pas ses études, car sa famille en fuyant la Palestine a laissé ses biens derrière elle. C’est en Cisjordanie qu’elle  trouve refuge.
Sabri déménage en Arabie Saoudite au milieu des années cinquante où il travaille comme électricien et épouse Hiam el-Biatar une femme traditionnelle palestinienne avec qui il a eu trois enfants : deux filles et un garçon.
Dans la deuxième partie des années soixante, Sabri retourne à Amman, la capitale jordanienne et devient un membre du mouvement Fatah. Il tisse une belle relation avec Abou Iyad(1), l’un des fondateurs du Fatah et le chef de la Sécurité du mouvement. La relation entre les deux devient rapidement solide, car Sabri, alias Abou Nidal, critique avec sa langue fourchue tout le monde dont Arafat lui-même. Grâce à sa critique et son dévouement au mouvement, son entreprise « Amax » à Amman est devenue le refuge des membres du mouvement.  Il obtient son premier poste comme représentant de l’OLP à Khartoum au Soudan où il ne reste que deux ans avant de présider le siège de l’OLP à Bagdad(2).
La divergence des intérêts entre Abou Nidal et les Irakiens pousse ces derniers à le chasser de leur sol. Dès  1983, il travaille avec les Syriens et ouvre son bureau à Damas et construit une base militaire au Liban. Rapidement, son groupe prend l’ampleur et devient parmi les plus puissants à Beyrouth. Il continue ses activités contre des cibles visées, mais lorsque le Fatah-Conseil révolutionnaire recrute certains leaders au cœur de l’armée syrienne, le président Hafez el-Assad chasse son mouvement du sol syrien en 1987. C’est à ce moment  qu’Abou Nidal déménage en Libye.
Au cours de l’année quatre-vingt-six, Abou  Nidal est obligé de quitter Tripoli à cause de différends avec Kadhafi.  Il gagne alors l’Égypte puis l’Irak où il sera trouvé mort en 2002 dans une situation qui reste encore mystérieuse.
Doctrine et propagande:
Dès le début de la création de son mouvement,  Abou Nidal tente de commettre des attentats en Israël, mais il n’a jamais réussi à recruter des Palestiniens vivant en Palestine sous l’occupation sioniste. Il prend donc la décision d’attaquer les Israéliens dans tous les coins du monde. C’est aussi pour lui une façon de démentir les rumeurs qui décrivent son mouvement, le Fatah-Conseil révolutionnaire, comme une branche du Mossad et de faire taire la propagande négative menée par les sympathisants du Fatah.
Les actions spectaculaires du Fatah-Conseil révolutionnaire attirent de nombreux sympathisants et le mouvement  recrute activement. Les nouvelles recrues sont soumises à des interrogatoires concernant tous les détails de leur vie personnelle, celle de leur famille, amis…Aucun détail ne doit être omis. Et, au final de la procédure d’adhésion, les nouvelles recrues doivent signer sur le document concernant leurs déclarations attestant avoir dit la vérité, dans le cas  contraire, ils y perdraient la vie.
Fatah-Conseil révolutionnaire suscite à la fois peur et admiration surtout chez certains jeunes qui voient comment des membres du mouvement sacrifient leurs vie afin d’exécuter une opération contre l’ennemi.
Par ailleurs, l’attaque contre des cibles dans des capitales européennes pousse les gouvernements européens et des États-Unis et du Canada à classer le Fatah-Conseil révolutionnaire sur la liste des mouvements terroristes.
Opérations à l’étranger :
Aux premiers temps, l’organisation d’Abou Nidal attaque certains pays du Golf arabique afin de libérer des détenus palestiniens dans leurs prisons, puis, commet des opérations pour avoir de l’argent en vue de financer ses actes. Par la ensuite, le mouvement en arrive à liquider certains palestiniens qui tissent une relation amicale avec les Israéliens afin de conclure un accord de paix. Finalement, Abou Nidal ordonne des attaques contre des cibles israéliennes.
Pour le Fatah-Conseil révolutionnaire, n’importe quelle cible juive fait mal au gouvernement israélien qui prêche comme étant le sauveur de tous les Juifs du monde. L’organisation attaque donc les synagogues, les restaurants cacher, les cafés dans les quartiers juifs etc.
L’attaque terroriste de 1982 à Paris contre le restaurant juif par le Fatah-Conseil révolutionnaire fait partie de cette idéologie. Et, le cerveau présumé de cette opération est le bras droit d’Abou Nidal pendant longtemps.  Sa place comme proche du leader palestinien n’est pas en relation avec cet acte, mais plutôt car il a épousé une nièce de la famille d’Abou Nidal. Ce dernier essaie toujours de s’entourer par des membres de sa famille en vue d’assurer sa vie.
Conclusion :   
L’arrestation d’Al-Abassi est un nouveau chapitre dans l’organisation du Fatah-Conseil révolutionnaire après la mort mystérieuse d’Abou Nidal à Bagdad en 2002. La Jordanie possède toutes les informations concernant cette organisation après avoir conclu des accords avec certains responsables du groupe qu’elle laisse vivre sans souci sur le sol jordanien.
Mais, le roi Abdallah II s’engage depuis un certain temps dans la guerre en Syrie et contre l’État islamique, il a besoin des alliés locaux qui seront capables d’exécuter des opérations derrière le front des ennemis. Dans ce cas, la publication de l’arrestation d’Al-Abassi fait partie de ce plan, surtout que l’Organisation d’Abou  Nidal n’a pas disparue.  Il est probable qu’il possède encore certains bureaux au Liban et il est très plausible qu’il ait des cellules dormantes quelque part dans le monde.
Il est vraisemblable que la publication de l’arrestation d’Al-Abassi et le refus de confirmer cette information par la sécurité jordanienne soient un signe de menace à l’encontre de cette personne qui refuserait de collaborer dans une guerre qui ne la concerne pas. Mais, son passé l’obligerait à obéir, sinon, prochainement, il se retrouverait très certainement en prison en France.  Les mois qui suivent apporteront beaucoup de surprises !                                                               A.M                                                                 
Références :
  • Salah Khalaf, Un palestinien sans Identité, un livre sorti en 1978 avec la collaboration de journaliste français Éric Rouleau.
  • Patrick Seal, Abu Nidal: A Gun for Hire, New York: Random House, c1992.

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